(FratMat, 4 juin 2013) – Le Président français, François Hollande, reçoit, demain, le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.En présence de plusieurs personnalités parmi lesquelles, le Président Alassane Ouattara et son aîné, Henri Konan Bédié.

 francois hollande

A peine la commémoration du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir achevée, début mai, que le Président français, François Hollande, reçoit, demain, des lauriers qui viennent rendre hommage à sa politique africaine. Notamment celle relative à la lutte pour la paix et la stabilité sur le continent noir. Un communiqué du Secrétariat exécutif du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à l’Unesco à Paris énonce les faits qui ont milité en faveur du Chef de l’Etat français.

François Hollande s’est vu attribuer ce prix pour «sa haute contribution à la paix et la stabilité en Afrique», a précisé le communiqué. Précisant que le jury a apprécié «la solidarité manifestée par la France à l’égard des peuples africains» avec son intervention au Mali. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ajoutera qu’en 24heures, le Président Hollande a décidé, le 11 janvier dernier, d’engager l’armée française au Mali afin de faire barrage à l’avancée des groupes islamistes radicaux armés vers Bamako.

Hollande accueilli en sauveur au Mali

Felix-Houphouet-Boigny

Le Président Félix-Houphouet-Boigny

Quelque 4000 soldats français ont été envoyés au front dont 6 ont trouvé la mort depuis le début des opérations. Le 2 février 2013, le Chef de l’Etat français s’est rendu au Mali pour encourager ses troupes. Mais aussi pour soutenir le peuple et les autorités maliens dans la douloureuse épreuve qu’ils traversent depuis la généralisation de la crise, le 21 mars 2012 avec une attaque armée menée par des militaires conduits par le capitaine Amadou Sanogo. Ils ont renversé Amadou Toumani Touré qui était à deux mois d’achever son second mandat et rendre ainsi son tablier.

A son arrivée au Mali, François Hollande a été accueilli en sauveur par des populations qui attendaient toujours le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma).Les nombreux efforts déployés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et son président, SEM. Alassane Ouattara, de même que par les autorités maliennes, se heurtaient à la lancinante question de moyens.

C’est ainsi que, répondant à l’appel à l’aide du Président Dioncounda Traoré et son gouvernement et faisant suite à l’offensive diplomatique du Président Ouattara, la France décide de passer à l’acte à travers l’opération Serval pour stopper l’avancée des Djihadistes vers la capitale Bamako. Les soldats français seront suivis, quelque temps après, par ceux du Tchad et d’autres Etats africains dont la Côte d’Ivoire. L’hommage rendu au Président français est d’autant plus justifié qu’il n’a pas tenu compte des critiques de certaines autorités du monde occidental. On se souvient, en effet, des propos de Michael Sheeden, conseiller du secrétaire d’Etat américain, qui disait que la «force de la Cedeao est totalement incapable» et «n’a pas été à la hauteur». Face à ces critiques, le Président Ouattara a plaidé, le 11 avril, à l’Elysée «des circonstances atténuantes» pour ces troupes de la Cedeao.

Une par tie des effectifs sera maintenue en Afrique de l’ouest

La France est restée constante dans son soutien à la lutte contre le terrorisme. Et singulièrement contre les velléités de sécession au Mali dont la partie septentrionale était occupée par des djihadistes et le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) qui proclament unilatéralement l’indépendance de la région de l’Azawad, le 6 avril 2012. Le 31 mai dernier, François Hollande est revenu sur la fin de l’opération Serval en confirmant que les militaires français, à l’exception d’un millier d’hommes, quitteront le Mali d’ici à la fin de l’année.

Cependant, une partie de ces effectifs sera maintenue en Afrique de l’ouest, précise Paris. «Il y a un retrait du Mali en tant que tel (…) Mais nous serons non loin des lieux où nous pensons qu’il peut y avoir un risque terroriste pour intervenir de la manière la plus efficace », a précisé le Président français, le 31 mai. Ajoutant qu’il est de la responsabilité de la France et de l’Europe d’assurer la formation, d’«éduquer et encadrer» une force d’intervention africaine. Pour ce qui est de l’élection présidentielle au Mali, la France entend aider à son organisation et sa tenue, le 28 juillet 2013.

Le Président français succède à l’Ong argentine «Les Grands-mères de la Place de Mai», lauréate 2010 en reconnaissance de son combat depuis plus de 30 ans en faveur des droits de l’homme, de la justice et de la paix. Il est le 8e Chef d’Etat en exercice, si l’on y associe le Président de l’Autorité de la Palestine, à recevoir le prix. Ces prédécesseurs sont: Frederik Willem de Klerk (Afrique du Sud, 1991) ; Yasser Arafat (Palestine, 1993) ; Alvaro Enrique Arzu Irigoyen (Guatemala, 1996); Fidel V. Ramos (Philippines, 1997) ; Kay Rala Xanana Gusmao (Timor-Leste, 2002) ; Abdoulaye Wade (Sénégal, 2005) ; Luiz Inacio Lula Da Silva (Brésil, 2008).

ABEL DOUALY

 

Les lauréats depuis 1991

 mandela1991 : Nelson Mandela (président du Congrès national africain) et Frederik De Klerk (Président de la République d’Afrique du Sud).

Ces deux personnalités de la République d’Afrique du Sud ont contribué à mettre fin en 1990 au système d’apartheid dans leur pays.

