GENEVA, Suisse, 26 février 2019/ — La Conférence du désarmement a poursuivi, cet après-midi, le débat de haut niveau qu’elle a entamé lundi 25 février et qui doit se terminer demain matin. Elle a entendu à cette occasion des déclarations des Ministres des affaires étrangères de la Pologne, de la Belgique, de l’Égypte, de la Malaisie et de l’Iraq, du Vice-Ministre aux relations et à la coopération internationales de l’Afrique du Sud, du Vice-Ministre aux affaires étrangères de la Norvège, ainsi que du Représentant permanent de Sri Lanka auprès des Nations Unies à Genève.
Le Ministre des affaires étrangères de la Pologne, M. Jacek Czaputowicz, a notamment rappelé que son pays avait été l’hôte, il y a peu, d’une conférence ministérielle consacrée à la promotion de la paix et de la sécurité au Moyen Orient, afin de définir une vision positive pour cette région. Il est dans l’intérêt de la communauté internationale d’aider les partenaires au Moyen Orient à stabiliser la situation sur le terrain et d’entrer dans une nouvelle ère de prospérité et de coopération.
Le Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et des affaires européennes et Ministre de la défense de la Belgique, M. Didier Reynders, a insisté sur la nécessité de renouer avec les points forts du contrôle de l’armement, à savoir sa capacité à sauver des vies humaines, grâce aux conventions qui bannissent les armes inhumaines comme les mines antipersonnel ou les armes à sous-munition, et sa capacité de promouvoir la confiance entre les États.
Le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte a regretté que certains États persistent à saper tout effort international en vue d’interdire les armes nucléaires, par exemple en boycottant les négociations qui ont eu lieu sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. M. Sameh Hassan Shoukry a souligné à ce propos que les progrès vers le désarmement nucléaire étaient un facteur clef de l’avènement d’un environnement moins dangereux et d’une situation internationale plus stable.
Le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie a déclaré que, pour son pays, l’élimination totale des armes nucléaires est la seule solution à même de prévenir leur utilisation ou la menace de leur utilisation. M. Dato’ Saifuddin Abdullah a plaidé pour le respect des engagements pris au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en particulier au regard de l’Article VI.
M. Mohamed Ali Al-Hakim, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a plaidé pour la ratification universelle des instruments internationaux de désarmement et pour l’octroi de garanties de sécurité aux États qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire. Le ministre a recommandé de poursuivre les efforts au sein de la Conférence, et a recommandé qu’une volonté politique s’exprime pour l’adoption d’un programme de travail axé sur le désarmement nucléaire.
Le Vice-Ministre des relations et de la coopération internationales de l’Afrique du Sud, M. Luwellyn Landers, a souligné pour sa part que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires était une étape dans l’évolution vers le régime dont il faudrait disposer pour parvenir à un monde durablement débarrassé des armes nucléaires, conformément au principe de «l’interdiction avant l’élimination».
Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Audun Halvorsen, a déclaré que le vingtième anniversaire de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel était une excellente occasion de mettre en évidence ce qu’il est possible d’accomplir au moyen des négociations multilatérales.
Sri Lanka, par la voix de son Représentant permanent à Genève, M. Aliyar Lebbe Abdul Azeez, a recommandé que les besoins criants en matière de formation aux questions de désarmement soient remplis et que la perspective de genre soit intégrée aux travaux sur le désarmement et la non-prolifération.
À l’occasion de la séance de demain matin marquant la fin de son débat de haut niveau, la Conférence du désarmement doit entendre, à partir de 10 heures, des dignitaires des pays suivants : Japon, Chypre, Cuba, Bulgarie, Myanmar, Roumanie, Fédération de Russie, Indonésie et Venezuela.
Débat de haut niveauM. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a souligné que la pertinence de la Conférence dépendait de sa capacité à remplir son mandat et a regretté à cet égard le manque de progrès dans le désarmement. Le Ministre a insisté sur la nécessité d’entamer des négociations afin d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les générations actuelles et à venir. Dans ce contexte, le Ministre a dit que son pays accordait la priorité à l’ouverture de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, estimant qu’un tel instrument permettrait non seulement de renforcer la non-prolifération en préalable à un désarmement complet, mais aussi d’éviter que des acteurs non étatiques aient accès à des matières fissiles.
