Un rappel historique est utile pour contribuer à nous édifier sur le contexte qui prévaut en Côte d’Ivoire.
Après Victor Biaka Boda[1] et Ernest Boka[2] décédés dans des conditions qui portent beaucoup d’ombre, l’affaire Jean-Christophe Kragbé Gnagbé dit Opadjéré, – « le génocide dans le guébié (pays bété) » – est mieux connue car proche de nous (1970) – entre 4 000 et 6 000 morts selon les sources -. Cette affaire, à l’image des deux précédentes évoquées, est caractéristique de la violence politique qu’abritent les différentes supercheries orchestrées par les Occidentaux. En mettant les différents faits les uns à côté des autres, les uns sur les autres ou les uns avec les autres, une interrogation plus vive réapparaît quant à savoir qui du Noir et du Blanc est barbare ou violent ? Mais le sens de notre propos ici ne saurait s’accommoder d’une réduction à cette considération.
La démocratie signifie-elle qu’il faut supprimer un adversaire (populaire) pour s’emparer du pouvoir ?
Alors qu’en Occident, la compétition démocratique à la loyale, s’opère, en Afrique, les mêmes acteurs du Nord (Occidentaux) favorisent la violence politique pour installer un protégé. Parfois, celui-là n’est pas du pays à la tête duquel on l’impose si ce n’est pas que sa descendance est trouble. Pourquoi ? Pourquoi cela, alors qu’une personne qui n’est pas née sur le sol des Etats Unis ne peut pas y être président ? Le cas de la France ne déroge pas à cette pratique. En effet, même si les choses sont présentées autrement, il reste qu’elles sont régulées subrepticement pour que certaines catégories de la population n’accèdent pas à la magistrature en France.
En Côte d’Ivoire, l’article 7 de la Constitution d’alors autorisait le multipartisme : une supercherie pour identifier des opposants ?
« Tout a commencé en 1965, quand M. Goba, préfet de police en Côte-d’Ivoire, qui avait déjà frappé l’opinion publique ivoirienne avec les arrestations massives de 1963-1964 apprit par les services de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, les agitations d’un groupe d’Ivoiriens sous la houlette d’un certain Gnagbé Kragbé, étudiant qui venait de terminer une thèse sur “la politique coloniale en Côte-d’Ivoire”, que l’on peut trouver à la bibliothèque Sainte-Généviève.
Goba se rend à Paris, se fait introduire dans les milieux de l’opposition comme un baron du régime déçu du gouvernement Houphouët : à cet effet, il rencontre Gnagbé un lundi après-midi dans un café du boulevard Saint-Michel. Il discute avec lui et lui annonce le soutien des cadres nationalistes proches du régime, et que Philipe Yacé, leur porte-parole, viendra le rencontrer incessamment à Paris. Gnagbé dit alors à Goba qu’il a l’intention d’aller en Côte d’Ivoire pour y annoncer la création de son parti politique comme l’y autorise l’article 7 de la Constitution ivoirienne, initiative que Goba lui déconseille vivement compte tenu de la gravité d’un tel acte ; mais dit-il, si l’occasion se présente sur le terrain, eux, les proches du régime créeront une situation qui anéantira le gouvernement. Gnagbé, qui apprit plus tard la supercherie, se rend en Côte d’Ivoire en 1967 et dépose au Ministère de l’Intérieur les statuts de son parti politique et commence sur le champ, avec des amis, des distributions de tracts dans les quartiers populaires, annonçant la création d’un parti politique dénommé le “Pana” (Parti Nationaliste).
Au début, on ne le prend pas au sérieux à Abidjan, mais quand les hommes du P.D.C.I s’aperçoivent de l’engouement populaire pour les discours du leader du Pana, ils se saisissent de lui et l’enferment d’abord à la prison d’Abidjan (Plateau), où il reçoit la visite de Yacé, envoyé par Houphouët en négociateur: négociations au cours desquelles Gnagbé refuse les propositions de ce dernier, qui concernaient son intégration au P.D.C.I par une nomination ministérielle !
Le mardi 19 décembre 1967, de 11 heures à 16 heures, le P.D.C.I convoque en une séance élargie à tous les “cadres de la nation”, une assemblée générale, pour statuer sur le cas Gnagbé: à la suite des délibérations, les responsables politiques du P.D.C.I concluent que Gnagbé est “bon pour un asile d’aliénés aux mains de quelques spécialistes en psychiatrie”. (Voir l’éditorial de Laurent Dona Fologo du Fraternité Matin du 22/12/1967). Gnagbé est enfermé à Bingerville (hôpital psychiatrique).
