« La place du peuple wê dans le processus de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ».
Depuis le 27 juillet 2013, Guillaume Siogouni est le président de l’association des ressortissants Wê vivant à New York (États-Unis) et ses environs (New Jersey, Connecticut, Rhode Island). Dans cette interview exclusive, le natif du village de Yrozon (Duekoué) parle de la structure qu’il dirige. Il évoque aussi la réconciliation en Côte d’Ivoire et lance un appel aux Wê.
Notre Voie : Les ressortissants wê de la diaspora font preuve d’un dynamisme débordant qui contraste visiblement avec les préjugés de peuple paresseux dont les wê, en général, sont affublés en Côte d’Ivoire. Comment peut-on expliquer cela?
Guillaume Siogouni : Écoutez, comme vous le dites si bien, ce sont des préjugés colportés par une certaine opinion en Côte d’Ivoire. Le peuple wê est très vaillant et courageux. Dans les années 80 et bien avant l’arrivée des allogènes, les wê étaient les premiers producteurs de café-cacao en Côte d’Ivoire. On le constate d’ailleurs avec les situations malheureuses auxquelles nous faisons face actuellement. Nous ne nous abandonnons pas au sort mais essayons de nous relever. Maintenant si ces préjugés ont attrait à la forte immigration de populations allogènes sur nos terres, je dirais que nous sommes très mal jugés. Le peuple wê est généreux et hospitalier. Le traiter de paresseux, c’est justifier sans doute les tueries et le génocide sur ce peuple.
N. V : Quels sont les objectifs de votre association et sous quel signe avez-vous placé votre mandat ?
G.S : J’ai été élu, le samedi 27 juillet 2013, à la tête de cette organisation qui est une fusion des associations de ressortissants wê de New York et de New Jersey. Ces deux associations avaient chacune des membres résidant dans le Connecticut et le Rhodes Island. Notre association est apolitique à caractère social et culturel ayant pour objectifs, la promotion de la solidarité entre membres, le renforcement des liens de fraternité pour une communauté unie et efficace dans le respect mutuel, la mobilisation des ressources financières pour venir en aide à nos membres, nos régions sinistrées par le canal des Ong, la promotion de la culture wê et l’établissement des rapports de coopération avec les autres associations. Notre association dont le siège social est à New York est l’une des premières associations africaines créées aux États-Unis dans les années 70-80. Mon mandat est placé sous le signe de la réconciliation et de l’éveil des consciences.
N.V : Vous parlez de réconciliation alors que certains ressortissants wê de la diaspora estiment que cela ne devrait pas être la priorité du moment. Qu’en pensez-vous?
G. S : En parlant de réconciliation, je fais tout d’abord allusion à tous les ressortissants wê. Nous avions été divisés par la politique et les querelles personnelles qui ont retardé le développement de nos régions. Certes la guerre et l’accaparement brutal de nos terres par des personnes venues de la sous-région ouest-africaine constituent pour 50%, la cause du désastre que nous vivons mais les autres 50% sont liés aux mésententes entre les cadres, les fils et filles des différentes régions du Grand Ouest de la Côte d’Ivoire. Il est temps de nous unir pour parler d’une même voix afin de défendre nos intérêts.
N.V : Et la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ?
G.S : S’agissant de la réconciliation nationale, c’est un impératif qu’elle se fasse puisqu’il ne pourrait y avoir de développement sans paix ni réconciliation. Le peuple wê a certes payé le lourd tribut de la guerre en Côte d’Ivoire mais il nous faut pardonner afin de tourner cette page de notre douloureuse histoire. Refuser de nous intégrer dans ce processus de réconciliation serait mettre nos régions respectives en retard. C’est pour quoi au cours de la soirée culturelle que nous organiserons dans le cadre de nos activités à New York, le 2 Août 2014, le député Privat Oula, vice-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, animera une conférence publique sur le thème : « La place du peuple wê dans le processus de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ».
N.V : Serez-vous encore disponible pour la fédération des wê de l’Amérique du nord (Usa-Canada) puisque vous dirigez maintenant une grande association?
G.S : Bien sûr, je resterai toujours disponible pour la fédération des wê de l’Amérique du nord (Usa-Canada). C’est l’organisation mère de toutes les associations wê en Amérique du nord. Nous avons tous intérêt à ce qu’elle fonctionne bien. Je suis toujours membre et je souhaite faire partie du nouveau bureau qui verra bientôt le jour avec l’élection d’un nouveau président ou de la nouvelle présidente en mai prochain à Washington. L’Amérique du nord est un continent plein de ressources pour aider des régions sinistrées comme les nôtres. Interview réalisée par
Nathalie Z. Djiezion à Ottawa, Canada
Une correspondance Particulière
Source: Notre Voie n° 4668 du lundi 17 mars 2014