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(Notre Voie, 22 mai 2013) – Au cours d’un point de presse qui a sanctionné la fin de sa récente tournée dans le Zanzan, le président du Fpi Miaka Ouretto a fait une importante déclaration dont nous vous proposons l’intégralité. 

Chers amis, cher camarades, chers frères et sœurs, vous qui vous êtes réveillés ce matin dans de bonnes conditions, et pour cela nous devons dire merci à Dieu ; car c’est une grâce, c’est une onction. Nous voilà au terme d’une tournée dans le Zanzan. J’allais dire ce périple, mais qui est devenu par votre fait un véritable moment de convivialité et de fraternité. Et en la circonstance, ce qu’on fait, c’est d’abord de remercier toutes les personnes qui se sont impliquées dans la réussite de cette tournée. Et ensuite on en tire les enseignements et enfin on lance un message.

La Côte d’Ivoire notre pays vit des moments importants de son histoire, et tout ce que nous faisons il y a le regard de la communauté internationale et nationale, de tous les partenaires de la Côte d’Ivoire qui souhaitent à haute voix ou à voix basse que la Côte d’ivoire retombe sur de bons pieds et retrouve la place qui était la sienne dans le concert des nations. C’est pour cela que mes premiers mots seront de dire merci à tous les acteurs de cette tournée.

D’abord car à tout seigneur, tout honneur, à mes collaborateurs. Ce sont mes collaborateurs au sein de la haute direction du parti. je suis venu avec ma vice-présidente, avec mes secrétaires généraux adjoints, avec mes secrétaires nationaux. Eux tous se sont impliqués à un niveau ou à un autre à la réussite de cette tournée. Je voudrais sincèrement leur dire merci. Merci de leur disponibilité de toujours. Car aujourd’hui, si le Fpi avance, c’est eux qui le font avancer. C’est ce travail collectif et dans la complicité qui nous permet d’avancer. Merci chers camarades.

Je voudrais de façon particulière remercier les collaborateurs locaux. Parce que c’est eux qui sont sur le terrain ici. C’est eux qui sont nos yeux et nos oreilles. Ils auraient fait de mauvais rapports que tout ce que nous avons arrêté comme stratégie pour la réussite de cette tournée aurait échoué. Mais ce sont des observateurs avertis au contact quotidien avec les militants qui sont sur place et les sympathisants que dis-je avec toutes les populations. Nous l’avons vérifié et je voudrais sincèrement leur dire merci pour ce travail de remobilisation et pour ce travail de corps à corps. Et au-delà de ces collaborateurs, la population elle-même qui nous a accueillis à bras ouvert. Nous sommes allés de l’est à l’ouest, du sud au nord. On a parcouru tout le Zanzan. Tout le Zanzan c’est peut-être prétentieux. Mais nous avons fait une bonne partie du Zanzan. Et ce n’est pas la dernière visite. Nous allons revenir une prochaine fois en d’autres circonstances. On viendra pour la conquête du pouvoir. On viendra certainement pour la campagne. Et c’est du porte à porte que nous ferons. Mais pour ce qui nous a été déjà donné de voir, tout le Zanzan est debout. Le Zanzan est debout par la volonté des autorités traditionnelles, nos parents. Nos pères et nos mères qui nous ont ouvert les bras. Parce que partout où nous avons été, ils nous ont accueillis chaleureusement comme cela se fait chez nous en Afrique. Sans réserve. L’africain c’est cela. Parce que chez nous, on dit l’étranger, il peut arriver soit avec le bonheur soit avec le malheur. S’il est bien accueilli, il te laisse tout le bonheur avec lequel il est venu. Mais s’il arrive que tu as la mine renfrognée, la mine serrée, évidemment il repart avec son bonheur. Et là dans le Zanzan, nos parents nous ont accueillis avec la mine lumineuse empreinte de gaité et de joie. La joie de revoir leurs fils et leurs sœurs. Parce qu’avec les moments difficiles que notre pays a vécu, ça c’est vrai, quand il t’arrive de revoir un ami, ce que tu fais c’est de tomber dans ses bras et de dire je suis heureux de te savoir en vie. J’ai été agréablement surpris hier à Tanda quand un camarade m’a approché et a dit «nous avons fait le CM2 ensemble ». C’était en 1965, certains d’entre vous n’était pas encore nés. Je vous raconte l’anecdote. Quand j’étais député, le ministre Dagobert Banzio du PDCI me taquinait beaucoup. Il me faisait des choses qui me faisaient croire que lui et moi on est de la même génération. Et un jour on parlait de notre génération et il me dit, «toi tu as le lycée de Sansandra » ? Je dis oui on était les premiers. Il dit « en quelle année » ? Je dis en 1972. IL s’est éloigné en disant « en 1972 peut-être que j’étais au CM2 » et on a ri et j’ai dit je suis ton tonton ! Aujourd’hui, il me doit cela. Je suis son ainé et il me rend cela avec respect. Mais c’était mon collègue. C’est cela les responsabilités et même au plan sociologique. Nous avons aujourd’hui des chefs de village jeunes qui ont l’expérience de la vie. Parce qu’ils sont des intellectuels. Ça aussi c’est l’apport des blancs. C’est eux qui ont fait que les choses sont aujourd’hui comme ça. Vous avez des chefs jeunes, des sous-préfets et préfets jeunes. Avant au niveau de la chefferie en Afrique, et ce sont les études de Jacques Lombard, un sociologue qui le montrent, il dit le critère pour être chef c’est d’abord la sagesse. La sagesse, ça veut dire que tu as vécu les faits. Donc tu as une somme de jurisprudences. Une somme d’expériences. De sorte que quand tu interviens quelque part, tu t’appuies sur cette expérience pour fonder ton opinion. En disant «au temps de nos devanciers quand il avait un tel problème, voilà comme ils le résolvaient».

