Ouattara-Meeting-Bouake

 (Nord-Sud Quotidien, 30 novembre – 1er décembre 2013) – C’est par une conférence de presse que le président de la République, Alassane Ouattara a mis un terme à sa visite d’Etat dans la région du Gbêkê. Nous vous proposons en intégralité les échanges entre le chef de l’Etat et les journalistes. 

«Messieurs les journalistes,

Je suis persuadé que comme moi, vous étiez au stade et à nos différents meetings où tout a été dit. Certains, sûrement, n’ont pu être là tout au long de notre séjour et nous pouvons leur dire que pour ce qui est de l’étape de Bouaké, nous y sommes arrivés le lundi, nous avons commencé avec un conseil des ministres le mardi et ensuite nous avons visité Sakassou. Le lendemain, c’était l’étape de Botro. Puis celle de Béoumi, le jour suivant et aujourd’hui (ndlr : hier), le meeting au stade de Bouaké. Cette rencontre était importante, et comme je l’ai indiqué, la région du Gbêkê est une région qui a énormément souffert de la crise militaro-politique. Mais, nous avons pensé que nous devions commencer nos tournées à l’Ouest car cette zone a énormément souffert en raison des atrocités que nous y avons connues. Il nous fallait donc commencer là-bas, pour lancer un message de réconciliation et de pardon. Et Bouaké, bien évidemment, est une étape importante et essentielle.

Nous avons dans l’ensemble parlé de l’environnement à Bouaké, de la nécessité de retrouver la cohésion, de pardonner et de se rassembler. Je pense qu’il faut se féliciter parce que les populations d’ici ont été les premières à pardonner grâce à l’implication et au rôle catalyseur qu’ont joué les chefs religieux et coutumiers qui se sont impliqués dans ce processus. Cela implique que nous devons travailler dans le but de poser des actes de développement dans un climat de paix durable pour la région et le pays. Mais nous étions venus beaucoup plus pour parler du développement de cette ville qui a tant apporté à la Côte d’Ivoire, et où le potentiel est important. Nous avons investi, comme je l’ai dit, 21 milliards à Bouaké et 6 milliards dans les autres départements, sans compter les investissements en cours ou qui vont aboutir les tout prochains mois. Je me tiens à votre disposition pour les éventuelles questions».

Questions-réponses

Partout où vous êtes passé, la mobilisation a toujours été au rendez-vous. Pour ce qui est de Bouaké, on peut parler d’exception. Si je ne m’abuse, Bouaké a battu le record en termes de mobilisation. Quel commentaire faites-vous de cela ?

C’est une question qui m’embarrasse parce que j’ai le ministre d’Etat, Ahoussou à ma droite et le secrétaire général du gouvernement, Amadou Gon à ma gauche (rires). La mobilisation a été particulièrement exceptionnelle. Bouaké étant une ville grande et importante, j’ai senti cette chaleur des populations, signe de l’affection qu’elles nous portent. Il y a aussi beaucoup d’attente. Je pense que c’est cela le plus important. Il y a aussi le fait que les populations sont dans un contexte de confiance retrouvée qu’elles ont exprimé à travers leurs porte-parole, mais j’ai eu aussi l’occasion d’échanger avec les chefs traditionnels et les chefs religieux et à chaque fois, j’ai senti un certain soulagement. J’ai la conviction que le pays est engagé sur la bonne voie. Nous avons été heureux de cette mobilisation exceptionnelle.

Lors de votre tournée, vous avez dit que lorsque les enfants d’Houphouët se retrouvent, la Côte d’Ivoire marche, et vous avez lancé un appel au renforcement de l’alliance Rhdp. Souhaitez-vous une candidature unique en Rhdp en 2015 ?

Je vous remercie pour votre question. Mais, j’ai dit tout ce que j’avais à dire là-dessus.

Partout où vous êtes passé au cours de cette visite d’Etat, vous avez exprimé votre satisfaction face au bel esprit d’équipe au sein du Rhdp mais il se trouve que l’un de vos alliés, en l’occurrence Anaky Kobena fait allusion à une certaine injustice parce que le Mfa n’est pas représenté dans le gouvernement. Il a appelé à la réparation de cette injustice. Quel commentaire pouvez-vous faire ?