Gnagbé est marié à une Française qui s’inquiète auprès des autorités Françaises des conditions de détention de son époux. Le Chargé des affaires africaines, M. René Journiac, fait pression alors auprès des autorités ivoiriennes et répond à Mme Gnagbé dans une lettre du 12/12/1968 que son mari a été libéré. Gnagbé, dans une lettre au gouvernement français datée du 10/03/1969, informe le Général De Gaulle qu’il a été remis en liberté le 20/11/1969, avec la promesse qu’il sera désormais en sécurité en Côte d’Ivoire, mais que, trois mois plus tard, le 24/02/1969 au matin, les policiers de la sécurité nationale, les gendarmes de la brigade de Gagnoa ont envahi Gaba, le village où il se reposait, qui fut mis à sac. Que pour éviter des complications, il a demandé aux villageois de gagner la forêt. A son arrivée en Côte d’Ivoire, le 27/11/1967, poursuit-il, il a déposé entre les mains du Président Houphouët, les statuts du parti nationaliste éburnéen (Pana). Selon l’article 7 de la Constitution de la Côte-d’Ivoire (3/1/1960) qui autorise la création des partis.
Le Président Houphouët avait donné son accord de principe, dit-il, dix jours plus tard, le 7/12/1967, la police l’a arrêté et il a été interné à la prison civile le 9/12/1967, et qu’actuellement, il dort en forêt, pourchassé par la police depuis le 24/02/1969, sans linge, sans abri et sans repas; et que seul l’intervention du Président Français peut lui apporter la tranquillité et la sécurité ; et pour clore, il ajoute :” Je m’étonne que le Président Houphouët que nous admirons pour sa prise de position contre le génocide Biafrais, prépare le lit à un homicide d’une horreur ineffable”.
Les pressions qui s’ensuivirent obligeront le gouvernement ivoirien à un début de prise de contact avec Gnagbé. Le préfet de Gagnoa à l’époque, Léon Konan Koffi, dans une lettre confidentielle datée du 4/04/1969, confirme une fois de plus, la garantie de sécurité de Gnagbé en plus de sa liberté, et s’étonne que ce dernier n’est pas encore donné suite à ses précédents courriers, précisant d’autre part que le Chef de l’Etat lui accorde son pardon quant à son passé, et lui ouvre les portes de son adhésion au P.D.C.I;et pour finir, le préfet souligne: “Je ne saurai insister sur le fait que M. le Ministre tient à vous rencontrer le plus tôt qu’il sera possible afin d’examiner avec vous la question de votre emploi et apporter une solution aux difficultés matérielles soulevées par votre situation présente.”
A partir de ce moment, la situation devient assez tendue. Gnagbé outré par le refus du P.D.C.I de reconnaître son parti, lance un appel à la Côte d’Ivoire profonde intitulé : appel aux tribus d’Eburnie.
” Abbeys, Abidjis, Abourés, Abrons, Adjoukrous, Agnis, Allandians, Appolos, Attiés, Baoulés, Bakoués, Bétés, Briands, Didas, Guébiés, Gnabouas, Guérés, Godiés, Gbodoukés, Gouros, Gagous, Kognouas (Fresco), Korobou, Kroumen, Kodias, Lobis, M’Gbattos, Malinkés, Néyos, Sénoufos, Wobés, Yacoubas, Gbesses…”
A la suite de cet appel, un certain nombre d’Ivoiriens venant de régions diverses se dirigent sur Gagnoa: que Gnagbé, après une région avec les divers intellectuels qui l’avaient rejoint, forme au début de l’année 1970, un gouvernement provisoire de la République d’Eburnie. Dans la foulée, le gouvernement provisoire sort le Manifeste du parti nationaliste: on peut y lire: ” Le stade des complots est dépassé, l’heure de la lutte politique publique a sonné afin que chaque citoyen opte pour une politique conforme à ses opinions…”
Pour finir, il propose la réforme complète des forces armées et de sécurité ; la promotion des valeurs et des capacités au lieu de la promotion ethnique, et il exige des représentants du peuple élus par région et non pas nommés.
Une liste est formée pour les candidatures aux élections, car cette année 1970 était une année électorale.