Mais les négociations ne sont qu’un aspect de l’ensemble des activités qu’il importe de mener, a ajouté le Ministre. Il a insisté sur l’importance que son pays, membre non permanent du Conseil de sécurité, accorde à la stabilité régionale, en particulier en Europe centrale et orientale. La violation du Mémorandum de Budapest (concernant l’Ukraine), les menaces de recours à l’arme nucléaire et le déploiement de vecteurs à double usage aux frontières de la Pologne ont dégradé l’environnement sécuritaire, a souligné le Ministre.
M. Czaputowicz a également rappelé que son pays avait été l’hôte, il y a peu, d’une conférence ministérielle consacrée à la promotion de la paix et de la sécurité au Moyen Orient, afin de définir une vision positive pour cette région. Il est dans l’intérêt de la communauté internationale d’aider les partenaires au Moyen Orient à stabiliser la situation sur le terrain et d’entrer dans une nouvelle ère de prospérité et de coopération, a dit le Ministre. M. Czaputowicz a conclu son intervention en réaffirmant que les Nations Unies constituent l’élément le plus précieux des relations internationales.
M. DIDIER REYNDERS, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et des affaires européennes et Ministre de la défense de la Belgique, a insisté sur la nécessité de renouer avec les points forts du contrôle de l’armement. D’abord, avec sa capacité à sauver des vies humaines, grâce aux conventions qui bannissent les armes inhumaines comme les mines antipersonnel ou les armes à sous-munition, grâce également aux arrangements qui combattent le trafic illicite d’armes et préviennent leur détournement. Ensuite, avec la capacité qu’a le contrôle de l’armement de promouvoir la confiance entre les États. C’est pour cette raison que le traité «New START», qui constitue la seule restriction existante sur le déploiement d’armes nucléaires stratégiques, doit être conservé et prolongé après 2021. Le Ministre a relevé à ce propos qu’il y a, à l’heure actuelle, moins de contacts entre les deux superpuissances nucléaires que pendant la guerre froide.
M. Reynders a relevé, d’autre part, que l’adhésion de la République populaire démocratique de Corée au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires doit faire partie de la solution visant la dénucléarisation de ce pays. Un mouvement positif des autres États de l’Annexe II vers l’adhésion au traité reste aussi de mise, a ajouté le Ministre. M. Reynders a aussi mis en garde contre la disparition du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), qui aurait des conséquences graves pour le système mondial de contrôle des armements et laisserait un vide dangereux.
Enfin, M. Reynders a insisté sur l’importance de mieux armer l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques face à la violation de la norme interdisant les armes chimiques et de fournir à son secrétariat les outils les plus performants en matière d’analyse et de renforcement capacitaire: il a annoncé que son pays avait octroyé un don de deux millions d’euros pour la construction d’un nouveau laboratoire aux Pays-Bas.
