J’ai beaucoup de respect pour votre personne. Je suis toujours émerveillé par la qualité de votre intelligence politique. L’époque troublée nous a ouvert définitivement les yeux. Aucune théorie même kabbalistique n’aura plus de prise sur nos consciences individuelles. Aucune doctrine même savante ne nous poussera à renoncer à nos droits naturels. La dialectique, cet “enfer” de la “piètre pensée” selon le mot de Brice Parain et explicitée par Dominique Lecourt est morte à Adebem, à Okrouyo, à Nahibly, à Anokoi Kouté. Nous nous sommons dorénavant à prendre les rênes de notre destin.
Je m’oblige à vous dire sans précaution particulière, au moment où vous êtes soumis à toutes les pressions invraisemblables, que les frontières actuelles du territoire colonial français de la Côte d’Ivoire sont la racine de notre tragédie.
Le dialogue politique avec Houphouet a échoué. Le forum de la Mémoire a échoué. L’aggiornamento politique de Linas-Marcoussis a échoué. Les Etats généraux de la République que vous préconisez sont une démission intolérable – ils portent tous les germes objectifs du chaos.
La seule solution crédible et durable, c’est sortir des frontières actuelles. C’est détruire en nous et partout le système génocidaire qui régente nos vies. Le françafricanisme ou françafricanité qui nous tue n’est ni moralisable, ni réformable, ni gérable. Il est fondamentalement incompatible avec notre nature et notre civilisation Badwê.
Dans ces conditions, la Côte d’Ivoire doit être partagée en quatre territoires. C’est ce que le Président Laurent Gbagbo nous a dit de façon subliminale le 5 décembre 2011 lorsqu’il a revendiqué “malheureusement” la langue française comme sa “langue maternelle” avant de préciser sa pensée et sa vision de notre patrimoine identitaire le 28 février 2013 en décrivant les quatre pouvoirs de la monarchie ou la royauté Akan, le “pouvoir éparpillé” de l’Ouest, la théocratie des Malinké au pied de la Mosquée et l’animisme Senoufo du Bois Sacré.
On le voit bien, notre Kanegnon a dit que le territoire colonial français de la Côte d’Ivoire c’est quatre nations, quatre civilisations, quatre projets ou voisins politiques, quatre religions et ou spiritualités. Il en a tiré les conclusions dites de la Démocratie, de la Loi et de l’Etat républicain. Ces préconisations, je viens de les décrire comme des enseignements caducs et tragiques pour nos frêles vies, pour notre peuple et pour nos territoires naturels et historiques. Parce qu’elles ont posé les frontières actuelles comme le résultat de nos histoires conscientes. Nous savons tous les mécanismes et les philosophies sanguinolentes qui les fondent.
Je reprends. La Côte d’Ivoire est notre négation la plus achevée. La Côte d’Ivoire biffe notre Dignité d’hommes et de nations différenciées. Elle doit être partagée comme le fut la Palestine en 1947. Elle doit être partagée comme l’ont été la Serbie, la Tchécoslovaquie, l’Union indienne et près de nous le Soudan!!!
C’est ça l’horizon de paix. C’est ça notre réconciliation avec nous-mêmes et avec toutes les nations noires et du monde. Toute autre solution sera source de pogromes et de violences irrationnelles.
Naako de Naako
Le jour se lève toujours