Faisons une distinction entre les frondeurs. Il y a des frondeurs qui sont opposés à la ligne de la négociation choisie par le président Affi. C’est absolument leur droit et au FPI où la liberté d’expression et les débats démocratiques sont institués pour dégager une position majoritaire à suivre, c’est même une excellente chose. Ces frondeurs modérés justifient leur position et l’assument pleinement, de manière démocratique et pacifique en privilégiant la confrontation des idées. Ils veulent comprendre l’utilité stratégique de la négociation pour se déterminer. Il faut aller vers eux, leur expliquer les enjeux et les défis des situations, les sensibiliser, les désintoxiquer et les rassurer qu’Affi sait ce qu’il fait et où il va.
Avec eux et à côté d’eux, il y a cependant et par contre des frondeurs purs et durs, radicaux, anarchistes et extrémistes mélangés, ceux qui sont fermés à tout et rejettent tout en bloc. Ils veulent rompre avec la Communauté internationale. Ils nient les lois et les institutions de la république, ils nient l’existence de l’État. Ils se croient dans la préhistoire ou au Moyen-Âge. Le jeudi 2 avril 2015, à l’audience en référé qui s’est déroulée au palais de justice du Plateau et qui s’est prononcée sur le litige qui les oppose au FPI, nous avons ainsi vu Sangaré, leur chef de file, habillé cette fois en costume marron. Mais la délégation qu’il conduisait a vu rouge dès que le verdict est tombé. Le juge a donc été copieusement hué par Marie-Odette Lorougnon et les frondeurs en transe.
Le tribunal avait pourtant déjà annulé toutes les résolutions du fameux Comité Central clandestin et avait par la même occasion interdit aux frondeurs d’utiliser le logo et le sigle du FPI, de poser tout acte au nom du FPI sous peine d’une amende de 10 millions de francs CFA, à chaque infraction commise. En quoi donc huer un juge était-il une solution si ce n’était pour montrer qu’on a osé huer le juge et la justice en plein tribunal? En quoi aller se donner lamentablement en spectacle devant le siège de Notre Voie était-il nécessaire? En quoi se faire gazer et sauvagement bastonner par les policiers et les dozos était-il utile, sachant bien que cela ne permettra nullement d’obtenir le résultat escompté? En quoi se prendre pour les héritiers de Gbagbo et vouloir tenir des réunions subversives dans son domicile privé rend-t-il service à l’ex-chef de l’État dans sa situation actuelle?
On le sait désormais, la fronde est en réalité une stratégie machiavélique et hypocrite cyniquement mise en œuvre par les agitateurs frondeurs pour tenter de se faire une place et un nom dans l’histoire de la lutte du peuple ivoirien pour la démocratie et la liberté. Bien que les méthodes diffèrent, Marie-Odette Lorougnon et les extrémistes du FPI ne sont en fait que des “TÔGHÔ-GNINI”, exactement comme le personnage loufoque de la célèbre pièce de théâtre de l’écrivain ivoirien Bernard Belin Dadié.
Profondément ulcérés et totalement impuissants devant les succès enregistrés chaque jour par Affi, ils multiplient les actes de provocation et de défiance à l’égard de l’autorité de l’état pour chercher à se faire frapper, blesser, arrêter et torturer afin d’apparaître comme des martyrs. Les gens cherchent des blessures et des cicatrices comme dans un carnaval de “Tôghô-Gnini”. Mais alors pourquoi n’avoir pas fait tout cela pour empêcher la déportation du président Laurent Gbagbo à la Haye?
Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco