Une cérémonie placée sous le signe du Panafricanisme, pourrait-on dire. L’ombre de Laurent Gbagbo et de Thomas Sankara a en effet plané le samedi 8 août 2015 sur la Cérémonie d’investiture de Pascal Affi N’Guessan, le candidat du FPI à l’élection présidentielle du 25 octobre prochain. Si cette Cérémonie grandiose a laissé des images et des paroles fortes dans les cœurs et dans les esprits des militants de ce parti, elle aura aussi et surtout été l’occasion pour eux de magnifier le combat de ces deux grands hommes, ces deux leaders panafricanistes qui ont été farouchement combattus pour leur attachement à la dignité, à la liberté et à la souveraineté de leur peuple et du peuple africain. À chaque évocation de l’un ou de l’autre des deux illustres noms, la vaste salle du Palais de la Culture de Treichville a vibré sous les applaudissements nourris des participants.
Né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso, anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste charismatique, Thomas Isidore Noël Sankara est un icône indiscutable du Panafricanisme révolutionnaire. Il conduisait une politique d’affranchissement du peuple burkinabé. Son gouvernement avait entrepris des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Iconoclaste, il fut le seul président africain à avoir vendu les luxueuses voitures de fonctions de l’État pour les remplacer par des Renault 5. Ses héritiers rassemblés au sein du mouvement sankariste ont pour ambition de suivre ses traces, de défendre son idéal politique et de se mettre résolument au service du peuple.
Pour marquer leur participation effective à la grande messe politique du samedi dernier et saluer l’espérance nouvelle qui naît en Côte D’Ivoire après la longue et douloureuse crise politico-militaire qui a meurtri le pays, les Sankaristes du Burkina Faso se sont fait représenter par l’un de leurs poids lourds. Nestor Bassière est en effet vice-président du mouvement sankariste. Il a été le président du Comité d’organisation de la Convention d’Union du mouvement qui s’est tenue les 16 et 17 mai 2015 au Palais des Sports de Ouaga 2000 dans la capitale burkinabé en présence de Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara, rentrée d’exil après la chute de Blaise Compaoré et choisie comme Marraine de l’évènement. Neuf formations politiques ont pris part à cette Convention d’Union dont les principaux objectifs étaient de poser les bases d’un parti politique unifié, de se doter d’un emblème et d’un règlement intérieur, de se choisir un candidat unique pour la présidentielle, de constituer une liste unique pour les législatives et les municipales, de s’accorder sur la gouvernance selon les valeurs sankaristes. Il s’agit de l’UNIR/PS, du FFS, de l’URD /MS, PRIT-Lannaya, CDS, ADR, CPR/MP, CNR/MS et la Convergence de l’Espoir.
A ces organisations politiques, s’ajoutent une quinzaine d’organisations de la société civile. On se rappelle qu’à l’issue des travaux de cette Convention historique, ce fut l’avocat Maître Benewendé Stanislas Sankara, jusque-là président du Front Progressiste Sankariste, regroupement de trois partis politiques, qui a été désigné comme candidat unique de l’ensemble de la mouvance sankariste à la prochaine élection présidentielle du 11 octobre 2015.
Benewendé Stanislas Sankara est aujourd’hui donné favori par tous les sondages. Une puissante machine accompagne le candidat des Sankaristes, tout comme celle du FPI et de l’AFD qui accompagne Pascal Affi N’Guessan. Dimanche 11 octobre 2015 au Burkina Faso, dimanche 25 octobre 2015 en Côte d’Ivoire, le mois d’octobre 2015 s’annonce ainsi plein de suspens électoral pour les deux pays voisins. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agira de tourner définitivement la sombre page d’une dictature immonde au service de l’impérialisme et des pouvoirs capitalistes qui ont toujours piétiné les intérêts des peuples africains.
Si pour Affi et le FPI, il s’agit de refermer la parenthèse de sang ouverte par Alassane Ouattara et de redresser la Côte D’Ivoire, pour les Sankaristes du Burkina Faso, il est surtout question de profiter de la transition pour parachever l’alternance après près de trois décennies sous le régime sanguinaire de Blaise Compaoré, de prendre conscience qu’il est temps maintenant de passer à l’insurrection électorale qui doit déboucher sur une forte participation du peuple aux élections et la victoire. La présence effective de leur envoyé à Abidjan, le Député Nestor Bassière, a été le signe manifeste du soutien sans faille que les Sankaristes apportent au FPI, à Laurent Gbagbo comme fondateur de ce parti de combat tout comme à son président et candidat Pascal Affi N’Guessan.
La poursuite des bonnes relations entre le FPI et les Sankaristes se présente ainsi comme un cinglant démenti aux accusations de trahison de la lutte avec lesquelles les frondeurs tentent chaque jour d’accabler le leader du FPI. Thomas Sankara et Laurent Gbagbo, deux destins qui ont marqué l’histoire du Panafricanisme. Benewendé Stanislas Sankara et Pascal Affi N’Guessan, deux hommes qui marqueront l’avenir de leurs peuples.
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco