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Par Solange ARALAMON

STAR MAGAZINE N°0620 du mercredi 15 au mardi 21 octbre 2014 | Dans la mouvance des préparatifs de ses 20 ans de carrière, nous avons rencontré Gilles Roland Touré. Dans ses ateliers où il prépare activement l’événement, le créateur de mode qui n’est plus à présenter au public ivoirien et international, a trouvé un bout de temps pour répondre à nos questions. Des plus professionnels aux plus intimes. Lisez plutôt ! 

A quel niveau des préparatifs êtes-vous dans le cadre de nos 20 ans de carrière dans le domaine de la mode ?

Nous sommes dans la dernière ligne droite. Il nous reste à peine un mois, mais j’avoue que ça passe très vite. Donc nous sommes en plein dedans. Je cours partout parce que l’idée pour moi, c’est de pouvoir offrir du spectacle en même temps que je présente mes créations. Le fait que je n’attende pas d’artistes parce que je suis moi même l’artiste me met beaucoup de pression. Les gens qui viendront ce soir-là s’attendent à du beau et du glamour et il ne faut pas qu’ils soient déçus.

De façon concrète, à quoi le public qui effectuera le déplacement doit-il s’attendre ?

Je ne dévoilerai pas tout le menu. Il faut simplement retenir que ce sera un grand défilé de mode avec 150 tenues, découpé en plusieurs tableaux, avec des prestations d’artistes. Je voudrais préciser que ce n’est pas ce 8 Novembre que je vais présenter ma créativité au public qui me connaît déjà. Je veux en fait partager du spectacle et du rêve avec mon public.

Pendant des années, l’on a vu Nayanka Bell à vos côtés pour ce genre d’événements. Et depuis un moment, elle n’est plus là. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous ?

Il n’y a rien eu du tout. A un moment donné, elle n’était pas sur place et ensuite il y a eu son accident. Lorsqu’elle est revenue, nous n’avons pas eu l’occasion d’avoir des événements ensemble. Et en plus, je n’avais pas de contrat d’exclusivité avec Nayanka. C’est une dame que j’aime beaucoup et que j’aime toujours. Nous sommes en contact et nous nous parlons régulièrement. Il est vrai que ces derniers mois, lorsqu’elle a voulu faire des prestations, je n’étais pas forcément disponible pour lui faire des tenues. Mais rien ne dit qu’elle ne sera pas là le 8 Novembre. C’est une question qui reste posée.

Dans le même temps, nous avons eu pour habitude de voir Nadine Konan qui faisait la ”Une” de vos affiches. Cette année, Isabelle Béké a pris le relais. Pourquoi ce changement ?

Il s’est trouvé que Nadine entre-temps a fait un enfant. Donc elle était moins disponible parce qu’il fallait qu’elle se retire un peu du ”T” pour s’occuper de son bébé. Mais elle sera avec nous le 8 Novembre. J’avais juste envie de partager l’expérience avec quelqu’un d’autre. J’ai donc flashé sur Isabelle Béké parce qu’elle est Ivoirienne et elle est beaucoup connue à l’international. Son image donnera sûrement à notre célébration un cachet international. Elle a tout de suite accepté ma proposition et est venue à Abidjan pour trois jours de casting et de shooting de photos. Je ne la connaissais pas avant. Je l’avais vue en photos et pendant des défilés. Mais quand je l’ai approchée, elle n’a pas hésité.

Hormis Isabelle Béké et les mannequins locaux, il y aura-t-il des mannequins internationaux ?

Oui bien sûr. Il y en a qui viendront de France, du Sénégal, du Ghana, du Togo et du Bénin. Il y aura des anciennes, mais aussi de nouvelles filles que nous avons détectées lors de notre casting.

Il nous est parvenu que vous êtes l’habilleur de la Première dame. Comment êtes-vous arrivé au Palais Présidentiel ?

(Il est surpris par la question). Je ne suis pas l’habilleur de la Première dame. C’est plutôt Mme

Mémel qui est son habilleur. Il est vrai qu’elle me fait appel souvent pour ses tenues de soirée. Mais c’est juste quelques fois. Mme Ouattara fait souvent appel à tous les créateurs ivoiriens, selon les circonstances et les événements.