Autre critère, le chef c’était un sorcier. Mais au sens positif dans la mesure où nos chefs étaient en même temps des guerriers. C’est à dire que le chef doit être capable d’anticipation. Quand quelque chose se prépare contre le village, il doit être capable dans son sommeil de le voir. Et quand il se réveille, il dit faisons ceci et cela car je sens quelques chose de pas très bon pour le village. C’est le chef qui prend le devant. Il dit « je suis devant, suivez-moi ». C’est en cela que le chef est un sorcier. C’était une sorcellerie positive.

Le chef c’était aussi le polygame. Il avait beaucoup de femmes. Il y avait sa femme fétiche, qui était dans la case et veillait sur la case. S’il doit aller quelque part, il la consulte. Si elle dit « oui tu peux partir » alors il s’en va, rassuré. Et à côté il y a des femmes dynamiques, toujours prêtes à faire le bon repas. Car il y a toujours à manger chez le chef. Il ne doit pas manquer à manger chez le chef. Quel que soit les temps d’arrivée du visiteur il doit trouver à manger.

Mais aujourd’hui on n’a pas besoin de l’âge pour avoir la sagesse. Avec les papiers nous avons l’occasion d’apprendre l’histoire de nos peuples. De sorte qu’en peu de temps, on peut acquérir la sagesse pour laquelle les vieux mettaient 20 ans pour l’acquérir. C’est ça les avantages de la modernité. Il faut que nous en profitions. Donc vous les jeunes chefs le pays compte sur vous.

Je voudrais donc remercier nos responsables locaux qui viennent de lancer un défi à toutes les autres fédérations. A toutes nos régions pour dire « nous au Zanzan ici voilà comment les choses se passent. Voilà comment nous vivons en symbiose avec nos populations parce que nous véhiculons le message du parti en tout instant et en permanence ». Les autres fédérations et les autres régions doivent s’en inspirer car nous devons envahir la Côte d’Ivoire. Le Fpi doit envahir la Côte d’Ivoire. Nous devons aller du nord au sud, de l’est à l’ouest. Nous devons tourner au centre. Nous devons aller partout. Pour réveiller nos militants. Pour réveiller les populations et leur dire passé le temps de la torpeur de la guerre, la torpeur des tueries. Maintenant la Côte d’ivoire arrive. La Côte d’Ivoire nouvelle de la vraie fraternité arrive. Donc merci chers camarades locaux pour l’exemplarité du travail abattu.

A travers vous, nous voulons de façon solennelle dire merci à tous vos parents, les rois et les chefs qui n’ont pas fait de mystère. Parce que nous savons que chez nous les chefferies, les royautés se gèrent avec un peu de mystère. Mais là comme ils ont le cœur si ouvert, pour une Côte d’Ivoire de fraternité, ils n’ont fait aucun mystère et ils ont tendu les bras. Moi, j’ai été intronisé trois fois. Je suis maintenant un Nanan. Mon nom c’est Nanan Yao Brema. J’ai eu tous les attributs. Chaises royales, de grand kitas, etc… Vous allez le voir bientôt à Abidjan. Je vais danser le Gbégbé avec tout çà. Car lors du grand évènement que nous attendons, c’est comme ça que nous allons danser. Ce grand évènement, c’est le retour de Laurent Gbagbo. Merci donc à tous ces parents, à toute cette chefferie qui nous a ouvert son cœur et qui continuent de prier pour la Côte d’Ivoire redevienne la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire de la vraie fraternité.

