Notre confrère l’hebdomadaire « Jeune Afrique » nous apprend dans son numéro du 10 au 16 mai 2015 que le groupe français Accor, qui possède cinq hôtels en Côte d’Ivoire (un Sofitel (l’hôtel Ivoire), un Pullman, un Novotel et deux Ibis) va investir 24 milliards de francs cette année, pour réhabiliter ses établissements. Le Novotel, au quartier Plateau d’Abidjan a commencé à être rénové pour 7 milliards et sa capacité passera de 201 à 256 chambres. Le Pullman, lui aussi situé au Plateau, à Abidjan, sera rénové pour 14 milliards de francs et sa capacité passera de 209 à 236 chambres. Le Sofitel Ivoire, quant à lui, compte désormais plus de 429 chambres, contre 207 auparavant.
Selon notre confrère, tous ces investissements du groupe Accor seraient faits pour affronter la concurrence qui arrive à grands pas. On annonce effectivement l’arrivée du groupe Carlson qui est en train de construire un hôtel Radisson Blu de 252 chambres près de l’aéroport, le groupe Azalaï qui est lui, en train de construire un hôtel à Marcory, tandis que le groupe Telyum en construit un de 179 chambres au moins au Plateau, à côté de Pullman, et en face du Sofitel Ivoire. Le groupe Heden Hôtels and Resorts s’apprête, lui, à réhabiliter et agrandir le Golf hôtel.
Ce que je retiens de toutes ces informations est que la reprise économique dans notre pays est réelle, et tous ces groupes qui sont en train d’y investir des milliards de nos francs sont convaincus que l’avenir de notre pays est prometteur. Je trouve seulement dommage que tous ces groupes hôteliers nationaux ou internationaux n’investissent pas aussi à l’intérieur du pays. Mais on ne saurait leur jeter la pierre. Une entreprise n’investit que là où elle est sûre de pouvoir faire des profits. Cela doit donc nous interpeller sur le développement de nos régions de l’intérieur du pays. Apparemment nous avons tout concentré à Abidjan, si bien que cela ne présente aucun intérêt pour tout visiteur d’aller voir le reste de notre pays, en dehors de la bande côtière qui va d’Abidjan à Grand-Bassam jusqu’à Assinie, et éventuellement Yamoussoukro et sa basilique. Et pourtant notre pays regorge de trésors touristiques qui ne demandent qu’à être mis en valeur et montrés à nos visiteurs. On pourrait citer toute la côte du sud-ouest, la ville de Sassandra que seuls des Ivoiriens qui ignorent les bijoux qu’ils détiennent peuvent laisser dans un tel état, la région de Man avec ses montagnes, ses ponts de liane et sa cascade, le nord avec ses paysages, ses mosquées multi-centenaires, les différents parcs, etc. Sans parler des différentes cultures et manifestations culturelles qui valent le déplacement. Le défi que nous devons relever, maintenant que la croissance économique est arrivée, est de faire en sorte que notre pays ne se résume plus à Abidjan.
Il y avait des choses dans ce pays qui relevaient de l’impossible. On en parlait, certes, mais on en parlait depuis si longtemps que plus personne n’y croyait encore. Il en était ainsi de l’autoroute du nord qui irait un jour au-delà de Singrobo, du pont de Jacqueville, du troisième pont d’Abidjan, de l’autoroute de Grand-Bassam, d’un retour de la BAD à Abidjan, ce qui signifie concrètement le retour de plusieurs milliers de très hauts salaires, de la construction d’une usine de fabrication de chocolat en Côte d’Ivoire. Personne parmi nous n’avait relevé l’incongruité d’être le premier pays producteur de cacao au monde et de n’avoir aucune usine de transformation de ce produit. Nous nous complaisions dans le rôle de pays exclusivement producteur de matière première que les autres se chargeaient de transformer pour lui revendre encore plus cher. Depuis quelques jours nous savons que nous pouvons nous aussi produire du chocolat avec notre cacao, pour nos populations qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, aiment aussi cette friandise. Pourvu qu’elle soit à portée de leurs bourses. Et nous pouvons créer de l’emploi ainsi.
Ce sont là quelques exemples, quelques faits concrets, pendant que certains discutent encore du sexe des anges, d’héritage qui leur serait dû. Notre pays est au travail, il bouge, et il avance. Ceux qui ont envie de se faire une place dans le tissu économique le peuvent. C’est le plus important.
Venance Konan
Source: Facebook