En ce qui concerne les griefs d’un de nos alliés, je n’ai pas d’échos de ce que vous dites. Je rencontre fréquemment le président Anaky et il ne m’en a jamais parlé. Mais sachez que tout le monde ne peut pas être au gouvernement. Un gouvernement se compose en fonction de certains critères et on peut y être comme ne pas y être, et nous attendons que le président Anaky apporte sa contribution.

A l’issue de la crise militaro-politique de 2002 à 2010, on note 5000 agents en fonction dans les communes des ex-zones Cno qui se retrouvent avec des arriérés de salaire de 83 mois qui, selon eux, s’élèvent à 18 milliards. Ils se demandent si vous allez prendre une décision en leur faveur.

Je n’ai pas ces chiffres et je ne suis pas informé de cela. Nous allons voir avec le ministre de l’Intérieur. Hamed Bakayoko : Effectivement, Monsieur le président, nous avons discuté avec leurs représentants et les différents préfets de région afin que nous puissions trouver une solution à leur situation ; une solution qui soit tenable pour l’Etat. Mais, je ne peux pas confirmer les 83 mois d’arriérés de dette.

Depuis que vous avez entamé vos visites d’Etat, vous avez imprimé un dynamisme de développement à travers le Ppu. Mais, selon des indiscrétions, le Fmi et la Banque mondiale souhaiteraient la dissolution du Ppu. Qu’en dites-vous ?

Le Programme présidentiel d’urgence est un programme utile pour les populations. La preuve est faite. Et le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ne m’ont jamais saisi d’une telle éventualité. En tout état de cause, nous continuons avec ce programme, du moins jusqu’à la fin de ce mandat.

Hier (jeudi, Ndlr) vous avez reçu les têtes couronnées et les cadres. Ils ont exprimé plusieurs préoccupations parmi lesquelles le découpage électoral ou administratif. Je voudrais signaller que c’est ici à Bouaké que cette préoccupation a été formulée avec beaucoup plus de force. Pourquoi, selon vous, Bouaké insiste plus sur cet aspect ? Deuxième préoccupation, comment vous portez-vous, Monsieur le président, puisque ces derniers temps, on a beaucoup spéculé sur votre état de santé ?

Pour la deuxième question, je pense que vous êtes témoin. Donc, il n’y a pas de commentaire particulier à faire. Pour être en bonne santé, il faut s’aménager des plages de repos. Et quand on s’organise pour se reposer, ça ne peut qu’améliorer la santé. Mon père était centenaire, j’espère que je vais suivre ses traces. En ce qui concerne le découpage électoral, il faut plutôt poser la question à ceux qui en ont parlé. J’ai indiqué hier (jeudi, ndlr) que le ministre de l’Intérieur aura l’occasion d’expliquer comment ce découpage a été adopté par le gouvernement après des discussions. Mais voyez-vous, un découpage électoral, partout dans le monde, suscite toujours des interprétations. En France, quand le parti socialiste fait un découpage, l’Ump se plaint, quand l’Ump fait un découpage, le parti socialiste de plaint.

Pour moi, le découpage doit tenir compte de deux facteurs : la géographie, c’est-à-dire la superficie et la population. Quand j’étais Premier ministre, nous avions découpé la Côte d’Ivoire en dix régions. A cette époque, dix régions, c’était suffisant. Après, mes successeurs ont ajouté des départements. Je voudrais citer un seul exemple : la région des Savanes qui a été découpée en trois régions : le Tchologo, la Bagoué et le Poro. Toutes ces trois nouvelles entités formaient une seule région, découpée en trois aujourd’hui. La région la moins peuplée des trois, la Bagoué, à elle seule, a une population électorale supérieure à celle du Bafing. Cela veut dire que ça n’avait aucun sens dans l’ancienne dénomination d’avoir la Bagoué, le Tchologo et le Poro comme une région avec trois fois la population du Bafing. Ce sont ces corrections qui ont été apportées. Je ne veux critiquer personne. Je crois que les statisticiens peuvent entrer dans leurs ordinateurs les éléments de superficie et les éléments de populations. Ils verront que le découpage actuel est le plus objectif possible depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire. J’ai d’ailleurs demandé que le ministre de l’Intérieur puisse trouver l’opportunité d’expliquer cela en détail pour qu’on arrête des critiques qui ne sont pas fondées.

