CNC-banny 

Ce mercredi 5 août, la réunion de la Coalition nationale pour le changement (Cnc) était peut-être «ordinaire mais le contexte politique- ponctué par le dépôt de candidature à la présidentielle d’Alassane Ouattara- l’était moins. Les ténors de la Cnc, à l’exception du patron de Lider, Mamadou Koulibaly et du député de Port-Bouet, Kouadio Konan Bertin, se sont enfermés trois heures durant, dans les bureaux privés de Charles Konan Banny à Cocody-Riviera. Ils ont parlé stratégie et ont remis sur la table leur requête portant sur une «discussion» avec Alassane Ouattara pour arriver à une organisation consensuelle de la présidentielle. «L’Afrique a trop souffert d’élections conflictuelles. La Côte d’Ivoire est un pays majeur. Elle a suffisamment payé pour comprendre les vertus du dialogue préalable», a signifié Charles Konan Banny, vers 19h, au sortir de la réunion. Il a indiqué que la Coalition avait déposé sa charte, sorte de texte fondateur, auprès des autorités, accompagnée d’une lettre dans laquelle, elle demandait au chef de l’Etat de «bien vouloir rencontrer l’opposition». «Nous sommes tous des Ivoiriens. Nous aimons tous ce pays. Nous voulons des élections apaisées. Les Ivoiriens ne veulent plus de blessure, de mort parce qu’il y a des élections. La politique n’induit pas forcément la violence. Si donc il y a des conditions qui nous paraissent devoir être discutées, je pense que la responsabilité des autorités est d’accepter de recevoir l’opposition. J’ai, aujourd’hui même, écrit au président (Alassane Ouattara) pour renouveler notre demande. J’espère, je regarde le président. Je lui demande de bien vouloir accepter de recevoir l’opposition pour qu’on discute. Il n’est pas trop tard. Il est temps que nous nous asseyons pour discuter», a évoqué Konan Banny, désigné naguère président de la Cnc, par ses pairs. Dans leur charte, les parties signataires ont posé des exigences allant de la libération des «prisonniers politiques» à la réforme de la Commission électorale indépendante, en passant par la sécurisation des personnes. Mercredi, Charles Konan Banny a tenu à commenter de récents propos du chef de l’Etat qui a affirmé avoir trouvé un «pays en ruines», à son arrivée aux affaires, en avril 2011. «J’ai entendu le président dire qu’il a trouvé la Côte d’Ivoire en ruines. Je dois dire que j’ai été un peu touché par cette phrase. J’ai été un peu blessé comme beaucoup d’Ivoiriens (…). C’est vrai que nous avons connu des difficultés mais ce qui caractérise la Côte d’Ivoire, c’est qu’elle n’a jamais été en ruines. Grâce au travail de tous les Ivoiriens, nous avons pu surmonter les crises. Et nous allons surmonter toutes les crises qui vont venir, par le biais du dialogue», s’est exprimé M. Banny. Il devait ajouter à l’endroit de son potentiel adversaire lors du scrutin d’octobre : «Il faut donc, dans nos propos, plutôt que de créer des situations de gêne, que nous rassemblions. Je ne donne de leçon à personne. En tant que citoyen, j’ai été un peu étonné d’entendre cela. La Côte d’Ivoire n’a jamais été en ruines. J’ai compris aussi cela comme une injustice par rapport à tous les pionniers qui ont bâti ce pays». Lorsqu’il lui a été demandé de se prononcer sur le dépôt de candidature d’Alassane Ouattara, Charles Konan Banny est demeuré égal à lui-même, imprévisible et un tantinet agacé : «je ne suis pas commentateur. Ces sont les journalistes qui sont commentateurs. Je suis acteur politique». Laurent Akoun, Jean Jacques Béchio, Innocent Anaky Kobenan et Martial Ahipeaud étaient présents à la réunion.

Kisselminan COULIBALY

Source : L’Inter N°5144 du Jeudi 06 au 09 Août 2015