(Radio Okapi – 6 novembre 2013) – Aucun accord ne sera signé entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 à Kampala (Ouganda) mais plutôt une déclaration devant conclure les pourparlers, a prévenu Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. Pour le ministre, ce mouvement rebelle s’est auto-dissout en déclarant mettre fin à sa lutte armée et ne constitue plus un interlocuteur valable pour la signature d’un accord quelconque avec le gouvernement. De leur côté, les envoyés spéciaux des Nations unies en RDC préconisent un accord de principe.
«Un accord ne peut se justifier étymologiquement que s’il y a deux réalités : le gouvernement de la RDC et une force négative, fut-elle un groupe armé opérationnel. Or, vous avez tous suivi le communiqué. Le M23 a déclaré sa fin comme groupe armé. Donc, il n’y a pas lieu de venir distordre cette réalité en recréant un M23 pour signer avec lui un accord», a-t-il expliqué.
Dans un communiqué publié mardi 5 novembre, le Mouvement du 23 mars a déclaré mettre fin à sa rébellion, conformément aux recommandations des pourparlers de Kampala, pour «poursuivre par des moyens purement politiques la recherche des solutions aux causes profondes qui ont présidé à sa création».
S’adressant le même jour à la presse à Kinshasa, Lambert Mende a affirmé que le gouvernement congolais n’avait jamais eu l’intention de «signer un accord avec qui que ce soit» à Kampala.
«Nous vous le disions toujours. Vous sembliez un peu écouter cela avec un sourire mi-figue, mi-raisin. Maintenant vous comprenez. Nous ne sommes pas allés pour négocier ou signer un accord. On nous dit : venez à Kampala, écoutez vos compatriotes et répondez-leur. Nous les avons écoutés et notre réponse se trouvera dans la déclaration que nous allons signer», a-t-il expliqué.
Après la défaite du M23 par les Forces armées de la RDC, le gouvernement congolais avait décidé de poursuivre les pourparlers de Kampala avec la rébellion.
Le porte-parole du gouvernement avait expliqué que Kinshasa tenait à «obtenir de ces concitoyens un engagement que, quoi qu’ils aient comme revendications, ils les dérouleront de manière non violente et démocratique».
Un «accord de principe»
La communauté internationale, dont les Etats-Unis, s’était réjouie que Kinshasa se déclare ouvert à conclure les pourparlers de Kampala avec le M23.
Dans une déclaration conjointe signée mardi 5 novembre, cinq envoyés spéciaux des Nations Unies dans les Grands Lacs, dont Mary Robinson, ont exhorté Kinshasa et le M23 à ce processus politique par la signature d’un accord de principe. Tout en saluant la résolution du M23 qui a mis fin à sa lutte armée, ces diplomates encouragent les deux parties à accomplir les étapes convenues dans le cadre du dialogue de Kampala.
Cet accord de principe consiste à garantir le désarmement et la démobilisation, en temps opportun, du M23 et l’obligation de rendre compte pour les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, peut-on lire dans cette déclaration.
Ces diplomates ont salué la restauration de l’autorité de l’Etat par le gouvernement congolais dans les territoires antérieurement occupés par le M23.
La fin de la rébellion du M23 constitue un travail important pour garantir une paix durable dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs, mais n’est qu’une étape vers la résolution des conflits et de l’instabilité persistante, ainsi que l’éradication de tous les acteurs armés illégitimes en RDC, dont les FDLR, ont-il estimé.
Les envoyés spéciaux exhortent par ailleurs tous les signataires de l’accord cadre pour la paix et la sécurité et la coopération à renouveler leur engagement pour la mise en œuvre dudit accord, notamment en faisant avancer un dialogue politique entre les pays clés de la région.
Ils louent enfin le président ougandais, Yoweri Museveni, et son ministre de la défense pour «le leadership patient et déterminé» dans la facilitation du dialogue de Kampala.