KKB-Konan-Banny

Les candidatures de Charles Konan Banny, de Kouadio Konan Bertin dit Kkb restent incertaines

Sauf reconsidération de leur position actuelle, les candidatures de Charles Konan Banny, de Kouadio Konan Bertin dit Kkb et certainement celles annoncées des autres membres de la Coalition nationale du changement (Cnc), à l’exception de Mamadou Koulibaly, restent incertaines pour le scrutin présidentiel du 25 octobre prochain. A moins de se résoudre à fermer les yeux finalement sur les préalables qu’ils ont soulevés et de décider de se lancer dans la course bon an mal an. Présentement en France où il a procédé le samedi 8 août dernier à l’investiture de la représentation européenne et française du Congrès pour la renaissance ivoirienne (Cri), son parti politique, Jean Enoch Bah, vice-président de la Cnc, a livré un secret lors d’un entretien avec des journalistes. Selon lui, en effet, la Cnc n’irait pas à des élections où les résultats sont connus d’avance. Etant donné, pour lui, qu’aller au scrutin du 25 octobre prochain serait délibérément accepter d’aller légitimer «la forfaiture» de l’actuel président. «Aller à ces élections, c’est aider Ouattara dans sa volonté de se déclarer président avec 82% des voix» a-t-il soutenu. Ajoutant que «la Cnc est pour des élections crédibles, crédibles de par la manière de les organiser, crédibles de par l’instrument qui organise l’élection». «Nous ne pouvons pas aller aux élections avec ce Youssouf Bakayoko qui, alors même que les rênes du pouvoir étaient tenues par un autre, n’a pas hésité à aller dans le QG d’un candidat pour proclamer les résultats en faveur de son frère» a-t-il expliqué. M. Enoch Bah a, tout de même, souligné que la Cnc n’est pas opposée à ces élections. «Nous disons que la question de candidature n’est pas à l’ordre du jour», précisera-t-il. Pour lui, à regarder les résultats du dernier recensement électoral auquel certains partis étaient opposés, aller à ces élections serait aller se soumettre aux partisans de Ouattara qu’il a mobilisés unilatéralement pour ce scrutin. Il a jugé le dépôt de candidature du président Ouattara comme «du banditisme politique», étant donné, a-t-il dit, que «Ouattara même sait que l’article 35 l’en empêche». Mieux, il rappelle un arrêt de la Cour suprême non encore cassé, qui avait été pris dans ce sens. «Alors qu’il en avait toute la latitude à la tête du pays avec une Assemblée nationale à ses ordres, ne pas avoir essayé de corriger ces dispositions de la Constitution pour lesquelles lui et Soro Guillaume ont fait la guerre contre la Côte d’Ivoire”, prouve que Ouattara se moque des Ivoiriens et de leur Constitution». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, «une opposition qui se veut sérieuse (étant donné que sa raison d’exister même est la défense de la Constitution), ne peut aller à ces élections». Pour lui, la Cnc ne s’oppose nullement à la candidature du président sortant. Mais, elle demande que le scrutin du 25 octobre soit un référendum où, pour la paix sociale, tous les acteurs de la vie politique vont appeler à voter oui pour débarrasser la Constitution de toutes ses dispositions conflictuelles. M. Enoch Bah met le pouvoir en garde contre toute volonté du président-candidat d’opérer un passage en force. Dans ce cas, prévient le président du Cri, il trouvera sur son chemin la Cnc et certainement, de nombreux Ivoiriens épris de paix et de justice. «Je vous informe, la Cnc travaille à créer les conditions d’une masse critique», a-t-il révélé, invitant le président Ouattara à tirer les leçons de ce qui s’est passé au Burkina Faso.

Blaise BONSIE 

Depuis Paris

Source : L’inter N°5149 du Vendredi 14 au 16 Août 2015