Les exigences d’Affi N’Guessan

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Le président du PDCI, l’ancien chef d’Etat, Henri Konan Bédié, a reçu dans la journée d’hier, dans son fief de Daoukro, le Président du FPI, Affi N’Guessan. «L’Eléphant» dont chacun sait qu’il s’arrange toujours pour être en avance sur quelques infos, sait non seulement l’essentiel de ce qui a été discuté entre les deux hommes, mais en plus, il a réalisé qu’une information livrée par ses soins a été clairement confirmée par Henri Konan Bédié. Et ça, ça n’avait rien à voir avec les sujets sur lesquels le prince de Daoukro devait échanger avec Affi N’Guessan.

Petit voyage au cœur d’une rencontre à Daoukro.

« NOUS VOULONS LA PRÉSIDENCE DE LA CEI »

Les membres de la nouvelle commission électorale indépendante, y compris ceux désignés par la coalition politique à laquelle le FPI appartient, ont beau prêter serment hier, si un certain nombre de conditions ne sont pas respectées dans les jours ou semaines à venir, il n’est pas certain que cette commission puisse fonctionner normalement.

Et c’est l’une des choses que le président du FPI, Affi N’Guessan, a tenu à expliquer clairement à Henri Konan Bédié. A charge pour ce dernier de transmettre le message à qui de droit.

En effet, à la dernière rencontre entre l’alliance des forces démocratiques tirées par le FPI et le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, Affi N’Guessan et ses camarades avaient conditionné leur rentrée dans les locaux de la CEI à la satisfaction de trois éléments cumulatifs, selon leur propre terme. Ce qui, de leur point de vue, pourrait accorder une certaine crédibilité à cette structure où règneraient selon eux, les obligés du régime Ouattara.

Ils avaient donc posé comme première condition, que la présidence de la CEI revienne à l’opposition. Comme deuxième condition, que l’un des postes de vice-présidence revienne à la même opposition et enfin, que le secrétaire général de la CEI soit issu également de leurs rangs. Ils vont finir par énerver Amadou Soumahoro du RDR? Selon les informations de « L’Eléphant », le Ministre d’Etat n’avait pas opposé de refus catégorique à ces exigences et aurait même estimé que le principe de la présidence dirigée par l’opposition ne pourrait être un obstacle à quelque processus que ce soit. Mais aucun engagement formel n’avait été pris à cette occasion.

C’est donc sur la base de ces échanges « fructueux », pour parler comme Soro Guillaume, que la coalition à laquelle appartient le FPI a décidé de participer à cette nouvelle CEI qui devra jouer un rôle moins funeste que l’ancienne, dans les élections générales de 2015.

Au cours de la rencontre avec le champion du PDCI, Affi N’Guessan a donc tenu à réaffirmer ces exigences et, a prié le président Bédié de peser de tout son poids auprès du pouvoir actuel pour qu’elles soient satisfaites, vu qu’elles seraient le gage d’élections transparentes et aux résultats acceptables pour tous.

Henri Konan Bédié, selon les informations de « L’Eléphant », a pris l’engagement d’user de son « poids » pour transmettre ces conditions aux destinataires et tenter d’amener les uns et les autres à s’y inscrire.

« JE SUIS DANS UN DIALOGUE POLITIQUE AVEC OUATTARA »

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Le chef du FPI et celui du PDCI n’ont pas parlé que de la CEI. Ils ont également abordé les questions dont la satisfaction pourrait emmener le FPI à étudier la possibilité de participer aux élections générales de 2015.

Affi N’Guessan a sollicité de Bédié, une action pour la libération des cadres du FPI encore détenus dans les prisons du pays, le retour sécurisé des militants du FPI encore exilés, le dégel des comptes des cadres du FPI dont certains crèvent de faim en ce moment, la libération à l’intérieur du pays, des plantations de certains militants du FPI, plantations parfois occupées par des chasseurs traditionnels qui en vivent et qui en meurent depuis trois ans en transmettant des héritages, le retour des dozos (chasseurs traditionnels) dans leur zone de prédilection et l’orientation des bouts de leurs fusils sur les animaux de brousse et non plus sur les hommes ; la disparition des Frci des rues pour être dans les casernes, la réhabilitation des gendarmes et des policiers dans le rôle qui a toujours été le leur et qui leur est presque volé aujourd’hui par des dozos et des Frci parfois non immatriculés. Bref, Affi N’Guessan n’a pas oublié un seul sujet d’importance pour le FPI. Lequel, une fois que toutes ces conditions seront satisfaites, étudierait dès lors la question d’une participation aux élections générales. Autant dire que le chemin à parcourir est encore long !

Toujours selon les informations de «L’Eléphant », le champion du PDCI a trouvé tous les arguments développés par Affi N’Guessan ; « pertinents » ; selon son propre terme. Avant de déclarer se mettre en mission pour la recherche de quelques solutions à ces questions ; précisant même au passage qu’il était lui-même, comme «L’Eléphant Déchaîné» l’a déjà conté, dans un « dialogue politique » avec le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Dans le cadre des conditions de la candidature unique ou de la création d’un poste de vice-présidence ?

Selon Bédié, dans le cadre de ce dialogue politique avec Ouattara, toutes les questions soulevées par Affi N’Guessan pourront être posées pour une recherche de solutions durables qui puissent décrisper l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire.

Bédié a, pour finir, donné rendez-vous à Affi N’Guessan et ses camarades de la coalition, pour une suite à tous les sujets évoqués, à la mi-septembre 2014.

Il ne reste plus qu’à espérer que d’ici à cette date, la quiétude sera totalement revenue au FPI et que, au RDR aussi, on ne soupçonnera pas Bédié qui commence à avoir quelques idées nouvelles, de vouloir sortir un « long couteau… »

ASSALE TIEMOKO

Source: L’Eléphant Déchaîné N°275 du mardi 12 au lundi 18 août 2014