Il n’a échappé à aucun observateur averti de la scène politique ivoirienne que tout doucement notre pays est en train de s’acheminer, à l’instar du Rwanda, du Congo RDC ou de la Centrafrique, vers de meurtriers et dévastateurs affrontements inter ethniques.
Situation socio-politique en Côte d’Ivoire – Jean Bonin : « Qui a intérêt à ce que la Côte d’Ivoire bascule dans un conflit inter communautaire ? »
De Daoukro à Bonoua, en passant par Assinie et Gagnoa, les affrontements entre communautés allochtones Malinkés et autochtones Baoulés, Didas, Bété ou Abourés s’amplifient dans l’indifférence quasi générale de nos autorités au plus haut sommet de l’Etat.
Les cyberactivistes du pouvoir et d’une certaine opposition ne sont pas en reste. Les menaces croisées de mort et d’extermination tribales fusent de partout et de tous les camps sur les réseaux sociaux sans qu’aucune interpellation ne soit opérées ni que des poursuites judiciaires ne soient engagées avec la même dextérité et célérité que lorsqu’il s’agit de museler l’opposition.
Des commerces sont pillés à Assinie, des habitations incendiées à Divo, des véhicules de transport en commun vandalisés à Bonoua. Les affrontements meurtriers se multiplient.
À quoi servent la Grande Médiature, la Chambre des Chefs et Rois traditionnels, les guides religieux…? Certaines de nos institutions, budgétivores, financées à coup de milliards de FCFA chaque année, s’avèrent au final n’être que des coquilles vides créées juste pour caser des copains et des coquins.
La restauration de la paix et son maintien sont une haute responsabilité régalienne de l’Etat, et subsidiairement des organisations de la société civile.
Houphouët-Boigny aimait dire que “la paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement”. Peut-on raisonnablement dire que le pouvoir en place adopte de façon générale l’attitude républicaine de neutralité et d’équité qu’on est en droit d’attendre d’un État moderne ? Évidemment non ! Les uns peuvent marcher, d’autres en sont privés. Certains peuvent braver des interdictions de propager des propos injurieux ou haineux quand d’autres en paient le prix fort.
La police d’Etat est officiellement accusée par Amnesty International de se comporter comme une milice au service d’un clan. Ce qui justifierait la culture généralisée actuelle de l’impunité qui gangrène notre pays et qui expliquerait que des supplétifs “microbes” puissent indécemment prêter main-forte aux forces de l’ordre. L’affaire dite du « Gbaka vert » est de ce point de vue assez symptomatique.
Mon désarroi vient du fait que les modérés se taisent, laissant ainsi le champ libre aux radicaux et haineux de tous bords pour inoculer, sans conséquences, leur venin toxique sur les réseaux sociaux et dans les quartiers auprès des esprits faibles, naïfs et de jeunes désœuvrés.
La Côte d’Ivoire est en crise. Prenons garde que ceux qui nous ont plongé dans cette crise quasi trentenaire ne soient pas portés à la tête de notre État le 31 octobre prochain. Ce serait perpétuer la culture de la vengeance et de la revanche, de l’action et de la réaction… avec son corolaire de morts, de blessés et de victimes collatérales. Autant de freins au développement du pays.
Comment pouvons nous raisonnablement croire qu’en confiant notre pays à un pyromane, nous arriverons ainsi à éteindre les feux ardents des braises qui consument notre desir de paix, de réconciliation et de vivre ensemble.
Le président Affi, visionnaire, avait proposé lors de sa sortie de la prison de Bouna en 2013, où il a passé près de trois (3) ans, les États Généraux de la République (EGR) comme un exercice de catharsis collectif pour remettre à zéro les compteurs des ressentiments et des frustrations institutionnelles dans notre pays.
En retour, le chef de l’Etat lui a plutôt opposé et proposé la remise à zéro du compteur de la constitution comme solution à tous les maux qui minent notre société. Hélas, le remède s’avère pire que la pathologie elle-même. 1000 fois hélas !
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