Ma préoccupation porte sur le million d’emplois que vous avez promis de créer en cinq ans. Aujourd’hui, peut-on avoir une idée du taux de réalisation de cette promesse, à savoir les secteurs d’activités concernés ? Les emplois liés à la construction des ponts et des routes font-ils partie de ces emplois créés ou à créer ?

Pour le premier point, je signale qu’au cours du conseil des ministres de mardi, le ministre de l’Emploi nous a fait une présentation. Il avait un dossier bien volumineux que nous allons adopter dans quelques semaines. Je lui ai demandé de faire une présentation à la télévision. A cette occasion, vous aurez tous les détails, vous pourrez lui poser des questions. Puisqu’il y aura des journalistes sur le plateau pour l’interroger. Et vous verrez que nous sommes totalement en phase avec nos prévisions. Il n’y aura pas du tout de difficultés pour atteindre ce chiffre que nous avons annoncé. Donc j’ai demandé que nous ayons l’évolution des emplois par secteur et par année. Par conséquent, nous serons totalement transparents et tous les chiffres seront rendus publics.

Lors de votre visite d’Etat dans le district des Savanes, vous avez rendu hommage aux jeunes qui ont pris les armes pour rétablir, selon vous, leur dignité et leur nationalité. Dans le Gbêkê, vous condamnez les atrocités à Sakassou et à Béoumi. N’êtes-vous pas, là, en train de vous faire hara-kiri ?

Voyez-vous, le rôle d’un chef d’Etat, ce n’est pas de dire telle ou telle autre chose. Son rôle, c’est de dire ce dont la nation a besoin. La nation a souffert de discriminations à un moment donné, et certains jeunes malheureusement, ont pensé que les armes étaient la voie pour sortir de cette discrimination. Ce n’était pas cela mon point de vue. Ils sont donc entrés dans un processus qui nous a débarrassés d’un tyran, et par conséquent, je ne pouvais que les féliciter. Maintenant, nous sommes à Bouaké et comme je l’ai indiqué, cette ville a souffert de ce qui est arrivé non seulement du fait des ex-Forces nouvelles mais aussi des forces favorables à l’ex-chef d’Etat. Souvenez-vous, Bouaké a été bombardée, elle a été privée d’eau et d’électricité. Je le confiais ce matin. Je suis allé à Pretoria, en Afrique du Sud pour la première rencontre avec Thabo M’Beki, au moment où il y avait la coupure d’eau et d’électricité à Bouaké. J’avais alors indiqué au président Thabo M’Beki que je n’accepterais d’entrer en négociation avec l’ex-président qu’à condition que l’eau et l’électricité soient rétablies à Bouaké. C’est donc mon rôle d’amener les Ivoiriens à se dire qu’il y a eu par le passé des choses qui ne sont pas acceptables et que nous devons à présent tourner la page, que nous devons maintenant évoluer vers une Côte d’Ivoire rassemblée et au travail.

Les étudiants nous ont rapporté ici et là, leurs difficultés surtout concernant le système Lmd, qui a du mal à fonctionner. Alors que le système se boucle en 6 mois, ils vont passer un an sans pouvoir le boucler. Il y a également certains étudiants en Algérie que nous suivons de près qui ont des difficultés avec l’ambassade de la Côte d’Ivoire dans ce pays concernant leurs conditions de vie. Monsieur le Président, êtes-vous informé de ces situations ?

Merci de nous informer. J’encourage les associations, je pense qu’il y a une association des étudiants, elles peuvent saisir leur ministre de tutelle pour les problèmes qui existeraient pour que le ministre, en premier, puisse étudier et faire des propositions au gouvernement. Ce dont j’ai entendu parler à travers mes discussions ici et là, c’était plutôt le problème du transport au niveau de l’université. Je suis content que vous ayez soulevé d’autres préoccupations. Je suis sûr que le secrétaire général de la présidence en a pris bonne note et nous allons interroger le ministre de l’Enseignement supérieur et aussi le ministre des Affaires étrangères concernant les difficultés éventuelles avec notre ambassadeur en Algérie.

Les attentes des populations sont grandes et partout où vous êtes passé, vous avez apporté des solutions. Comment comptez-vous satisfaire toutes ces populations qui vous attendent avec impatience dans les autres régions ?

