La communauté internationale doit continuer à accompagner la Centrafrique à retrouver la stabilité et il est trop tôt pour les Nations Unies de se retirer de ce pays, selon le Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine (RCA), Parfait Onanga-Anyanga.
L’opération de maintien de la paix des Nations Unies en Centrafrique, la MINUSCA, a été créée par le Conseil de sécurité en avril 2014.
« Nous sommes allés en Centrafrique parce qu’il y avait un besoin », a rappelé M. Onanga-Anyanga dans un entretien accordé à ONU Info alors qu’il se trouvait à New York pour faire le point de la situation devant les membres du Conseil.
Selon lui, il est toujours « trop tôt pour se désengager » et le Conseil de sécurité « a bien fait de renouveler le mandat de la MINUSCA ». En novembre dernier, les membres du Conseil ont en effet prorogé jusqu’au 15 novembre 2018 le mandat de la Mission et ont autorisé une augmentation des effectifs de 900 troupes supplémentaires afin de permettre à la MINUSCA d’exécuter plus efficacement l’intégralité de son mandat.
Selon le Représentant spécial, la Mission qu’il dirige va pouvoir ainsi « accompagner les autorités centrafricaines, qui prennent de plus en plus de responsabilités, à réduire la menace principale à laquelle la société centrafricaine est confrontée qui est cette présence d’un nombre beaucoup trop grand de groupes armés, eux-mêmes extrêmement fragmentés et dont les activités entraînent malheureusement tant de soucis à la société centrafricaine ».
« Il faut rester et il faut accompagner la Centrafrique tant qu’elle aura besoin de cet appui de la communauté internationale », a souligné M. Onanga-Anyanga.
Une démocratie nouvelle
L’envoyé de l’ONU a rappelé les nombreux progrès réalisés au cours des dernières années « dans un contexte qui reste extrêmement difficile ». « Nous sommes dans une démocratie nouvelle qui est dans ses tout premiers pas », a-t-il souligné, notant toutefois que les institutions sont « encore faibles dans leur ensemble ».
Il a ainsi souligné avec satisfaction le processus de réforme du secteur de la sécurité et de la défense avec l’assistance de l’Union européenne, la relance de la machine judiciaire avec des procès à Bouar et Bangui d’anciens responsables des violences qui ont endeuillé le pays depuis 2013, la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle, et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.
S’agissant du relèvement de l’économie centrafricaine, le Secrétariat du Plan national de relèvement et de consolidation de la paix (RCPCA), le principal outil d’accompagnement de ce relèvement, a été mis en place il y a quelques mois.
Selon Parfait Onanga-Anyanga, il y a une volonté politique clairement affirmée par le gouvernement de créer un environnement propice à l’épanouissement du secteur privé. Toutefois, il faut qu’il y ait « un contexte sécuritaire qui permette de sortir de la capitale » Bangui, a-t-il dit.
Petit à petit en créant des zones de stabilité, « on peut espérer que le secteur privé centrafricain pourra s’épanouir ». Mais il a prévenu que « l’aide apportée à la Centrafrique ne peut être que ponctuelle ». « Il faut tout faire pour qu’il y ait en Centrafrique un secteur privé dynamique, autonome et surtout autochtone qui puisse permettre la création de richesses sans lesquelles il n’y aura pas de créations d’emplois, sans lesquelles il n’y aura pas de stabilité durable », a-t-il ajouté.
La lutte contre l’exploitation et les abus sexuels
S’agissant de la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général concernant l’exploitation et les abus sexuels commis par des Casques bleus, le Représentant spécial a souligné les mesures prises par la Mission depuis les cas d’abus révélés.
« Il y a trois ans nous nous sommes réveillés d’un cauchemar. On a tous appris ces abus qui avaient été commis en Centrafrique d’une manière qui dénotait une grande méprise de la part de nos troupes qui étaient envoyées en Centrafrique pour protéger les populations civiles et qui se sont retrouvées à commettre des crimes », a-t-il dit. « Depuis des mesures ont été prises, des mesures extrêmement fortes. Des contingents entiers ont été renvoyés de la Centrafrique ».
Selon lui, la politique menée vise à responsabiliser les pays contributeurs de troupes, tout en ne stigmatisant pas tel ou tel pays. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’accroître la souffrance de ces populations », a-t-il déclaré.
Selon Parfait Onanga-Anyanga, ces mesures fortes sont rigoureusement appliquées et il s’est dit « content de pouvoir dire que nous faisons face à un problème moindre ». « Notre objectif, c’est zéro. Il est inacceptable qu’un seul des membres de nos contingents ou même des civils puissent s’engager dans des activités où évidemment ils profiteraient de leur statut pour abuser d’autres personnes », a-t-il conclu.
Source: MINUSCA ONU Info