
Le cardinal Robert Sarah
Rome se prépare à vivre l’un de ses moments les plus solennels : le conclave décidant du successeur du pape François, décédé en avril 2025. Dans une atmosphère mêlant recueillement, espérance et stratégies diplomatiques, une question anime les conversations au Vatican comme dans les églises du monde entier : l’Église catholique est-elle sur le point d’élire le premier pape africain depuis seize siècles ?

Cardinal Peter Turkson
Avec une croissance exponentielle du nombre de fidèles en Afrique — représentant aujourd’hui près de 20 % des catholiques à l’échelle mondiale —, nombreux sont ceux qui estiment que l’élection d’un pape issu du continent serait un acte à la fois symbolique et pragmatique. Cette perspective est renforcée par la diversité accrue du Collège des cardinaux, fruit des choix d’ouverture de François tout au long de son pontificat.

Cardinal Fridolin Ambongo Besungu
Parmi les “papabili”, trois figures africaines se détachent :
- Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, incarne un catholicisme dynamique, engagé dans les questions sociales et environnementales. Proche des idéaux du pape François, il porte une voix forte contre la corruption et pour la justice en Afrique.
- Peter Turkson, du Ghana, ancien préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, jouit d’une reconnaissance internationale pour ses prises de position sur la défense de l’environnement et la dignité humaine.
- Robert Sarah, de Guinée, figure plus conservatrice, a longtemps été une référence pour les catholiques attachés à une lecture traditionnelle de la foi. Ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin, il est connu pour ses positions conservatrices sur la liturgie et la morale. Bien qu’il soit un candidat potentiel, son âge pourrait être un facteur limitant.
Cependant, l’élection d’un pape africain ne saurait être considérée comme acquise. Les enjeux géopolitiques, les équilibres internes de l’Église et les sensibilités doctrinales pèseront de tout leur poids sur les décisions des cardinaux électeurs.
Un pape africain serait un message puissant : celui d’une Église universelle en phase avec les mutations démographiques du catholicisme, appelant à une plus grande attention aux réalités du Sud global. À l’heure où l’Église est confrontée à de profonds défis – recul en Europe, défis sociaux et écologiques mondiaux – le choix d’un pape africain pourrait inaugurer une nouvelle ère de renouveau spirituel et missionnaire.
Dès lors, les regards se tournent vers la Chapelle Sixtine, où les voix des cardinaux pourraient bien faire retentir l’écho d’un continent en pleine ascension dans le concert des nations catholiques.
Simplice Ongui
osimgil@yahoo.co.uk