1992 : L’académie de droit international de la Haye

Depuis 1923, cette institution dont le siège se trouve à La Haye, aux Pays Bas, œuvre, à travers le droit, à l’établissement de la paix dans le monde.

1993 : Yasser Arafat (Président de l’autorité palestinienne), Ytzhak Rabin (Premier ministre d’Israël), Shimon Peres (ministre des Affaires étrangères d’Israël)

Ces trois personnalités ont contribué, il y a quelque temps au dégel des relations entre la Palestine et Israël. ‘’Nous avons conclu que cette année, naturellement, l’évènement le plus spectaculaire et le plus important a été de loin l’accord entre les Palestiniens et Israël ’’, Ce sont les mots du président du jury, Henri Kissinger, à la cérémonie de remise du prestigieux prix.

1994 : S.M Juan Carlos I, (Roi d’Espagne) et Jimmy Carter (ancien Président des Etats-Unis d’Amérique).

Pour les membres du jury, cette année a été marquée par les actions de Sa Majesté, Juan Carlos et de l’ancien Président Jimmy Carter : ‘’ Nous avons d’abord choisi S. M. le Roi d’Espagne, en raison de son rôle de garant de la transition vers la démocratie, de sa contribution constante à la protection des minorités dans l’évolution vers la démocratie et pour le rôle international de conciliation joué par l’Espagne. Le second lauréat est le Président Jimmy Carter, qui, en sa qualité de président du Centre Carter et à titre personnel a, en de nombreuses occasions, contribué à la recherche de la paix dans plusieurs régions du monde et a réussi, en tant que simple citoyen, à apporter sa contribution à la paix avant même que le gouvernement de son pays ne l’ait invité à le faire ’’

1995 : Mme Sadako Ogata (Haut-commissaire des nations unies pour les réfugiés et le Hcr)

Le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la paix a été attribué cette année à la Japonaise Sadako Ogata, ancienne doyenne de la faculté des études étrangères de l’université de Sophia à Tokyo Japon, Haut-commissaire des nations unies pour les réfugiés et le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés.

1997 : Fidel V. Ramos (Président de la République des Philippines) et Nur Misuari (Président du Front de libération nationale moro (Mnfl), Philippines)

Cette année, les membres du jury avaient décidé d’appuyer le processus de paix aux Philippines

1998 : Sheikh Hasima (Premier ministre de la République populaire du Bangladesh) et Georges J. Mitchell (Sénateur américain, ancien Conseiller spécial du Président des Etats-Unis d’Amérique pour les Affaires irlandaises)

Pour Sheikh Hasima, Premier ministre de la République populaire de Bangladesh, c’est la reconnaissance des actions en faveur de la paix. Le 2 septembre 1997, elle a signé un accord de paix avec les rebelles du Chittagong, mettant ainsi fin à 25 ans de guerre civile dans cette région de son pays. Quant au Sénateur américain, il a permis aux protagonistes de la crise irlandaise de parvenir à l’Accord du vendredi saint signé au Palais de Stormont à Belfast en Irlande du nord, le 10 avril 1998

1999 : La Communauté Sant’Egidio

La Communauté Sant’Egidio s’est illustrée dans la conciliation en Algérie, au Mozambique, en Guinée-Bissau et en Yougoslavie. Ce prix venait également appuyer les efforts de ses hommes de Dieu dans la réconciliation œcuménique de toutes les religions.

2000 : Mary Robinson (Haut-Commissaire des nations unies aux droits de l’homme)

Cette femme refusait d’inaugurer les chrysanthèmes dans son Irlande en pleine mutation économique. Très tôt, elle s’est engagée en faveur des défavorisés et des laissés- pour-compte de la planète et qui s’est rendue entre autres en 1992 en Somalie en pleine famine, puis au Rwanda avant et après le génocide de 1994.

2003 : Dr Mustafa Ceri (Grand Mufti de Bosnie) et le Cardinal Roger Etchegaray (Président Emeritus du Conseil pontifical «Justice et Paix»)

Ces deux personnalités ont œuvré en faveur du dialogue entre les religions, la tolérance et la promotion de la paix dans le monde. Selon le jury, le dialogue interreligieux constitue un des fondements essentiels de la compréhension entre peuples et les nations.

2005 : Abdoulaye Wade (Président de la République du Sénégal)

Homme de loi, l’ancien Président du Sénégal a été récompensé pour sa contribution à la démocratie dans son pays et ses médiations dans les conflits politiques de la région

2007 : Martti Ahtisaari (Président de la République de Finlande)

Le Prix Félix Houphouët-Boigny a été attribué à M. Martti Ahtisaari pour le combat de toute une vie au service de la paix dans le monde. Il a contribué à mettre fin au conflit dans la province d’Aceh en Indonésie. En 2008, il a été prix Nobel de la paix.

2008 : Luiz Inacio Da Silva (Président du Brésil)

Pour sa contribution à l’éradication de la pauvreté, à la protection des droits des minorités dans son pays, ainsi que pour son action en faveur de la paix, du dialogue et de la démocratie en Amérique Latine, l’homme d’Etat brésilien s’est vu décerner le prix portant le nom du bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne.

2010 : Les Grands-mères de la place de mai

L’Ong a été fondée en 1977 en Argentine, un an après le coup d’Etat de mars 1976. Son but était de retrouver les enfants voler par la dictature militaire et les rendre à leurs familles légitimes. Selon les membres du jury, c’est la récompense de plus de 30 ans de lutte en faveur des droits de l’homme, de la justice et de la paix.

ÉTIENNE ABOUA