Nous avons fait un programme de gouvernement. Il faut tout faire pour suivre son exécution. Pour le moment, j’ai regardé la carte. Nous avons tout de même sur les 31 régions, déjà visité 10 ou 11 régions. Il nous reste donc, à peu près vingt régions et nous continuerons. Il me reste encore deux ans. En deux ans, nous avons fait une dizaine de régions, alors que la machine n’était pas véritablement en marche. Pour le temps qui nous reste, nous pourrons faire les vingt autres régions. Il ne s’agit pas de commencer un certain nombre de choses par rapport à la visite d’Etat, mais il faut suivre l’exécution après la visite d’Etat. Le Premier ministre a d’ailleurs mis un comité en place qui est chargé de cette question et qui, trimestriellement, nous rend compte de l’évolution des engagements pris, des réalisations faites et qui nous dit s’il y a des besoins de financement additionnel. Si c’est le cas, nous essayons de les trouver afin d’être conformes à nos engagements. Pour le moment, les choses se passent assez bien.

Le Fonds d’aide aux femmes de Côte d’Ivoire fonctionne bien. D’un milliard, le fonds est passé à deux milliards. Etes-vous prêt à aller encore plus loin, vu que la demande est très forte ?

Pour le Fafci, je crois savoir que les utilisations sont bonnes. Mais ce qui est surtout réconfortant, c’est que les remboursements se font également de manière très rigoureuse. C’est ce qui permet le renouvellement des ressources. Mais, s’il y a un besoin, nous sommes prêts à faire plus. Nous ne voulons pas mobiliser des ressources s’il n’y a pas de besoins. Par ailleurs, je voudrais préciser que ce n’est pas le cabinet de la Première dame qui le fait. Ce sont plutôt des cabinets privés indépendants qui sont en contact avec les femmes qui font des demandes de crédits, qui apprécient et qui font des recommandations. L’intention de la Première dame consiste à demander à ces cabinets de travailler de sorte que beaucoup plus de femmes puissent bénéficier du Fafci. Mais, nous avons l’intention de laisser accroître les ressources du Fafci, parce que nous avons une institution internationale qui propose de nous faire un prêt sans intérêt de 5 milliards Fcfa pour le Fonds. Nous n’aurons donc pas de problèmes de ressources pour financer le programme des femmes. Mais, je pense que nous devons également trouver les moyens peut-être au niveau des mairies, pour aider les femmes à s’organiser, à développer des projets qui puissent leur permettre d’avoir des financements. Cela me paraît essentiel parce qu’en réalité, c’est un volet très important pour la réduction de la pauvreté. Nous étudions également le système brésilien qui permet d’avoir des bourses familiales pour les familles les plus défavorisées. Tout cela va ensemble avec le Fafci et j’espère que dans quelques mois, nous allons mettre en place, le système de bourse familiale qui permettra de réduire de manière très forte, l’extrême pauvreté qui existe, pas seulement dans les quartiers d’Abidjan, mais dans certaines régions du pays.

Vous avez reçu la semaine dernière les conclusions des travaux de la Cdvr. Est-ce que vous avez renouvelé le mandat de cette commission ?

Concernant la question sur la Commission dialogue, vérité et réconciliation, le rapport nous a été remis il y a une semaine. Je l’ai remis au Premier ministre. Le gouvernement doit l’examiner et nous faire un rapport. C’est à l’issue de cela que nous prendrons une décision d’arrêter le travail de la Commission ou de le proroger. Tout dépendra de l’appréciation que le gouvernement fera du contenu de ce rapport, du travail éventuel qui reste à faire ou si la Commission est la mieux adaptée pour faire ce travail. Je suis tout à fait ouvert à toutes les options.

Avez-vous eu vent de la dernière trouvaille du Fpi, se rapportant aux états généraux de la République ? Si oui, quelle suite comptez-vous réserver à cette question ?

Vous parlez de trouvaille, moi je pense que ce n’est pas très élégant comme terme (rire). Monsieur le ministre d’Etat, Jeannot Ahoussou Kouadio est chargé du dialogue avec les partis politiques. Bien évidemment, nous attendons qu’il nous remonte les informations concernant ces discussions. Le gouvernement se réunira alors pour adopter une position par rapport à cette question. Mais, en attendant, je voudrais que les uns et les autres comprennent que le monde a changé. Il est important que nous nous mettions au travail.

