Ce n’est plus un secret pour personne. Les élections municipales et régionales, en Côte d’Ivoire, se tiendront le 2 septembre 2023, sur toute l’étendue du territoire national. Sauf un éventuel report dû aux contingences. En ces temps qui tanguent déjà sous les vagues des pré-campagnes, il apparaît opportun de marquer un arrêt, pour déciller les yeux face à un phénomène qui s’ancre de plus en plus dans les habitudes.

En Côte d’Ivoire, les campagnes électorales riment avec la confection de milliers de T-shirts et casquettes. Ces équipements sont gracieusement offerts aux électeurs par les candidats. Le jour du scrutin, certains aspirants vont même un peu plus loin. Ils proposent aux votants des sommes d’argent variant entre 5 000 F CFA et plus. Toutes ces initiatives dénotent de la volonté manifeste des candidats de séduire le lectorat, en vue de leur victoire.

Dans un contexte marqué spécialement par le paupérisme et l’analphabétisme d’une bonne partie des populations, la mayonnaise ne tarde pas à prendre. Taraudés par les soucis pour certains, dépourvus de lucidité ou d’esprit critique pour d’autres, des électeurs se ruent vers les urnes, par simple fanatisme ou devoir de reconnaissance vis-à-vis d’un prétendu bienfaiteur.

En pareilles circonstances, on ne cherche plus à savoir qui des candidats en lice a le meilleur profil, le meilleur programme, pour aider à relever les divers défis de la circonscription.

Mais en réalité, de tels actes sont loin d’être simples. Pour un T-shirt ou une somme de 5 000 F CFA, on permet à autrui de présider à la destinée d’un peuple durant cinq ans. Avec tous les avantages liés à ce poste. Si l’on fait un petit calcul, en bradant sa voix contre 5 000 F CFA, cela exprime qu’en cinq ans, l’élu donne à l’électeur 1000 F CFA par an. Eh oui ! C’est ce que tout le monde doit comprendre.

Très souvent, c’est à l’approche des échéances électorales que ces candidats se manifestent. Certains, élus depuis leur premier mandat de cinq ans, sont quasiment devenus des zombies, invisibles nulle part. Ce sont en réalité des flagorneurs, des gens très habiles dans la flatterie. Sans programmes concrets, dédaigneux des réalités que vivent les populations, leur seule arme demeure la séduction subtile.

Le 2 septembre 2023, c’est dans pratiquement deux mois, deux semaines. Les difficultés du moment paraissent certes intenables. Elles sont même source de confusion, de troubles. Mais face à ces vendeurs d’illusions, mieux vaut garder sa sérénité. Ils peuvent proposer 5 000 F CFA, voire 10 000 F CFA et plus, en échange des voix. Il n’y a qu’une chose à faire, les ignorer !

Pour ceux qui ne peuvent pas résister à la tentation, prenez ce que ces affabulateurs vous donnent et faites-en ce que bon vous semble ! Mais de grâce ! Ne les votez pas ! Donnez plutôt vos voix à celui ou celle qui est proche de vous, partage votre quotidien, donc capable d’aider votre ville, votre région, à aller de l’avant !

Roger Kassi (Correspondant)