L’affrontement se prépare; au cours du séminaire de Yamoussoukro organisé par le P.D.C.I en octobre de la même année, le bureau politique dresse la liste nominative des cents députés représentant les diverses régions de la Côte-d’Ivoire et annonce à la fin qu’il mettra un point final aux menées subversives.
Gnagbé et le gouvernement provisoire sortent un tract dans lequel on lit: ” Qu’une élection nécessite des candidatures et que, constitutionnellement le gouvernement en place est démissionnaire jusqu’à ce que le renouvellement de son mandat soit confirmé par l’électorat; et que si Houphouët est l’ami de la France, il faut qu’il applique la démocratie à la Française où les partis ont le droit de discuter le pouvoir.”
Au lendemain du séminaire du P.D.C.I. quand Gnagbé et ses partisans informent les populations, c’est l’indignation générale. Au siège du gouvernement provisoire, on décide d’envoyer auprès des autorités du P.D.C.I. une délégation pour demander des éclaircissements. Une vingtaine de notables, dont le Chef traditionnel de Gagnoa allèrent demander une audience au préfet Léon Konan Koffi pour plus de précisions.
M. Léon Konan Koffi donna rendez-vous aux notables pour le 26 octobre 1970 à 9 heures à la préfecture. Dans la nuit du 25 octobre, des rumeurs circulent que la population se prépare au soulèvement: rumeurs justifiées par M. Dépri Domauraud secrétaire général du P.D.C.I. à Gagnoa, qui vient voir le préfet Léon Konan Koffi et lui intime de dire la vérité à la population, car lui, enfant du terroir, connaît très bien la mentalité du peuple Bété qui n’hésite pas à la révolte quand il se sent trompé.
Le lendemain une délégation de notables se rend comme prévu au rendez-vous de Léon Konan Koffi et apprend avec stupeur que le préfet est sous la protection des gendarmes, stationnés à la gendarmerie de Gagnoa; la délégation prend donc le chemin de la gendarmerie; et là un gendarme armé dit à la délégation que le préfet ne veut recevoir personne; conseille à la délégation de déguerpir. Comme le porte-parole insiste, le gendarme fait feu simultanément avec les deux pistolets qu’il tenait dans ses mains. Treize hommes sont atteints et tombent. Il est 10 heures 15. Le gendarme déclare par la suite que l’ordre avait été donné par le préfet de tirer sur quiconque tenterait de pénétrer dans l’enceinte de la gendarmerie, car la démarche de la délégation était considérée comme une marche de protestation contre le gouvernement du P.D.C.I.
Le même soir, les différentes communautés de la région sont en effervescence. Une grande partie de ces communautés, dont celles du leader Gnagbé, se mettent en marche sur la ville de Gagnoa où, déjà, les affrontements avaient fait plusieurs morts; on fait appel à l’armée. Le colonel Koffi Sam qui commande le bataillon de Daloa, à une centaine de kilomètres de Gagnoa, mais Houphouët le juge trop “philosophique”: il épousera certainement la cause des insurgés. On fait donc appel au colonel Oulaï qui envoie des troupes de Bouaké, tandis que l’armée française du quatrième R.I.A.O.M. de Port-Bouët est en alerte: la descente se fait en quelques heures. Vers une heure du matin, l’armée occupe Gagnoa. Pendant ce temps, à Abidjan, rien ne filtre. L’insouciance règne. Et à deux cents kilomètres de là se prépare une tuerie sans précédent. Dès son arrivée, le colonel Oulaï ordonne de tirer. Les populations traquées se battent avec de vieux fusils de chasse et des flèches. Soudain, coup de théâtre: l’armée se divise; des soldats s’insurgent et prennent le parti des gens de Gagnoa. De brefs combats ont lieu: bilan cinq tués; puis l’émeute gagne l’intérieur de la région, la résistance s’étend. Oulaï demande des renforts; deux cents parachutistes français du troisième R.I.A.O.M. de Dakar coupent les routes sur les frontières de la Guinée-Conakry et aussi du Libéria qui pouvaient prêter main forte aux insurgés, ainsi que celle d’Abidjan, Bouaflé et Daloa car les populations de ces localités manifestent leur solidarité avec leurs frères. La gendarmerie nationale vient en renfort avec à sa tête le colonel Ouasséna Koné au sein de laquelle un certain Bakayoko, gendarme de son état, prit soin d’achever tous les blessés du côté des insurgés