Un an après l’invasion du territoire Ukrainien par la Russie le 24 février 2022, la guerre se poursuit à l’Est de l’Europe. Ce premier affrontement entre deux nations du vieux continent depuis 1945, constitue une menace à l’équilibre mondial avec un impact à la fois géopolitique et géostratégique.
La guerre paraît loin d’être finie. L’ampleur des pertes humaines et des destructions sont dramatiques. Selon les évaluations, près de 40.000 civils ont été tués et plus de 70.000 soldats tombés des deux côtés lors des combats. C’est la première guerre de haute intensité entre deux nations européennes depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Au-delà des affrontements qui se déroulent sur tous les champs : terre, air, mer, espace, cyber, mais aussi sur les champs informationnel et électromagnétique, l’invasion Russe en Ukraine est pleine de leçons un an après le début de ce que Moscou a appelé “opération militaire spéciale”.
La guerre a permis à l’Europe de resserrer ses liens.
L’heure n’est certainement plus aux jeux de cache-cache entre certains pays de l’Europe. Ils ont désormais au moins un sujet sérieux commun : contrer le plan russe contre l’Ukraine. Un penseur disait: “le malheur des uns fait le bonheur des autres”; belle assertion pouvant justifier la motivation des 27 à rapidement porter une voix autour d’une table et à œuvrer plus que jamais pour la solidification du bloc face à la menace russe. Le message est clair, orienté et facilement véhiculé dans le sens de: “la Russie est l’enfant rebelle de la maison, tenons nous la main pour la mettre hors d’état de nuire”. Ainsi chaque État se donne les moyens pour montrer sa sympathie à l’Ukraine et rattraper une ou deux erreurs de sa politique globale. Le bloc est fort quand il est soudé. Les tensions liées aux problèmes migratoires, à la gestion des eaux territoriales et autres ajoutées au brexit et aux effets de la pandémie de coronavirus se sont vues estompées par l’actualité de la guerre à l’Est du continent. Un an après le début du conflit, l’Europe semble désormais retrouver ses repères derrière une guerre incontrôlable.
La guerre qui veut rebattre les cartes
Le conflit russo-ukrainien a fini par révéler les failles de la gouvernance mondiale. L’opposition constatée au sein du conseil de sécurité de l’ONU expose et fragilise cet organe; mais aussi, pousse à croire que comme la défunte Société des Nations (SDN), l’Organisation des Nations Unies (ONU) est en voie d’échouer sa mission principale qui consiste à maintenir la paix et la sécurité internationale. Le résultat des deux votes de l’Assemblée générale contre la Russie prouve que le monde entier est divisé. Ce qui est fortement condamné par d’aucun est approuvé par d’autres ou tout simplement observé silencieusement par une troisième catégorie. Comme pour dire que les intérêts n’étant pas les mêmes, chaque maillon de la communauté internationale essaie à son niveau de défendre les siens à la belle dame d’un système qui s’effondre. La guerre à l’Ukraine a montré que les forts d’hier sont menacés par une nouvelle vague de puissances qui veulent aussi étendre leur domination. Une bagarre d’éléphants qui a tout de même permis à plusieurs moins forts, de prendre conscience et de surfer désormais sur de nouveaux enjeux. Cette fébrilité du maillon autrefois reconnu fort, laisse entrevoir avec toutes ses ramifications, que le monde entier n’est pas loin de l’avènement d’un nouvel ordre mondial dans lequel les cartes seraient redistribuées.
La guerre qui réserve encore des surprises
Vladimir Poutine a annoncé ce 22 février 2023 lors d’un discours, la suspension du traité “New Start” sur le désarmement nucléaire. Le patron du Kremlin a clairement réaffirmé sa volonté de renouer avec les essais nucléaires. En avertissant de tenir pour responsable devant la loi tous ceux qui ont choisi de trahir la Russie, Vladimir Poutine passe le message d’une bataille appelée à se poursuivre. «…Nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous » a affirmé le patron du Kremlin. En référence aux multiples sanctions contre Moscou, le président Russe se félicite de la résilience de l’économie de son pays et estime que ses bourreaux; les occidentaux n’arriveront “à rien”. En face, la voix du président américain n’a pas attendu “Il ne doit y avoir aucun doute: notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas, l’Otan ne sera pas divisé et nous ne lâcherons pas”, a assuré Joe Biden. Même si son Secrétaire d’État Antony Blinken rassure que les États-Unis “restent prêts à discuter sur les armes stratégiques” avec Moscou, les prises de position confirment l’engagement d’une guerre appelée à se poursuivre sur plusieurs fronts. Loin de ces postures de combattants déterminés, il y’a la difficile compréhension des intentions des belligérants qui plombe tout effort de dialogue ou de résolution pacifique du conflit. Un an après le début de l’invasion, la diplomatie semble avoir échoué sur toute la ligne avec pour impact, la cassure perceptible du nouvel ordre mondial.
Yves Modeste NGUE