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(Fraternité Matin, 23 décembre 2013) –  Le Président de la République, Sem Alassane Ouattara, vient d’achever, sa visite d’Etat dans le Bélier et dans le District autonome de Yamoussoukro. En tant que porte-parole du gouvernement, quel commentaire en faites-vous?
Dans l’ensemble, c’est une grande satisfaction parce que l’occasion était belle. Et les populations l’ont saisie. Le Chef de l’Etat également. Le Président de la République souhaitait communier et communiquer avec les populations. Elles sont sorties massivement à chacune des étapes pour aller à sa rencontre le remercier, l’encourager dans sa difficile mission, lui témoigner leur affection. A chaque étape, les messages ont été forts, profonds. Le Chef de l’Etat a pu entendre les populations, toucher du doigt leurs réalités. Ce sont des visites dont le principe est désormais adopté par les Ivoiriens et qui sont attendues avec impatience par les populations.
Le fait que cette visite ait cette fois concerné la région du Bélier et le District de Yamoussoukro, terres du père de la Nation ivoirienne, a donné une envergure supplémentaire et une symbolique encore plus forte.

Le Président pourra-t-il visiter toutes les régions surtout que des gens disent avoir l’impression que s’il ne visite pas une région, celle-ci ne se développe pas ?

Une chose est sûre, le Président a décidé de visiter toutes les régions de la Côte d’Ivoire. C’est un engagement qu’il a pris. Une programmation est faite, et d’ici à la fin de son mandat, toutes les régions seront visitées. En revanche, quand vous dites qu’il faut attendre la visite du Chef de l’Etat dans une région pour qu’elle se développe, c’est une erreur. La Côte d’Ivoire est en chantier partout, y compris dans les régions qui n’ont pas encore été visitées. Les exemples sont nombreux; les ponts de Bouaflé et de Jacqueville, la route Agnibilékro/Abengourou, le barrage de Soubré, le bitumage des rues de San Pedro, les nombreux projets du Ppu… La visite permet d’accélérer un certain nombre de travaux urgents, surtout au niveau de l’eau, de l’électrification, du plateau sanitaire etc. Mais des travaux d’envergure se réalisent sur toute l’étendue du territoire.

Hormis le Président de la République, on ne voit pas les ministres visiter les régions. A quoi cela est dû ?

Mais si. Les ministres vont dans les régions. Evidemment, la visite d’un ministre ne bénéficie pas de la même couverture médiatique que celle du Président. La Côte d’Ivoire est au travail partout. Les ministres sont tenus d’être partout où s’exerce l’activité gouvernementale. Je fais, par ailleurs, noter qu’après chaque visite d’Etat, un dossier est confectionné, par région, département, sous-préfecture, voire par village, et les engagements pris par le Chef de l’Etat classés par département ministériel. Et les ministres sectoriels ont l’obligation de s’assurer que les engagements les concernant sont effectivement tenus. il est illusoire de penser qu’un ministre peut rester scotché dans son bureau et réussir sa mission…

Puisque vous parlez de travaux dans tout le pays, focalisons-nous, un tant soit peu, sur l’autoroute, inaugurée récemment et qui constitue un des investissements structurants du pays. Partagez-vous l’espoir selon lequel elle va booster les activités économiques ?

Absolument. L’ouverture de l’autoroute est un vrai symbole à plusieurs titres. Il faut savoir que cette autoroute a été pensée et démarrée par le Président Félix Houphouët- Boigny dans les années 1980. Aujourd’hui, elle est achevée et inaugurée par l’un de ses fils, le Président Alassane Ouattara, qui reprend le flambeau du père. C’est une preuve de plus que notre pays se modernise et se dote d’infrastructures à la hauteur de ses ambitions. C’est également la jonction entre la capitale économique et la capitale politique. Yamoussoukro est la capitale politique de notre pays depuis 1983. Mais le mauvais état de la route a malheureusement été un frein à la mise en œuvre effective de cette volonté du Président Félix Houphouët-Boigny. Aujourd’hui, l’ouverture de cette autoroute va permettre d’accélérer le processus de transfert de la capitale ; ce qui est une bonne chose.
Enfin, cette autoroute est probablement la voie le plus empruntée de notre pays. Le confort et le gain de temps qu’elle permet vont simplifier la vie à tous ceux qui l’empruntent quotidiennement, qu’ils soient du nord, du centre, de l’est, ou de l’ouest.
Cette autoroute est donc un vrai facteur d’union, de rapprochement entre les Ivoiriens, et au-delà, elle permettra une meilleure intégration au plan sous-régional ; ce projet entrant dans les grands travaux d’infrastructures destinées à faciliter la circulation des biens et services dans la sous-région ouest- africaine.