admis à l’hôpital de Gagnoa. Pendant deux semaines, des Ivoiriens seront massacrés: enfants, femmes, vieillards. Une violence extrême touche l’un après l’autre Grand-Lahou, Sassandra, Daloa, Guibéroua, Ouragahio, Soubré, Oumé : en tout, plus de 6000 morts (4000 d’après Houphouët lui-même) dont 23 militaires, 2 sous-officiers français. Cinq villages de plus de 50 habitants ont été brûlés puis rasés. Ce sont les villages de Kapatro, Gagnoa, Barouyo, Apridougnoa, Tchedjro-Babré et Gaba le village du leader des insurgés. Après le massacre, le ratissage et la pacification: 5 fosses communes furent creusées à la lisière chaque village. Les services des travaux publics envoyèrent des caterpillars entre le 28 octobre et le 4 novembre. On commença à enterrer les corps en décomposition. Mais qu’est devenu Gnangbé ? Au cours des événements, il a été arrêté, ligoté, embarqué dans un camion et exhibé dans toute la région de Gagnoa. Dans chaque village, les chefs militaires, Oulaï et Gaston Ouasséna invitaient la population à lui cracher dessus, à le maudire pour avoir provoqué la guerre dans cette région, après quoi, Ouasséna dit avoir reçu l’ordre de conduire Gnangbé à la prison de Dimbokro. En chemin, il lui tire une balle dans la tête (selon des témoins directs) entre Toumodi et Dimbokro. A la suite de cela, il fut nommé général de la gendarmerie nationale et ministre de la sécurité intérieure. Nul ne revit jamais Gnagbé ![3] »
Le 30 avril 1990 : Laurent Gbagbo, leader de l’opposition politique de gauche arrache le multipartisme à Félix Houphouët Boigny.
Le 7 décembre 1993, le président Houphouët décède et Henri Konan Bédié lui succède devant le refus d’Alassane Ouattara de respecter la Constitution ivoirienne. Ouattara s’illustre pour la première fois dans son hostilité à respecter les lois républicaines.
Le 24 décembre 1999, suite à des scandales de détournement de deniers (notamment une aide de 17 milliards de f cfa de l’union européenne) et une gouvernance très impopulaire, l’armée renverse le gouvernement de Konan Bédié et le Général Robert Guéi prend le pouvoir.
Le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo accède à la magistrature suprême en remportant les élections face à Robert Guéi qui refuse d’abord sa défaite avant de céder devant la pression de la rue.
Le 19 septembre 2002, une rébellion dont nous savons aujourd’hui le commanditaire tente de renverser le pouvoir de Laurent Gbagbo. Sous Lionel Jospin, la Françafrique tempère ses ardeurs. Mais lorsque tout le pouvoir revient à la droite, (Chirac président avec un gouvernement de droite) les velléités de combattre Laurent Gbagbo s’affirment davantage. Laurent Gbagbo fit en vain de nombreuses concessions pour donner la chance à une sortie de crise par le dialogue.
Le 11 avril 2011, suite à un processus d’instrumentalisation de l’ONU, Nicolas Sarkozy renverse Laurent Gbagbo pour placer son ami Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire.
Le 29 novembre 2011, puisque l’aura populaire de Laurent Gbagbo est incontestable, après 7 mois de détention dans un goulag à Korhogo, il est déporté à La Haye pour connaître l’ostracisme.
La réalité rattrape la France coloniale. Gbagbo devient beaucoup plus populaire que ses détracteurs ne l’imaginaient. Au fur et à mesure que les faits s’égrènent, Gbagbo est hissé au rang d’une icône africaine pour le combat de la liberté et de la dignité. Des preuves sont fabriquées pour charger Laurent Gbagbo à la CPI. Mais là encore, les faits dénoncent la vacuité du dossier.
On disait qu’il bloquait la progression de l’enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. Trois ans après l’éviction de Gbagbo, l’enquête est toujours au point mort. Au stade actuel de l’évolution des choses, on peut légitimement se demander à qui profite cette disparition ?
Par ailleurs, le caractère du pouvoir d’Abidjan, incarné par un homme qui ne respecte aucune règle (lois, Constitution et donc droits de l’homme) est la manifestation d’une gouvernance que l’Occident veut en Afrique. A cause d’un banal désaccord électoral entre candidats, la françafrique soutient un cannibalisme et un génocide silencieux des Ivoiriens (entre 3000 et 10 000 morts selon les sources).