M. SAMEH HASSAN SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a notamment relevé que la question de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen Orient avait été progressivement, et justement, intégrée au rang des grands enjeux des conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, au point que les progrès dans ce domaine sont devenus des indicateurs du succès de ces conférences. Le ministre a regretté qu’un petit nombre d’États aient entravé, pendant la Conférence d’examen de 2011, les efforts accomplis en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires, notamment la convocation d’une Conférence sur le Moyen-Orient en 2012. Rappelant que les Conférences d’examen en 1995, 2000 et 2010 avaient appelé Israël à placer ses armes sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique, M. Shoukry a souligné que c’est dans ce contexte que le Groupe arabe a soumis une résolution à l’Assemblée générale priant le Secrétaire général de convoquer une conférence en 2019 en vue de créer la zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
D’autre part, M. Shoukry a regretté que certains États persistent à saper tout effort international en vue d’interdire les armes nucléaires, par exemple en boycottant les négociations qui ont eu lieu sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (2017), ce qui oblige de s’interroger sur le sérieux avec lequel ces pays s’attellent à débarrasser le monde des armes nucléaires. M. Shoukry a souligné à ce propos que les progrès vers le désarmement nucléaire sont un facteur clef de l’avènement d’un environnement moins dangereux et d’une situation internationale plus stable. Le Ministre a relevé que la prise de conscience sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires avait sans aucun doute contribué à la décision de la communauté internationale d’adopter le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
M. LUWELLYN LANDERS, Vice-Ministre des relations et de la coopération internationales de l’Afrique du Sud, a souligné pour sa part que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’était pas le dernier mot sur ce sujet, mais une étape déterminante dans l’évolution vers le régime dont il faudrait disposer pour parvenir à un monde durablement débarrassé des armes nucléaires. Cette approche est cohérente avec celle qui a été appliquée pour l’élimination d’autres armes inacceptables, et reposant sur le principe de « l’interdiction avant l’élimination », a précisé le Vice-Ministre. Il a ajouté que le Traité était pleinement compatible avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dont il vise à faire appliquer les dispositions, notamment l’article VI, qui enjoint aux États parties de « poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire ». Il est important de relever, a insisté M. Landers, que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’accorde pas de priorité à la sécurité d’un ou plusieurs États par rapport à la sécurité de la communauté internationale dans son ensemble.
L’Afrique du Sud considère que la paix et la sécurité internationales ne peuvent être dissociées du développement et que la sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que d’énormes ressources financières continueront d’être orientées vers l’acquisition de capacités destructrices toujours plus grandes. Il a regretté, de même, que certains États investissent des milliards de dollars dans la modernisation de leurs arsenaux nucléaires dans un monde où les besoins humanitaires de base ne sont pas remplis. M. Landers a estimé que les conséquences potentiellement catastrophiques de l’utilisation d’armes nucléaires devraient accélérer les initiatives de désarmement.
Enfin, s’agissant des travaux de la Conférence, M. Landers a déclaré que l’adoption de nouvelles normes dans les domaines des matières fissiles, de la prévention d’une course aux armements dans l’espace et du désarmement nucléaire ne peuvent en aucun cas menacer les intérêts sécuritaires des États. Le simple fait de négocier pourrait au contraire contribuer à restaurer la confiance entre les États – confiance qui fait désespérément défaut, a noté M. Landers.
M. DATO’ SAIFUDDIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a déclaré que son pays était résolument engagé en faveur de la paix et de la sécurité internationales de même qu’envers le désarmement mondial et la non-prolifération. La Malaisie a adhéré à la Conférence du désarmement au moment où cette instance mettait la dernière main au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, il y a bientôt 24 ans. La Conférence est dans une impasse depuis plus de deux décennies, a regretté le ministre. Le traité d’interdiction complète des essais nucléaires, qui compte 180 signataires et plus de 160 ratifications, doit encore entrer en vigueur, a rappelé le ministre, qui a appelé à l’entrée en vigueur rapide de l’instrument et à la fin de tous les essais nucléaires.
M. Abdullah a regretté, d’autre part, le manque de progrès dans la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il reste plus de 15 000 armes nucléaires dans le monde, a souligné le ministre, constatant que les arsenaux nucléaires sont constamment modernisés et adaptés dans le cadre des doctrines stratégiques de certains États. La Malaisie est convaincue que l’élimination totale de ces armes est la seule solution pour prévenir leur utilisation ou la menace de leur utilisation. Elle plaide pour le respect des engagements pris au titre du TNP, en particulier au regard de l’Article VI. M. Abdullah a enfin indiqué que son pays avait signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2017, conformément à son engagement de longue date en faveur de l’avènement d’un monde débarrassé de ces armes.
