Communiqué de presse
Le lundi 31 Août 2020, c’est dans une liesse populaire qu’une grande foule a assisté au dépôt de la candidature du Président Laurent GBAGBO à l’élection présidentielle du 31 Octobre 2020 portée par de nombreux partis politiques regroupés au sein de la plateforme « Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS) » ainsi qu’une grande partie de la société civile. L’élan de réjouissance populaire qui a marqué ce dépôt de sa candidature exprime, si besoin en était, la forte attente de l’ensemble de la population ivoirienne du retour du Président Laurent GBAGBO qui est tenu hors de son pays depuis plus de 9 années. Le Président Laurent GBAGBO se félicite de cet élan de solidarité national à son endroit, remercie sincèrement le peuple de Côte d’Ivoire et, en particulier, tous les partis politiques ainsi que les personnalités d’opinion et les organisations de la société civile qui ont porté sa candidature.
Alors que les Ivoiriens, heureux de cette candidature, scrutent le futur avec une nouvelle espérance, le 02 septembre 2020, monsieur Sidi Tiémoko Touré, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, profitant du plateau de la chaine de télévision France 24, s’est permis de porter des accusations très graves contre le Président Laurent GBAGBO. En effet monsieur Sidi Touré a accusé le Président Laurent GBAGBO d’avoir braqué la BCEAO et emporté des fortes sommes d’argent, dont une partie transférée au Ghana, a servi à déstabiliser la Côte d’Ivoire. Ces accusations sont inacceptables et relèvent de la pure diffamation si l’on accorde à son auteur le strict minimum de connaissance du fonctionnement de l’Etat. Autrement, elles procèderaient d’une grande inculture qui n’est pas, non plus, tolérable au niveau de responsabilité qu’est celui de son auteur. La récurrence de ces accusations, malgré leur caractère invraisemblable, pourrait, à terme, transformer un gros mensonge en une vérité et corrompre ainsi l’opinion ivoirienne. Afin de mettre fin à cette forfaiture intolérable, cautionnée par certains juges ivoiriens, des précisions d’ordre technique s’imposent. Je formule le vœu que ces précisions puissent aider monsieur Sidi Touré et tutti quanti du gouvernement ivoirien, qui s’évertuent à perpétuer ce mensonge, à mieux connaître le fonctionnement d’un Etat. Je parle ici d’un Etat normal, respectueux des lois, tel qu’il a fonctionné jusqu’au 11 avril 2011 sous la houlette du Président Laurent GBAGBO.
L’Etat ivoirien, à travers le Trésor Public, a ouvert des comptes dans les livres de la BCEAO. Le plus important de ces comptes est celui tenu par l’Agent Comptable Central du Trésor (ACCT). Ce compte reçoit chaque jour les recettes collectées par les différents comptables des principales régies financières de l’Etat que sont la Direction Générale des impôts (DGI), la Direction Générale des Douanes (DGD) et, accessoirement, la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor (DGCPT) communément appelé Trésor Public. Ce compte est mouvementé par la seule signature de l’ACCT qui est un haut fonctionnaire de l’Etat et un comptable public supérieur qui occupe le haut rang dans la hiérarchie comptable du Trésor Public. C’est à partir de son compte que tous les autres comptes du Trésor sont alimentés. Les signataires de ces sous-comptes sont tous des comptables publics qui agissent selon le droit budgétaire et sont astreints à des obligations sévères qui engagent leur responsabilité personnelle du double point de vue civil et pénal. Sur la base des fonds mis à leur disposition par l’ACCT, ils effectuent le paiement des dépenses publiques arrivées à maturité après avoir suivi toutes les étapes prévues par la procédure des dépenses publiques.
Par exemple, à la fin de chaque mois, en fonction de la position nette de son compte à la BCEAO, l’ACCT vire sur le compte de celui que tout le monde appelle le Payeur Général, la somme correspondant à la masse salariale arrêtée chaque mois par la Direction de la solde de la Direction Générale du budget. C’est le Payeur Général du Trésor (PGT) qui vire en aval, à partir de son compte crédité en amont par l’ACCT, sur les comptes des fonctionnaires ouverts dans les livres des banques privées les salaires de ceux-ci. Comme l’on peut bien le constater, ni le Ministre de l’Economie, ni le Ministre du budget encore moins le Premier ministre à fortiori le Président de la République ne signent sur des comptes de l’Etat à la BCEAO. Malgré la crise, le Gouvernement du Premier Ministre AKE NGBO a fait fonctionner l’Etat sur fonds propres dans le strict respect du droit budgétaire. Ainsi, les salaires des fonctionnaires des mois de décembre, janvier, février et mars avaient été versés sans aucun concours direct de la BCEAO. Tout juste après l’éviction manu militari du Président Laurent GBAGBO du pouvoir, le gouvernement français avait alloué un prêt de 400 millions d’Euros (environ 263 milliards de FCFA) au gouvernement de monsieur Ouattara pour, dit-on, payer les salaires.