Et pour moi, se réunir tout le temps pour parler, n’est pas une bonne manière de gérer les affaires de l’Etat. Voyez-vous, nous avons eu tellement de forums de ceci ou de cela qui n’ont débouché sur rien. Il est vrai qu’en son temps, le président Félix Houphouët-Boigny organisait ces sortes de conférence nationale au cours desquelles étaient abordées les grandes questions d’intérêt national. Mais, il est bon de savoir qu’à cette période, la Côte d’Ivoire avait entre 4 et 6 millions d’habitants et presque tout le monde se connaissait. Aujourd’hui, les jeunes représentent les deux tiers d’une population estimée à environ 22 millions d’habitants. Et, ces jeunes sont soit frappés par le chômage soit confrontés à des difficultés dans leurs études à l’université. Dans ces conditions, moi je ne serais pas tout à fait convaincu de l’utilité de ces états généraux de la République. Et, selon la note que m’a fait parvenir le Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou, les problèmes qui sont posés et qui touchent aux questions de nationalité et de foncier, ont déjà été traitées par des accords tels que celui de Marcoussis. Je ne vois donc pas à quoi serviraient ces états généraux qu’on nous propose. Je suis très ouvert dans ma manière de faire mais, sur ces questions, j’ai ma propre idée. J’ai demandé aux ministres concernés de faire des rapports et ensemble, au gouvernement, nous feront quelle est la conduite à tenir. Si le gouvernement estime que c’est quelque chose d’utile, on verra. Sinon… moi je pense que c’est quelque chose tout simplement pour perdre du temps. Moi, je les invite à préparer les élections de 2015 qui se tiendront dans moins de deux ans. Moi, je suis préoccupé par comment rattraper le temps que nous avons perdu à cause de la crise postélectorale. Je leur dis que les élections auront bien lieu en octobre 2015 et il serait bon qu’ils se mettent au travail pour les préparer. Ce serait plus utile que de vouloir faire des états généraux. Les Ivoiriens veulent des mesures fortes, ils veulent l’amélioration de leur quotidien, ils veulent des infrastructures, la cohésion sociale, le rassemblement. Et le gouvernement est au travail pour relever ces défis. J’encourage les partis politiques à s’engager eux aussi sur cette voie. »

Je veux savoir, Monsieur le président, si votre projet de création de 12 districts est toujours d’actualité parce qu’à votre dernière rencontre avec les préfets à Abidjan, vous sembliez renoncer à cette idée ?

Les deux districts autonomes continuent de fonctionner. Donc cette question n’est pas remise en cause. Quant aux nouveaux districts, votre question est posée à point nommé. Le préfet de région qui a été le porte-parole des préfets et qui nous a indiqué qu’il avait beaucoup de problèmes est là (Aka Konin, préfet de la région du Gbêkê, ndlr). Nous avons parcouru le document qui nous a été remis. J’ai demandé au ministère de l’Intérieur d’en prendre connaissance et de revenir vers le gouvernement avec des observations. Voyez-vous, dans toutes ces décisions, il est important de nous assurer qu’elles sont conformes et cohérentes. Conformes à l’objectif de décentralisation et cohérent avec ce qui a été fait, ce qui peut participer à une efficacité de la gestion décentralisée. Je pars du principe que nous avions en réalité dix grandes régions au départ. Nous nous retrouvons maintenant avec 31 régions. Est-ce que c’est la meilleure formule ? Je ne sais pas. Nous avions pensé que le système de district permettrait de regrouper les régions qui sont à peu près semblables et qui aurait tout de même les mêmes perspectives de développement. Mais si les préfets qui sont sur le terrain et qui sont l’émanation de l’administration considèrent que cela peut poser des problèmes, nous sommes bien obligés de réexaminer cette question. Je note d’ailleurs qu’il y a un débat actuellement en France concernant la nécessité d’avoir des départements et des régions en même temps. Nous, non seulement nous avons des départements, mais nous avons des régions et nous avons également des districts. Est-ce que tout cela est nécessaire ? Je n’ai pas de position personnelle. Je demande au gouvernement d’examiner la question après avis des préfets et du ministère de l’Intérieur.

Propos recueillis à Bouaké par Marc Dossa, envoyé spécial