M. AUDUN HALVORSEN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a déclaré que le vingtième anniversaire de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel était une excellente occasion de mettre en évidence ce qu’il est possible d’accomplir au moyen des négociations multilatérales. Le succès de la Convention doit être mesuré au nombre de mines détruites, à la surface de terres nettoyées et au nombre de victimes et survivants dont les besoins sont satisfaits et les droits respectés, a ajouté le Vice-Ministre, ajoutant que l’on pouvait se féliciter à cet égard. En effet, depuis vingt ans, plus de 51 millions de mines ont été détruites, tandis que 31 États sont désormais considérés comme entièrement déminés. Mais le problème n’est pas réglé, puisque les mines et les restes explosifs de guerre ont encore fait plus de sept mille victimes, morts et blessés en 2017. D’autre part, depuis quelques années, des engins improvisés sont utilisés comme engins de guerre.
M. Halvorsen a aussi alerté contre les violations récentes de la norme interdisant le recours aux armes chimiques. Il a recommandé d’appuyer l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques à appliquer la décision relative à l’attribution qui a été prise, en juin, par la Conférence des parties à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Le Vice-Ministre a souligné, d’autre part, l’importance que revêt la Convention sur l’interdiction des armes biologiques au sein de l’architecture mondiale du désarmement. M. Halvorsen a estimé, enfin, que le programme nucléaire et les missiles développés par la République populaire démocratique de Corée restaient très préoccupants : il a dit que son pays soutenait fermement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies à cet égard.
M. MOHAMED ALI AL-HAKIM, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a déclaré que son pays était très attaché au multilatéralisme et aux travaux de la Conférence. La course aux armements étant source d’insécurité, l’Iraq plaide pour la ratification universelle des instruments internationaux de désarmement et pour l’octroi de garanties de sécurité aux États qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire. Le ministre a recommandé de poursuivre les efforts au sein de la Conférence, dont le rôle important doit être préservé. Une volonté politique doit s’exprimer pour faire adopter le programme de travail, lequel doit être axé sur le désarmement nucléaire, conformément, notamment, au document final issu de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le sujet en 1978.
L’Iraq est par ailleurs favorable à la création de zones exemptes d’armes nucléaires ainsi qu’à l’adoption d’un cadre juridique contraignant relatif aux garanties de non-utilisation des armes nucléaires contre les États qui n’en sont pas dotés. M. Al-Hakim a recommandé en outre que la communauté internationale envisage d’adopter un traité d’interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d’armes nucléaires. Il a aussi fait remarquer que la Conférence devrait envisager d’adopter un traité pour prévenir une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.
Le ministre iraquien a souligné que la résolution adoptée par l’Assemblée générale relative à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient reposait sur une vision consensuelle et non discriminatoire, et était conforme aux Conventions appuyées par nombre d’États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le ministre a espéré que les États collaboreraient à la création de cette zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient.
M. ALIYAR LEBBE ABDUL AZEEZ (Sri Lanka), a déclaré que son pays jugeait encourageante la publication, en 2018, de l’agenda pour le désarmement du Secrétaire général des Nations Unies — «Assurer notre avenir commun» –, étant donné que ce document fait des propositions concrètes en vue d’une percée dans le domaine du désarmement. Sri Lanka apprécie que plusieurs pays se soient approprié des idées figurant dans l’agenda et aient lancé des initiatives multilatérales. Sri Lanka regrette, en revanche, que certains États interprètent l’agenda dans la perspective de leurs propres priorités stratégiques.
S’agissant de la Conférence, le Représentant permanent de Sri Lanka à Genève a estimé important qu’elle soit représentative d’une large gamme d’opinions et de points de vue sur les grands enjeux du désarmement et de la non-prolifération. Il a recommandé que les besoins criants en matière de formation aux questions de désarmement soient remplis et que la perspective de genre soit intégrée aux discours sur le désarmement et la non-prolifération. M. Abdul Azeez a appelé le Bureau des affaires de désarmement, l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement et tous les États membres à renforcer leur action dans ce domaine essentiel. Le diplomate a enfin insisté sur le fait qu’il existe un lien direct entre le développement, la sécurité et les droits de l’homme, et que le manque de progrès dans ces domaines limiterait fortement les progrès dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. SOURCE United Nations Office at Geneva (UNOG)