S’agissant de cette autoroute, vous avez parlé de son concepteur, Houphouët-Boigny. Puis de celui qui l’a achevée, le Président Alassane Ouattara. Mais vous ne parlez pas de l’ancien Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, qui l’a commencée. Ne donnez -vous pas l’occasion à ceux qui disent que vous vous accaparez ses réalisations, comme le pipeline Abidjan-Yamoussoukro qui est son œuvre de se conforter dans cette idée ? Du reste ; que répondez-vous à ces jugements ?

Vous savez, la gestion d’un pays est une continuité. C’est une suite logique. Il n’est pas anormal qu’un Chef de l’Etat ait pensé quelque chose, qu’un autre l’ait démarré et qu’un troisième l’achève. Dans le monde entier, cela se fait. Laurent Gbagbo a d’ailleurs lui aussi eu à terminer des projets démarrés par ses prédécesseurs. Cela dit, il faut savoir que le plus important, c’est la capacité à terminer ces projets, même quand ils ont été pensés ou démarrés par d’autres. Le Président Ouattara fait en sorte de penser des projets et de les réaliser. Et même quand il fait des promesses, il fait en sorte que leur réalisation tienne dans le temps de son mandat actuel ou dans le second. Pour dire que ce ne sont pas des promesses en l’air. C’est d’ailleurs l’un des intérêts d’avoir renoué avec la planification à moyen et long terme, qui permet de mieux savoir où nous allons et comment, et de mieux fixer les priorités.

A peine cette autoroute ouverte qu’on déplore déjà beaucoup d’accidents ? Des mesures vont-elles être prises à cet effet ?

Soyons clairs, l’autoroute n’est pas la cause des accidents constatés, bien au contraire. Cela dit, nous invitons les Ivoiriens à respecter le Code de la route, et notamment la limitation de vitesse. Il faut évidemment avoir des véhicules en bon état, il faut que les conducteurs soient dans un état normal pour conduire. Il ne faut pas qu’ils soient fatigués, leur conduite doit être responsable… Un travail de sensibilisation des usagers va être entrepris dans les prochains jours par le ministère des Transports. La police et à la gendarmerie devront de leur côté, veiller au respect strict du Code de la route par les automobilistes.

A quand la mise en oeuvre du péage et combien va-t-il coûter aux usagers?

Les structures concernées sont en train de réfléchir au niveau optimal de la tarification à appliquer. De toutes les façons, le péage ne sera pas mis en oeuvre avant le début de l’année prochaine. Il faut donc voir la gratuité actuelle comme un cadeau de Noël…

A propos du dialogue avec l’opposition, où en êtes-vous à l’heure où nous parlons?

Le dialogue avec l’opposition est un processus, qui peut être plus ou moins long. Ce sont des discussions qui ont lieu chaque jour, certaines fois à la lumière et d’autres fois en dehors des caméras et des micros. L’ambition du Chef de l’Etat, c’est de faire en sorte que les Ivoiriens se rassemblent autour d’idéaux communs que sont la paix, la sécurité, l’amélioration des conditions de vie des populations, le rayonnement international de la Côte d’Ivoire, etc. Cela contribuera à donner une image d’ensemble, qui rassurera nos partenaires. Même les populations ivoiriennes ont besoin de ce climat apaisé pour vaquer tranquilement à leurs occupations, travailler ou produire. A cet effet, les exilés sont tous les jours appelés à rentrer au pays. Donc ce dialogue avec l’opposition se poursuit de la meilleure façon, à travers le Cadre permanent de dialogue (Cpd) d’une part, et à travers le dialogue direct avec le Fpi d’autre part. Nous avons tous été témoins de la rencontre récente entre le Fpi et le Rdr, de la dernière visite du Fpi au ministre d’Etat Hamed Bakayoko. Ce type d’évènement ne tombe pas du ciel. C’est la preuve aussi que les négociations et discussions avancent dans le bon sens et que la méfiance s’estompe peu à peu. Le rôle du gouvernement est de rassembler les Ivoiriens et de les mettre au travail. Nous souhaitons une opposition républicaine, qui participe à ces discussions en ayant à l’esprit l’intérêt national.

Mais le Fpi propose un cadre plus formel à travers les Etats généraux de la République. Apparemment, le gouvernement n’y est pas favorable. Pourquoi ?

