Après sa rencontre avec le président français, Ouattara range le Fpi au garage
(L’Expression, 13 – 14 Avril 2013 ) – Le président Alassane Ouattara, au sortir de son tête-à-tête, jeudi, avec son homologue français, François Hollande, à l’Elysée, a encore une fois tendu la main aux Ivoiriens en exil. Non sans regretter ses vains efforts de rapprochement avec le parti de Gbagbo.
Le président Ouattara n’a pas fait dans la dentelle. Jeudi, après son troisième tête-à-tête avec François Hollande depuis son arrivée à la tête de l’Etat français, le président ivoirien a exprimé son ras-le-bol devant l’attitude du Front populaire ivoirien (Fpi) relativement au processus de réconciliation nationale, et particulièrement à son refus de participer aux élections locales du 21 avril. « Ses membres se présentent sous l’étiquette d’indépendants. J’ai fait toutes les concessions à l’opposition. Le Premier ministre a rencontré le Fpi à plusieurs reprises. Il a décidé ne de pas participer. On ne peut pas obliger un citoyen ou un parti politique à aller aux élections. Je le regrette toutefois », a déploré Alassane Ouattara, dans son adresse aux médias. Mais le N°1 ivoirien ne s’est pas arrêté là. Il continue de tendre la main à ses compatriotes encore en exil. « On avait plus de 350 000 personnes hors du pays voilà deux ans. Nous avons moins de 60 000 aujourd’hui qui se trouvent essentiellement au Liberia et au Ghana. Je leur demande de rentrer (…). Certains avaient des appréhensions et ont été accueillis par les forces de sécurité. Nous continuons de faciliter le retour de ceux qui veulent revenir, même s’ils ont des choses à se reprocher. S’il y a des mandats d’arrêt à leur encontre, ils se présenteront plus tard devant la justice », a précisé le chef de l’Etat. Pour le président Alassane Ouattara, la page de la crise postélectorale, sanctionnée par l’arrestation de l’ancien président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, est tournée. Le chef de l’Etat entend désormais avancer et faire avancer son pays, pour le bonheur de ses compatriotes. « Le pays est en plein chantier et connait un boom sans précèdent avec une croissance de 10 % l’année dernière, une inflation à moins de 2 % et un déficit budgétaire de moins de 3 %. Des emplois se créent tous les jours. C’est un train qu’il ne faut pas manquer », a exhorté le président de la République. Si le Fpi sait lire entre les lignes, il doit bien comprendre le discours du chef de l’Etat. En effet, Alassane Ouattara qui reconnaît avoir fait toutes les concessions au Fpi, n’est plus disposé à se préoccuper des jérémiades de l’ancien parti présidentiel, alors que les populations qui l’ont élu attendent qu’il leur apporte un mieux-être.
Les pro-Gbagbo déboussolés
Contrairement au président du Fpi, Miaka Ouretto, qui proposait sur Onuci-FM, le report des municipales et régionales à 2014, le président Ouattara sait qu’il a un mandat à défendre en 2015. Pour apporter le bonheur aux populations, il compte sur les maires et présidents de conseils régionaux qui se chargeront de poursuivre la mise en œuvre de son programme de développement à Abidjan comme à l’intérieur du pays. « Le Fpi qui rêve d’aller à la présidentielle de 2015 veut faire tourner en rond le président, pour ne pas lui permettre d’atteindre ses objectifs de développement, pour qu’il soit mal jugé par les populations », a analysé un haut responsable du Rhdp, sous le couvert de l’anonymat. C’était la troisième rencontre entre les présidents ivoirien et français, depuis que François Hollande a été élu à la mi-2012 à la tête de la France. En moins d’un an, le président socialiste, François Hollande, rencontre à L’Elysée le président libéral Alassane Ouattara. Ce qui était quasiment inimaginable pour les pro-Gbagbo, à l’arrivée du Français au palais présidentiel. Pour ces illusionnistes d’une autre ère, le nouveau président français ferait sauter le président ivoirien démocratiquement élu le 28 novembre 2010. Malheureusement pour eux, leurs chimères sont restées en l’état. Les deux hommes se vouent respect et travaillent non seulement pour l’amélioration des relations entre leurs deux pays, mais aussi pour le bonheur de leurs peuples. Mais au-delà, la question de la paix et de la sécurité dans la sous-région ouest-africaine est une préoccupation commune pour les deux hommes d’Etat. Ceux qui avaient prédit des relations brumeuses et tumultueuses entre Abidjan et Paris au lendemain de l’accession à la magistrature suprême de François Hollande, et promis la libération immédiate de Laurent Gbagbo de la prison de La Haye, souffrent actuellement d’une douleur presque mortelle, rien qu’à voir les deux chefs d’Etat échanger constamment en France ou au téléphone. Ces pro-Gbagbo, pour la plupart, se rendent finalement à l’évidence, que leurs rêves ne pouvaient guère être réalité. Il est donc temps pour eux de se raviser afin de ne pas manquer le train du développement, évoqué par le président Ouattara lui-même.
Par Ouattara Abdoul Karim