« Les reggaemen ivoiriens sont des analphabètes », aurait dit Tiburce Koffi. Et la phrase avait créé un buzz dans le milieu de la culture ivoirienne. L’écrivain avait même subi des rafales de propos irréverencieux.
Un ami mien avait sollicité mon avis sur la question. J’ai refusé d’en dire un mot. Je lui ai répondu que toute phrase n’a de sens que dans son contexte. Isolée, elle peut prêter à confusion et donner lieu à des réactions inappropriées. Or je ne savais rien du contexte…
Pour avoir le cœur net, j’ai pris le soin de joindre le mis en cause (Tiburce) au téléphone. Et ce qu’il m’a dit est édifiant. Lors d’une conférence à l’Insaac, m’a-t-il repondu, portant sur l’œuvre musicale de Djédjé, il a affirmé que les reggaemen ivoiriens étaient analphabètes en musique (je dis bien EN MUSIQUE). Le mot « analphabète » associé à « en musique » dans ce contexte signifie : « celui qui ne sait pas lire une partition musicale ».
Selon lui, les reggaemen Ivoiriens n’ont pas eu à apprendre la musique à l’Insaac ou dans une école ou un conservatoire spécialisé avant de faire du reggae. Cette musique étant une musique populaire, née dans le ghetto, de talentueux chanteurs la pratiquent, sans avoir eu besoin d’’étudier le solfège. Le mot « analphabètes » ne veut donc pas dire ici que les reggaemen ivoiriens sont illettrés. Que non ! De même, on peut être un analphabète en football, en art pictural, en réalisation cinématographique, en informatique etc.
Selon lui, Alpha Blondy qui est la star mondiale actuelle du reggae est un homme très cultivé qui est loin d’être un illettré. Mais il n’a pas eu besoin d’apprendre à lire et à écrire une partition de musique avant de se lancer dans le reggae. Le jazz, contrairement au reggae, a-t-il poursuivi nécessite une initiation, une formation dans une école de musique.
En bref, il faut connaitre le contexte dans lequel Tiburce Koffi a tenu ces propos avant de le guillotiner.
ETTY Macaire