Le Chef de l’Etat a clairement déjà répondu à cette question. Vous savez, quand on a plusieurs fois expérimenté une chose et qu’elle n’a pas donné les résultats escomptés, il faut essayer d’autres voies. Les états généraux de la République ressemblent fortement au forum de la réconciliation de 2001. Ces états généraux tels que proposés n’apporteront pas plus que les discussions de sortie de crise de Marcoussis, d’Accra I et II, de Lomé I et II, de Pretoria I et II, de Ouagadougou, etc. Ces espaces d’échanges ont permis de traiter à très haut niveau, avec souvent l’assistance de pays amis, la plupart des sujets qui divisaient les Ivoiriens. Les incidents qui ont, malgré tout, eu lieu après les élections de novembre 2010, ne viennent pas, il faut le dire, d’une défaillance à ce niveau-là. Ces évènements sont dus au refus d’une des parties d’accepter les résultats de la présidentielle. Il faut simplement que nous ancrions désormais notre marche dans les principes de base de la démocratie.

Dans le Bélier, le Président a demandé à l’opposition de se tenir prête pour les prochaines élections. Celle-ci a répondu qu’il faut revoir la composition de la Cei, la mise à jour du fichier électoral… il y a quelques jours, Pr Francis Wodié a dit que c’est maintenant qu’il faut examiner les conditions pour un scrutin crédible et pacifique. Quelle est la réponse du gouvernement à ces suggestions ?

Les élections de 2010 se sont déroulées dans des conditions particulières, après un ensemble de discussions et d’accords entre les acteurs politiques. Celles de 2015 vont se passer dans un contexte différent ; le Chef de l’Etat l’a dit : « les conditions pour des élections transparentes et crédibles seront réunies ». Sur toutes les questions que vous évoquez, les mesures sont en train d’être prises par le Gouvernement pour que les scrutins à venir se déroulent de la meilleure façon.
Mais, à un an de ces échéances électorales, rien de concret n’est encore fait, s’agissant surtout de la recomposition de la Cei, du fichier électoral par exemple.
Le Gouvernement y travaille ; certains de ces sujets font même partie des éléments en discussion avec l’opposition. Le moment venu, les populations seront informées des décisions prises, mais j’insiste, l’objectif largement partagé est que ces élections seront transparentes, inclusives, crédibles, apaisées et reflèteront la volonté de la majorité des Ivoiriens.

Ces derniers temps, beaucoup d’exilés sont rentrés au pays. Est-ce à dire que les conditions de leur retour ont été garanties par le gouvernement ; Pour les militaires, y va-t-il une assurance pour eux de réintégrer l’armée ? Sinon quel message lancez-vous à ceux qui sont encore réticents ?

C’est de leur dire qu’on n’est jamais mieux que chez soi, que la Côte d’Ivoire est au travail, qu’elle est ouverte, disposée et disponible pour recevoir tous ses fils et toutes ses filles ; que la reprise économique qui est effective est une opportunité pour tous. L’Etat assure aux exilés, à ceux qui n’ont pas de problème avec la justice, la liberté de circulation et la possibilité d’exercer librement une activité économique. D’ailleurs, les têtes de l’opposition circulent tranquillement, s’expriment librement, quelquefois même avec excès, sans que rien ne leur arrive. Nous comprenons donc difficilement que certains exilés hésitent à revenir, surtout quand rien ne leur est reproché. Sachez, par ailleurs, qu’au début de la crise, il y avait plus de 250 mille exilés. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques milliers, dont certains ont peut-être volontairement choisi de rester dans leur pays d’accueil. Dans tous les cas, je le répète, nous pouvons assurer qu’aujourd’hui, les portes sont grandement ouvertes à tous les exilés qui veulent rentrer et prendre part à la reconstruction de notre pays.
Des dizaines de femmes de prisonniers politiques ont manifesté à Abidjan le lundi 16 décembre. Elles dénoncent des « détentions sans suite », des « arrestations abusive », « des tortures », « une justice des vainqueurs, une justice à deux vitesses » …
La normalisation de la situation politique de notre pays est considérable depuis la fin de la crise postélectorale. En témoignent le retour massif des exilés dont je parlais tout à l’heure, la libération des responsables de l’opposition, le retour de la sécurité, la liberté d’expression… . Par ailleurs, des efforts considérables sont faits au niveau des instances judiciaires et du Gouvernement pour aller encore plus loin et encore plus vite dans le traitement des dossiers pendants devant la justice. Plus généralement, la question est d’accélérer la marche vers une justice indépendante, crédible, dotée des moyens nécessaires, en laquelle les justiciables ont spontanément confiance. Pour revenir à la manifestation dont vous parlez, je me dois aussi de faire noter que la justice est indépendante et travaille à son rythme, et qu’il vaudrait mieux pour tous, d’éviter de nouvelles tensions avec ce type de manifestation, dont l’effet ne pourra être que contreproductif…

La Cpi a récemment réclamé le transfèrement de Blé Goudé. Mais jusque-là le gouvernement n’a pas réagi alors que pour Mme Gbagbo, il a clairement fait savoir qu’elle sera jugée en Côte d’Ivoire. N’est-ce pas là, deux poids deux mesures ?

