Nathalie Kouakou interpelle Ouattara: «Libérez les prisonniers d’opinion»
Cinquante jeunes issus de divers milieux et secteurs socio-professionnels, dont des journalistes ont été réunis du vendredi 31 juillet au dimanche 02 août 2015, dans les locaux du centre Monseigneur Chappoulie à Yopougon-camp militaire. Ils y ont pris part à la 6ème édition du camp de jeunesse initié par Amnesty international, section Côte d’Ivoire. Pendant 72 heures, les participants, internés dans ce centre catholique, ont été formés sur les différentes étapes du processus électoral dans leur pays. Il a été question pour les orateurs des différentes communications, notamment M. Christian Mokuza de la Division des droits de l’Homme de l’Onuci, Mme Nathalie Kouakou, présidente Amnesty Côte d’Ivoire, et Kangoyé Ismaela, porteur du projet Edh (Education aux droits humains), d’interpeller les jeunes sur leur rôle avant, pendant et après les élections dans la parfaite connaissance de leurs droits et surtout de leurs devoirs. Et ce, pour éviter, ont-ils précisé, «d’être manipulés, entraînés dans les rues par les hommes politiques et s’adonner à des actes de violence». Revenant au contexte, ils ont indiqué que longtemps considérée comme un havre de paix et de stabilité en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire est entrée à la fin des années 1990, dans un cycle de violence marquée par la multiplication des coups d’Etat et des mouvements de rébellion. Cette longue période a, selon les formateurs, a atteint son paroxysme avec la crise post- électorale de 2010 qui a fait plus de 3000 morts. Ils ont rappelé que les jeunes ont d’ailleurs pris une part active à cette crise. Considérant que la jeunesse représente 77,7% de la population ivoirienne (Rghp 2014), et qu’elle constitue un vivier électoral, ils ont mis en exergue la nécessité de renforcer les capacités des jeunes sur leurs droits fondamentaux pour une meilleure participation aux prochaines élections. Au terme de cette formation, plusieurs motions ont été rédigées. Dans celle relative à la liberté d’opinion, la présidente d’Amnesty Côte d’Ivoire a exhorté les gouvernants à prendre une mesure de libération générale en faveur de ceux qui sont incarcérés pour des faits politiques et syndicaux. «Amnesty ne lutte pas pour les prisonniers de droits communs mais plutôt pour ceux dits d’opinion. Nous allons poursuivre le travail de lobbying et de plaidoyer en faveur de ces prisonniers. Nous voudrions d’ici appeler le président Alassane Ouattara à libérer tous les détenus d’opinion. Il s’agit des détenus politiques non encore jugés, ceux qui ont bénéficié de non lieu mais qui restent encore incarcérés parce que n’ayant pas à ce jour, eu leur titre de sortie et les 24 syndicalistes du ministère du Commerce écroués à la Maca pour fait de grève», a-t-elle précisé. Elle a ajouté que cette mesure permettra de dé- crisper la tension autour des élections. «C’est une préoccupation que des acteurs politiques soient en détention prolongée, sans jugement. C’est une menace sérieuse pour des élections inclusives et apaisées. Si le pouvoir veut que tous les Ivoiriens profitent de ses bonnes actions, des infrastructures réalisées, il faut libérer tous les prisonniers politiques avant les élections», a-t-elle conclu.
TRAORE Tié
Source : L’Inter N°5142 du Mardi 04 Août 2015