Au septième jour d’une offensive contre la rebellion du M23, l’armée congolaise se bat contre le dernier bastion militaire du M23, dans plusieurs localités du Nord-Kivu. Les derniers éléments du M23 ont fui dans les collines, ce qui rend la progression de l’armée plus compliquée.
Avec notre envoyée spéciale,
Le terrain accidenté, fait de collines, de champs de bananiers et de forêts très denses, est particulièrement difficile à appréhender. D’autant plus que le M23, et ceux qui poursuivent le combat du côté des rebelles, le connaissent extrêmement bien. C’est de là qu’est partie la rébellion il y a vingt mois.
Hier encore, jeudi 31 octobre, les militaires congolais ont pilonné sans relâche pendant plusieurs heures plusieurs collines du Nord-Kivu, sans succès. A la nuit tombée, les combats étaient toujours en cours.
L’objectif est de venir à bout des dernières positions militaires du M23. Car si la rébellion a été décimée par des centaines de défections, selon l’armée congolaise et les Nations unies, d’énormes stocks d’armes sont toujours disposés dans différents villages, notamment Chanzu et Runyonyi, deux localités proches de la frontière rwandaise. Les forces congolaises voudraient éliminer ces armes, mais une partie du stock aurait été placée à proximité de l’hôpital de Tshantzu, ce qui rend leur destruction immédiate risquée.
L’artillerie lourde en renfort
Jeudi, l’artillerie lourde a donc cherché à ouvrir la voie aux éléments d’infanterie pour qu’ils grimpent sur ces collines, à 2 000 mètres d’altitude, à la recherche de rebelles. Un gigantesque canon est déchargé d’un camion. Il arrive tout juste de Goma et doit venir en renfort sur les combats. Juste à côté, des soldats sont encore en train de cirer leurs chaussures, mais dans quelques minutes ils seront eux aussi sur le front. « Je suis voltigeur, raconte l’un d’eux. Je protège les armes lourdes de notre pays. En cas, d’attaque, les rebelles – qui sont intelligents – peuvent procéder à des débordements pour récupérer les armes lourdes.»
C’est toute la complexité des combats de ces dernières 24 heures. Les derniers rebelles, positionnés en hauteur, dans les collines peuvent attaquer de n’importe où.
Défections et fuites en Ouganda
Un peu plus bas, dans le camp militaire de Rutshuru, assises dans l’herbe sous des palmiers, 26 jeunes recrues du M23 qui ont fait défection la veille. L’un d’eux, Innocent, âgé de 19 ans, raconte : « Je faisais partie du comité d’auto-défense de mon village. J’ai été pris de force et depuis un mois je m’occupais de la sécurité… Mais lorsque l’on a vu l’armée gouvernementale arriver, on a voulu en profiter pour nous rendre.»
C’est l’autre objectif du pilonnage intensif des derniers jours. Il s’agit de faire fuir l’adversaire ou de provoquer des défections. D’après le commandant de ce petit groupe, sur les 31 personnes qu’il dirigeait, cinq personnes – les plus gradées – ont fui en Ouganda et les 26 autres, souvent des civils à l’origine, ont préféré se rendre et espèrent être intégrés aux forces armées congolaises.
Le ratissage de l’armée congolaise à la recherche des derniers rebelles pourrait prendre encore plusieurs jours.