Non, il n’y a pas deux poids, deux mesures. Le gouvernement se donne les moyens de faire une analyse au cas par cas. Chaque situation est différente, et il est important de prendre en compte tous les paramètres qui entourent des décisions de ce niveau, qui doivent apaiser et non exacerber les tensions. Pour chacun des cas, il s’agit de faire en sorte que les personnes concernées soient jugées de la façon la plus transparente, la plus crédible, que leur sécurité soit assurée tout le long du procès, que le jugement rendu soit accepté et compris de tous, et en particulier, des victimes de la crise postélectorale, qui, comme vous le savez, a malheureusement fait plus de 3 mille morts…

Partout où il est passé, le Chef de l’Etat a dit que la sécurité est revenue au pays. Mais récemment le phénomène des coupeurs de route était devenu récurrent au point que ‘’L’opération Téré’’ a été lancée. Aujourd’hui, le gouvernement a-t-il le retour de cette opération sur le terrain ? Par ailleurs, peut-il assurer que les populations passeront des fêtes de fin d’année tranquilles et heureuses ?

La vérité est que l’indice d’insécurité dans notre pays a fortement baissé. Celui-ci qui était à 4 au moment de la crise, a progressivement baissé pour être actuellement à 1.3. L’objectif est, bien entendu, d’arriver rapidement à 1, c’est-à-dire au niveau de villes ou de pays qui n’ont pas connu de crise. Cette bonne évolution s’est faite seulement en deux ans ; ce qui est très appréciable. Dans certains pays qui ont vécu le même type de crise, il a fallu un grand nombre d’années pour arriver à un niveau normal. Evidemment, il reste encore des choses à corriger et le gouvernement y travaille. L’Opération Téré associe les forces militaires aux activités de sécurisation du territoire, en apportant leur expertise et leurs capacités à la police et à la gendarmerie. C’est un mouvement d’ensemble, qui permettra de réduire les poches résiduelles d’insécurité dans le pays. Pour l’heure, nous constatons qu’il y a de moins en moins d’agressions sur nos routes, et dans nos villes ; ce qui est heureux. Nous rassurons les Ivoiriens que cette opération va se poursuivre au-delà des fêtes de fin d’année, et qu’ils pourront fêter dans la tranquillité.

A propos de sécurisation, le pays, notamment Abidjan, est-elle totalement sécurisée parce qu’il se raconte beaucoup de choses sur l’incident de Yopougon. Est-ce une affaire de fumoir ou d’une attaque du commissariat du 16e ?

Il faut croire en la parole du gouvernement. Le ministre en charge de la Défense a indiqué qu’il s’agissait d’une opération de démantèlement d’un fumoir, pourquoi aller imaginer autre chose ? Surtout que nous avons toujours joué la transparence, y compris pour des faits plus graves. Cela dit, il est difficile de mettre un policier derrière chaque citoyen. Nous sortons d’un conflit qui a engendré une crise armée dont une des conséquences est qu’encore çà et là quelques armes circulent. Vous voyez bien qu’avec l’Addr, nous travaillons avec acharnement sur cet aspect. Plus généralement, le gouvernement travaille à relancer notre économie, afin que les jeunes tournent définitivement le dos aux armes pour aller vers des activités plus saines.

La semaine dernière, un journal a titré que le problème des ex-combattants est une arête dans la gorge du gouvernement. Etes-vous d’accord avec cette affirmation ?

Non, pas sous cette forme. Cela a été, c’est vrai, une réelle difficulté, il y a 2 ans. Mais comme pour tous les autres sujets, le gouvernement a pris des mesures énergiques sous la haute conduite du Chef de l’Etat. Tous les jours, des mesures fortes sont prises qui permettent d’avancer dans le bon sens. Près de la moitié des ex-combattants sont aujourd’hui désarmés et réinsérés, et les efforts se poursuivent. La relance actuelle de notre économie permettra la création d’emplois, et naturellement tous ces jeunes qui auront un emploi décent et une occupation saine, tourneront d’eux-mêmes le dos à l’usage des armes et à la violence politique.