Et nous sommes optimistes par rapport à ce que nous avons vu pendant ces cinq jours que nous avons passés ici dans le Zanzan. On a vu que c’était toute la Côte d’Ivoire qui était en marche. Partout où nous sommes passés, les sous-préfets, les préfets, tous ceux qui sont investis d’une autorité administrative nous ont accueillis. Nous avons vu tous les cadres nous ouvrir les portes de leur maison. Il y a quelque temps en arrière, c’était difficile dans notre pays. Quand ces cadres prennent sur eux de nous ouvrir leur porte, de nous offrir à boire, c’est que c’est la Côte d’ivoire qui est en marche. C’est quelque chose de bon. Toute la police est sortie, la gendarmerie est sortie, l’Onuci est sortie, tous dans leur tenue de la république, ont assuré notre sécurité. S’ils l’ont fait, ça veut dire que l’ordre est venu de très haut. Des plus hautes autorités de ce pays. Nous voulons profiter de cette tribune pour dire merci à ces très hautes autorités. Et leur dire beaucoup de courage. Parce que la porte qui vient ainsi d’être ouverte, il ne faut plus jamais la refermer. Il faut que nous avancions en conformité de notre hymne national, « fiers ivoiriens». Il faut que nous soyons fiers de ramener à nouveau la paix dans notre pays pour le reconstruire ensemble. Cette ambition doit nous habiter. Elle ne doit jamais nous quitter. Mais il y a de nouvelles ambitions. L’ambition aujourd’hui, c’est que les Ivoiriens que nous sommes devons être fiers de faire de notre pays un Etat démocratique. Un Etat de droit qui serve d’exemple aux autres pays. Il faut que les hautes autorités le comprennent et fassent désormais un chalenge qu’il faut relever ensemble de façon solidaire et dans la confiance partagée. Je voudrais leur dire merci et croire que tout ce dont nous avons bénéficié au cours de cette tournée ne soit pas quelque chose d’accidentel. Que cela ne soit pas un simple effet de démonstration pour tromper l’opinion internationale. Non, que cela procède d’une réelle volonté de faire de notre pays, un pays de droit, un pays de démocratie, et de liberté.

Vous autres de la presse, nous sommes en train de terminer notre part. On a fini notre tournée. Ce qui reste maintenant, c’est vous. Certes vous êtes des professionnels ; mais ce n’est pas pour rien qu’on dit que la presse est le quatrième pouvoir. Parce que lorsque le journaliste est de mauvaise foi et qu’il tort le coup à ce qui a été dit, c’est ce que l’opinion retient. Et là où il devrait avoir sérénité il y a panique. Parce qu’il y a une polémique qui n’en vaut la peine qui a été entretenue. J’ai confiance en vous, je sais que vous êtes des journalistes de combat. Vous l’avez prouvé et démontré en d’autres occasions. Vous travaillez dans des conditions souvent difficiles, souvent sans moyens avec une petite caméra, avec un portable vous prenez des images. Quelque fois vous parlez avec la faim dans le vendre. Je sais également que vous êtes des hommes attachés à la république. Je vous fais donc confiance pour faire le relais parce que l’opinion internationale nous regarde, nous épie même, l’opinion nationale nous regarde. Beaucoup de nos concitoyens attendent la vérité. C’est vous qui pouvez donc prolonger ce que nous sommes en train de dire ici. Oui tous les acteurs des réseaux sociaux, mettez-vous au travail, il faut que ce que nous sommes en train de dire ici soit perçu en France, aux Etats unis, en Allemagne, en Chine et partout dans le monde. Ce monde de verre grâce à vous perçoive notre message.

Nous étions venus ici, je vous l’ai déjà dit, dans un but affectif. Apporter notre réconfort et notre soutien à des camarades qui sont en détresse. Nos camarades du Zanzan étaient en détresse parce qu’ils venaient de perdre l’un de leurs illustres collaborateurs en la personne de feu Kouakou Toin Bénoît dans la sous-préfecture de Tanda. Il fallait qu’on vienne soutenir nos camarades et leur dire la tempête passée, il faut continuer le combat. Parce que le président Gbagbo nous a toujours dit : « nous sommes en lutte. Si je venais à tomber, enjambez mon corps et continuez la lutte». Donc nous sommes venus apporter les condoléances les plus attristées du parti à nos camarades et leur dire que nous sommes à leurs côtés.

L’autre dimension affective de notre visite, nous avons nos camarades en prison ici dans le Zanzan, précisément à Bouna. Et non des moindres parce que parmi ces camarades se trouve le président de notre parti, le Premier ministre Affi N’Guessan et le secrétaire général adjoint Moise Lida Kouassi. Cela fait deux ans qu’on s’est séparés et qu’ils sont enfermés et nous n’avons jamais eu l’occasion de les visiter. Aujourd’hui nous sommes venus les voir. Même si à travers la presse nous apprenons de temps en temps comment ils vont, il était tout à fait indiqué qu’on vienne les voir pour nous rendre compte par nous-même de leur état de santé. C’est cela l’aspect affectif de notre mission. Nous sommes venus, nous les avons vus et ils se portent bien. L’autorité nous a permis d’échanger avec eux et tout s’est très bien passé. C’est pourquoi nous voulons réitérer à toutes les autorités, notamment de la justice, nos remerciements. Le ministre de la justice, lorsque nous l’avons sollicité pour avoir le permis de visite il a fait diligence et il a donné des instructions pour que tout se passe bien. Le régisseur et le procureur se rendus disponibles.

Propos recueillis par Boga Sivori

Envoyé spécial dans le Zanzan