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Sékou DIABATÉ, Coordinateur général de l’Alliance des Actions pour la Renaissance de Thiès (AAR-THIES)

Je me suis toujours décalé de l’affaire KMW, alias Karim Meissa WADE. Je trouvais juste et fondé qu’après avoir été Ministre de l’Air, des terres, des mers et du feu, qu’il soit audité de sa gestion, surtout que ses responsabilités et les pouvoirs qui lui étaient donnés par Père faisaient déjà de lui de fait, un Vice Président. C’est d’ailleurs cela qui a été le début de sa descente en enfer, aiguisant les contradictions au sein du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et surtout du Président WADE avec le peuple jusqu’à la perte du pouvoir par les libéraux.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Du puissant et craint Ministre d’Etat qu’il a été, KMW est depuis plus d’un an en en détention pour « biens mal acquis ». Cela a entrainé une dure guerre de procédure où les deux parties ont excellé avec brio dans un jeu de cache-cache où aucune n’a dit son dernier mot, entre la partie civile et la défense.

Je ne suis ni juge ni avocat. Je sais que notre justice a tous les moyens d’investigations et tout les professionnels rompus pour étayer, argumenter et fournir tous les éléments de preuves susceptibles de le faire condamner si sa culpabilité était établie ou le libérer si les charges qui sont imputées se trouvent être infondées…

La Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite ‘CREI)  est en ce moment à la fois victime et fébrile à cause des conditions de son évolution organique, de sa composition et de son fonctionnement. Cela ternit l’image de l’Etat et légitime la demande de KMW pour sa comparution devant la Haute Cour de la justice.

Ni les enquêteurs encore moins les magistrats n’ont le droit de dire la politique. Nous attendons que Justice soit faite pour que KMW ne soit pas le produit d’un vulgaire marchandage politicien qui le ferait apparaître comme un otage politique.

 A cet égard, si ce qui est étalé sur la place publique est vérifié, nous condamnons l’intervention de M. Moustapha Niasse, Président de l’Assemblée nationale, pour la libération même conditionnelle de Mme Ndeye Khady GUEYE et de bien d’autres acteurs politiques, du monde des affaires et autres par d’autres dignitaires, sur fond de trafic de procès et d’influence. Cela amène à s’interroger sur les faiblesses de notre justice et surtout de sont indépendance.

En effet, à aucun moment, le pouvoir judiciaire ne devrait être un instrument en dépendance de l’Exécutif ni du législatif, surtout après la déclaration de soumission du Président de l’Assemblée nationale au Président de la République.

Au même moment, d’importants chefs du régime défunt sont dans une situation inextricable où ils ne sont ni poursuivis ni libres de quitter le pays à leur guise au nom d’une interdiction de quitter le territoire dont la base ne tient pas au regard de notre arsenal juridique ni dans sa procédure ni dans son fond!

Comment dès lors de « simples témoins » peuvent-ils subir un tel sort ? Comment se fait-il que ceux sur qui pèsent des soupçons d’enrichissement soient automatiquement considérés comme présumés coupables avant même le début de l’enquête et la fin de l’instruction ?

C’est d’ailleurs pour répondre à une partie de ces interrogations que la Cour de justice de la CEDEAO, dans un arrêt rendu le 22 février 2014 a ordonné « à l’État du Sénégal le respect scrupuleux des instruments internationaux et de ses lois internes dans les limites du respect des droits de ses citoyens ».

Le procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite  a un devoir de réserve et doit se tenir à dire et à faire dire le droit car notre système judiciaire a dépassé le cadre et le temps d’un fonctionnement à charge où on devient coupable avant même d’être entendu !

La libération conditionnelle devrait vraiment être une mesure d’exception et non la règle pour préserver la crédibilité de nos instances et institutions judiciaires surtout quand son mode d’application  est si variable et obéit à une logique d’impunité favorable à ceux qui soutiennent le pouvoir en place ou ne le gêneraient pas.

Il est temps, plus de deux ans après l’avènement du Président Macky SALL, qu’on en finisse avec ces affaires en condamnant ceux qui s’en sont donnés mais avec des preuves tangibles et libérer ceux qui risquent d’être embastillés pour des raisons d’adversités politiques. Sinon comment comprendre que le tapis rouge soit déroulé pour Madame Awa NDIAYE, ancien Ministre du régime de père WADE malgré les terribles charges qui pèseraient sur elle? A cause de l’intérêt que le Président de la République lui porte pour le compte de l’Alliance Pour la République (APR) ?

Nous devons tous souffrir des rigueurs du droit lorsque nous avons fauté car « nul n’est au dessus de la loi » et la patrie doit effectivement passer avant le parti.

Dans cette affaire, tout comme celles passées ou à venir, force doit rester au droit sur la base de textes de lois claires et nettes qui ne souffrent d’aucune ambiguïté ni dans leur élaboration que dans leur interprétation.

Il y a une urgence pour  que nos institutions judiciaires soient encore plus crédibles dans la voie de leur réelle indépendance afin que nous puissions ouvrir une nouvelle page de consolidation de notre démocratie et du renforcement du socle de notre développement. Si c’est cela qui fait de moi un Wadiste, je suis preneur.

Sékou DIABATÉ

Coordinateur général de l’Alliance des Actions pour la Renaissance de Thiès (AAR-THIES)

E-mail : aarthies1@gmail.com