‘’L’Etat travaille pour vous, l’argent travaille pour vous’’, sont vos slogans. « Mais quand est-ce que l’argent va circuler pour nous ?» s’interrogent certains Ivoiriens ?

Là aussi, il s’agit de principes économiques de base ; nous sortons d’une crise très grave, qui a duré une dizaine d’années. Alors que nous avons connu pratiquement 10 ans de récession entre 2000 et 2011, la Côte d’Ivoire a renoué en 2012 et 2013 avec des taux de croissance de son Pib proches de 10%. Notre pays fait même partie, en 2013, des pays qui ont eu les taux de croissance les plus élevés au monde. Tout indique que cette tendance positive se poursuivra au cours des années 2014 et 2015. Mais vous savez, une rivière tarie ne recommence pas à couler à flot après la première pluie. Il faut plusieurs pluies pour que le débit revienne à son niveau normal. Nous sommes dans ce processus-là, où il faut continuer à créer de la richesse au plan national. Les grands travaux en cours créent des emplois, donc distribuent des salaires. C’est un moyen par lequel la richesse créée se redistribue. Par ailleurs, construire des infrastructures, apporter l’eau et l’électricité, garantir les prix de certains produits agricoles, etc., sont d’autres voies pour redistribuer la richesse créée au plan national, puisque tout cela contribue à améliorer le niveau de vie des populations. Les travaux du Ppu (Programme présidentiel d’urgence) vont dans le même sens. Vous voyez donc qu’il y a une corrélation forte entre les taux de croissance dont nous parlons et l’amélioration des conditions de vie des populations.
L’autre difficulté est que notre pays avait un taux de pauvreté de 48% au sortir de la crise post-électorale. Le Chef de l’Etat a demandé que ce taux soit baissé de moitié en 2015 et que les efforts se poursuivent après. Des mesures énergiques sont prises dans ce sens, mais cela prendra forcément un peu de temps.

A propos des fêtes, Abidjan est en train de s’embellir avec les lumières. Où en êtes-vous avec l’enquête du 31 décembre de l’année dernière ? Des mesures sont-elles prises, cette année, pour éviter ce genre de drame ?

Je crois savoir que des sanctions ont été prises, notamment au niveau de la Police, et qu’au moins une action en justice a été engagée. Je préfère pour les détails vous renvoyer vers les ministres en charge de la Justice ou de la Sécurité. Ce que nous pouvons par contre vous assurer, c’est que des leçons ont été tirées de ce qui s’est passé l’an dernier et que des mesures sont prises pour que cela ne se répète plus.

Sous un chapitre plus personnel, comment arrivez-vous à concilier votre rôle de porte-parole à celui de la fonction de ministre que vous occupez ?

C’est d’abord une question d’organisation personelle, bien que chacune de ces deux fonctions soit effectivement très prenante.
J’ai l’honneur effectivement, depuis deux ans, à la demande du Chef de l’Etat et du Premier ministre, de porter la parole du gouvernement. C’est une mission hautement délicate, très sensible, que je m’efforce d’exécuter de la meilleure façon. Et j’ai la chance de l’avoir fait jusqu’à maintenant sans accroc, ce dont je me réjouis, d’autant plus que ces deux années ont été fortement marquées par les relents de la crise postélectorale de 2010. De même, parler aux Ivoiriens de travail, de réconciliation, d’unité, ou de grands sujets économiques ou diplomatiques, tout en sachant qu’il y a 48% de pauvres, dont les priorités sont ailleurs, n’est pas chose aisée. Donner une réponse acceptable face à l’impatience des Ivoiriens est également un exercice relativement difficile, même quand on est soi même convaincu de la justesse des choix, et de la capacité de notre gouvernement à tenir les engagements pris. L’essentiel à mon avis dans cet exercice n’est pas de briller, mais d’éviter l’erreur, le mot de trop, qui pourrait aggraver une situation dejà tendue…

Quels sont vos vœux en cette fin d’année ?

Mes vœux sont ceux de bonheur pour tous les Ivoiriens ; des voeux de santé pour le Président de la République et le Premier ministre. Mes vœux, c’est de voir une Côte d’Ivoire réconciliée, au travail, qui se développe et où chacun profite de la richesse créée.
2014 sera sans aucun doute une excellente année pour la Côte d’Ivoire et pour tous les Ivoiriens…

INTERVIEW REALISEE PAR SYLVAIN NAMOYA
Collaboration Kanaté Mamadou (stagiaire)