Des êtres humains ont été assassinés parfois de façon atroce ; certains découpés à la machette et ils se trouvent des intellectuels et élites en France pour soutenir qu’il s’agit de rétablir la démocratie. Mais de quelle démocratie parle-t-on ? Depuis quand en ce XXIe siècle un problème démocratique – et ce n’est pas cela qui manque en France –, est résolu par la guerre ?
La nervosité des gouvernants français et de leurs alliés à l’ONU montre que la françafrique n’a plus de beaux jours devant elle. La françafrique manifesterait ses derniers soubresauts. Cela appelle naturellement une détermination et une grande contribution des combattants de la liberté et des intéressés africains eux-mêmes.
Le changement des générations impulsera nécessairement un autre type de rapport entre l’Occident et l’Afrique. D’ailleurs, une dépréciation de la France commence malheureusement à se faire sentir en Afrique, parce que les populations découvrent les effets néfastes de barbouzeries masquées durant de très longues décennies.
Dans l’affaire « Laurent Gbagbo c le procureur » qui bloque le processus de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, les commanditaires veulent gagner du temps, en biaisant les données : puisqu’absence de preuves, le dilatoire prend le dessus.
Le 23 mars 2014, Charles Blé Goudé, leader d’une jeunesse africaine, d’une autre génération, comme on en a en France et partout en Occident, – qui revendique une évolution de la politique impérialiste en Afrique -, est déporté à La Haye. Derrière cette supercherie, le « chiffon rouge » d’un transfert de Simone Gbagbo est agité.
L’Occident doit accepter de participer à la confection d’un nouveau paradigme au lieu de s’évertuer à ruser avec des évidences
On aura bien compris, une audience de confirmation des charges pour Blé Goudé en août pendant qu’une autre attend Laurent Gbagbo en juin. Tout cela est pour meubler le temps pour que Ouattara termine, comme il a commencé, calamiteusement son mandat. L’on espère le faire réélire ou à défaut lui substituer un clone.
Le jeu de rôles Ouattara-ONU(CPI)-France-USA (?) traduit un jeu de balle de ping pong qui rebondit alternativement, au gré des contingences pour nous divertir. On peut donc se demander, lorsqu’on fait une analyse objective de la politique ivoirienne, qui de Ouattara et de Gbagbo est dictateur ? Evidemment, ceux qui sont aptes à faire des analyses pourront y répondre !
A notre sens, Laurent Gbagbo n’est pas un homme violent. Il n’a jamais prôné l’insurrection quand il était dans l’opposition. Sous Gbagbo, il y avait la liberté de réunion et de circulation ; il usait toujours des règles républicaines pour gagner ses revendications. Pour que le pays retrouve la paix, il a opposé le dialogue aux procédés violents et aux facilités assassines de ses opposants ; il a promu le financement public des partis politiques ; … Il faudra comparer cette praxis politique à la gouvernance actuelle pour identifier qui est dictateur ou démocrate. Les mots « dictateur » ou « démocrate » ne sauraient être des slogans. Il s’agit de l’affirmation de faits qui s’inscrivent dans le vécu quotidien des populations.
La réalité est que les donneurs de leçons qui habillent le manteau humaniste, en transportant à l’occasion des sacs de riz, sont en train de nous distraire. Car ils ne conçoivent pas qu’on puisse parler de l’intérêt du peuple en Afrique. En fait, sous Ouattara, on peut venir chercher sa valise à volonté.
A la lumière de ce qui précède, il faut retenir que Laurent et Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et les autres prisonniers politiques sont privés de liberté non pour l’expression du droit et, un besoin de justice mais plutôt pour empêcher la manifestation de la démocratie en Côte d’Ivoire.
[1] Victor Biaka Boda, né le 25 février 1913, était un homme politique de Côte d’Ivoire, sénateur du PDCI-RDA élu en 1948, et décédé en 1950 à Bouaflé. Sa mort reste inexpliquée ;
[2] Ernest Boka est un homme politique ivoirien, décédé en 1964 dans des conditions tragiques non clarifiées. Diplômé en droit latin, docteur en Droit et avocat, il a été Chef de cabinet du gouverneur général de Côte d’Ivoire en 1957, ministre de l’Éducation nationale en 1958, ministre de la Fonction publique en 1959. En 1960, il est nommé président de la Cour suprême de la Côte d’Ivoire, en fonction dès 1961. Boka a été chef de la délégation ivoirienne à l’ONU en 1960.
[3 L’affaire Kragbé Gnagbé ; Gadji Dagbo Joseph ;