L’opinion a vite fait de rapprocher les choses. Surtout que votre mère, Mme Touré Aya Virginie, est proche de la Première Dame…

(Il coupe) Moi, j’ai habillé Mme Gbagbo et je l’ai fait pour beaucoup d’autres Premières dames africaines. Je vais là où les femmes ont besoin de moi. Mes parents font leur politique ; je ne m’en mêle pas parce que je suis un artiste. Je travaille pour la Côte d’Ivoire.

Si tu n’avais pas été créateur de mode, quel métier vous auriez fait ?

J’avoue que la mode est un métier trop difficile parce qu’il y a beaucoup de susceptibilité chez les femmes. J’aurais mieux voulu être maçon pour construire des maisons pour les hommes. Hormis cela, j’avoue que je me sens bien avec les femmes. Ce sont nos mamans, nos sœurs, nos femmes.

Vous regrettez donc quelque part d’avoir choisi ce métier ?

Oui, bien sûr. La mode est quelque chose que j’aime depuis toujours. J’ai fait mon premier défilé à l’âge de 15 ans à Mermoz, quand j’étais encore élève. J’ai été célèbre plus tôt et la mode m’a volé ma jeunesse et ma vie. Le côté populaire de ma vie me dérange. Au départ, je pouvais me cacher un peu quand j’allais à Paris. Mais ce n’est plus le cas depuis que j’ai tourné dans ”Ma Famille”. Cependant, cela m’a permis aussi de ranger ma vie. Sinon, concernant le travail même, il est vrai que j’ai souvent des soucis avec les clientes et le personnel, mais j’avoue que ce sont des choses passagères. Je suis vraiment content de faire ce métier que j’ai toujours rêvé de faire.

Vous avez commencé depuis un moment à faire des tenues pour les hommes. Qu’est-ce qui a provoqué cela ?

Au début de ma carrière, je faisais des chemises en lin. Et arrivé à un moment, j’ai stoppé pour me consacrer aux femmes. Il s’est trouvé qu’après un régime alimentaire j’avais perdu 20 kgs. Je voulais donc montrer à tout le monde que j’avais perdu du poids. J’ai donc confectionné des chemises près du corps avec des motifs africains que je portais moi-même. Il y a des amis qui m’ont proposé de le faire pour la Saint-Valentin parce que ça avait pris. C’est ce que j’ai fait. Et les gens ont aimé. Au fil du temps, j’ai amélioré en y ajoutant du strech pour que tout le monde puisse être à l’aise dedans.

Il y a quelques années, vous avez dit que vous vouliez faire un bébé. Où est passé le projet ?

Lorsque le magazine a titré que je voulais faire un enfant, si je vous dis le nombre de filles qui m’ont appelé pour cela, c’était terrible. Il est vrai qu’à l’époque, je le voulais vraiment et que maman aussi me posait souvent la question. Pour l’instant, ce n’est plus trop d’actualité. Sinon, j’ai eu beaucoup de propositions après les différents articles. C’est peut-être le fait de ne pas pouvoir choisir avec qui le faire que je n’ai pas encore eu le bébé.

Mais qui donc partage la vie de Gilles Touré actuellement ?

Il faut laisser tomber la personne qui partage ma vie. (Il rit aux éclats). Ce qui est important, c’est que je me sens bien. Je suis heureux. Dans la vie, tout le monde n’est pas fait pour être marié.

Cela nourrit la rumeur sur cette histoire d’homosexualité…

Je pense que je ne peux pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent. Quand j’arrivais dans ce métier, depuis l’école, l’on m’a dit qu’il fallait apprendre à supporter certains coups. Et à ce jour, j’en ai supporté pas mal. Il est vrai que cela m’a fait mal au départ, mais aujourd’hui, non. On ne peut pas changer le monde. La seule chose que le public doit savoir, c’est qu’on vit pour être heureux et moi, je suis heureux.

Le constat aussi est que les hommes qui font les métiers traditionnellement destinés aux femmes sont souvent effémines. Selon toi, qu’est-ce qui provoque cela ?

C’est la forte sensibilité. Ce n’est pas forcément l’homosexualité. En général, ce sont des hommes qui depuis petits sont sensibles à certaines choses. Moi depuis tout petit, j’étais un garçon très propre, chic et minutieux. En général, ils sont très talentueux dans leur domaine. C’est un don et nous l’exploitons bien.

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