Or, il est constant que lesdits salaires avaient été déjà payés par le gouvernement précédent et aucun fonctionnaire et agent de l’Etat ne se souvient avoir été payé derechef pour les trois mois pour lesquels ils avaient déjà perçu leur salaire. Malheureusement pour les menteurs, la comptabilité, qu’elle soit publique ou privée, est une science exacte. Le mensonge a été rattrapé par l’exactitude de la comptabilité publique.
En effet, depuis bientôt 10 ans, le gouvernement ivoirien est interpellé, en vain, par la Cour des comptes pour régulariser son compte d’avances de trésorerie. Ce compte, qui est réputé d’attente, doit être absolument régularisé en fin d’exercice comme l’exige l’arrêté n° 178/MEF/CAB-01/20 du 13 mars 2009 fixant les modalités de recours aux avances de trésorerie. Cette régularisation est nécessaire pour établir l’harmonie entre les engagements budgétaires et les comptes du Trésor public. Il y va de la sincérité de la comptabilité de l’Etat. Dans son rapport pour la gestion 2018, rendu public, la Cour des comptes a relevé que, non seulement le compte 470 (avances de trésorerie) n’a pas été apuré, mais en plus, il s’est accru. Il est ainsi passé de 102 464 763 097 FCFA à 107 183 088 813 FCFA. Le gouvernement, dans sa réponse, justifie la persistance de ce compte par le fait que le montant inscrit serait les « salaires payés par avances sur la période de crise post-électorale (décembre 2010, janvier 2011, Février 2011) non régularisés du fait de l’ordonnance n°2011-007 du 14 avril 2011, par laquelle l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas reconnu les opérations effectuées au cours de cette période ». Cet argument manque, d’une part, de pertinence tout en révélant, d’autre part, une vérité que les négateurs patentés des évidences du gouvernement ivoirien tentent de nier depuis bientôt dix ans.
L’impertinence de la position ci-dessus exprimée par le gouvernement ivoirien procède de ce qu’il n’a pas eu à payer à nouveau les salaires à ses employés pendant cette période. Dans l’impossibilité de justifier l’usage qu’il a fait des 400 millions à lui alloués par l’Etat français pour payer des salaires qui avaient été déjà payés, le gouvernement ivoirien n’a pas trouvé d’autre parade que la prise de l’ordonnance ci-dessus rappelée. Mais sa propre décision politique a placé le gouvernement lui-même dans une impasse comptable sans issue. Dès lors, la vérité implacable que le gouvernement est obligé d’admettre, à force de relances de la Cour des Comptes, est de reconnaître au moins que les salaires des fonctionnaires et autres agents de l’Etat avaient été dûment payés y compris aux anciens reclus de l’hôtel du Golf et les magistrats ivoiriens qui ont condamné le Président Laurent GBAGBO à 20 ans. Or, il aurait fallu au juge Cissoko Mourlaye de faire éplucher par des experts indépendants les comptes consolidés du Trésor public et de faire le rapprochement avec les comptes de la BCEAO pour se rendre compte qu’il a été régulièrement payé avec l’argent de l’Etat de Côte d’Ivoire et non pas par le fruit d’une opération de braquage de la BCEAO et que, par conséquent, il n’est pas un receleur. Ce qui aurait été tout de même grave pour un magistrat.
Le caractère fallacieux de la condamnation du Président Laurent GBAGBO s’illustre donc par le compte 470 du Trésor Public car aucune alchimie ni magie ne peuvent permettre à un comptable public de passer deux fois la même écriture comptable pour une même dépense sans violer son serment. Le compte 470 du Trésor public, non apuré depuis bientôt 10 ans, témoigne contre le gouvernement ivoirien et établit la preuve que l’administration ivoirienne a régulièrement payé les fonctionnaires ivoiriens et faire fonctionner l’Etat avec le produit des impôts et taxes de l’Etat de Côte d’Ivoire sans que Laurent GBAGBO, alors Président de la République et Chef de l’Etat n’ait besoin de braquer la BCEAO et, à fortiori, d’en utiliser les fonds pour mener des actions déstabilisatrices contre la Côte d’Ivoire à partir du Ghana. C’est donc se couvrir de ridicule et en faire autant à l’Etat ivoirien de dire qu’un Président de la République aurait braqué la banque centrale. Il n’y a jamais eu de braquage à la BCEAO de décembre 2010 au 11 avril 2011 et la BCEAO elle-même le confirme dans tous les audits qu’elle a diligentés pour les besoins de sa propre comptabilité. Dès lors, l’on comprend pourquoi la BCEAO, la réputée victime, n’a jamais porté plainte et ne s’est même pas constituée partie civile dans cette affaire imaginaire. Le gouvernement ivoirien lui aussi confesse, comme nous venons de le révéler, qu’il n’y a jamais eu de sortie frauduleuse de « sacs d’argent » de la BCEAO et remis au Président Laurent GBAGBO.
Certaines charges de l’Etat imposent à leurs titulaires une certaine tenue, au moins au niveau du langage, même si ceux-ci ont la conviction que dans des conditions normales, ils ne seraient pas éligibles auxdites charges.
Pour le Président Laurent GBAGBO
Son Porte-Parole
Le Ministre Justin Katinan KONE