Le ministre Aboudrahmane Sangaré, au nom des détenus libérés récemment, a pris la parole samedi dernier au QG de campagne de Gbagbo pour remercier tous ceux qui ont contribué à maintenir allumée la flamme du combat. Il a eu des mots particuliers pour le président Gbagbo et son épouse Simone. Larges extraits.
(Le Nouveau Courrier)«Comment Laurent Gbagbo, ce prétendu criminel de guerre qui a exterminé les populations ivoiriennes, peut-il vivre dans l’estime de ses victimes et drainer autant de monde à La Haye, dans les grandes villes européennes et américaines ? Assurément, c’est l’une des grandes énigmes de la question ivoirienne. Au nom de la Côte d’Ivoire, du président Laurent Gbagbo, du Fpi et de son président Pascal Affi N’guessan, nous rendons un hommage mérité à ces combattants intrépides de la liberté. Nous nous retrouverons ensemble très bientôt pour célébrer la libération retrouvée du président Laurent Gbagbo en grande partie grâce à votre action de sensibilisation et de mobilisation.
Nos sincères remerciements aux organisations de défense des droits de l’homme, à tous ceux et à toutes celles qui de façon affichée ou discrète ont œuvré à notre libération. Ils ont œuvré utilement, nous le démontrerons par notre sens des responsabilités qui n’est pas incompatible avec la fermeté dans la défense des principes et des valeurs qui nous fondent et par votre attachement à la Côte d’Ivoire. Ils doivent cependant aller encore plus loin pour faire de notre libération provisoire une libération définitive.
Que dire des JV11, les journaux victimes du 11 avril 2011 ? Leurs premiers responsables ont reçu les félicitations du président du Fpi qui les a reçus le lundi 28 août 2013 à sa demande à l’occasion d’une rencontre à sa résidence provisoire, son domicile principal étant alors occupé par des squatteurs en armes. Saluant leur résistance exemplaire, le président Affi a tenu ces propos et je le cite : ‘‘le nouveau pouvoir est arrivé avec un plan très clair : neutraliser les partis politiques, l’armée nationale, l’administration, l’appareil judiciaire. Cette dictature ne pouvait pas souffrir d’une presse libre. Face à ce plan de démantèlement des acquis du multipartisme mis sur pieds, votre détermination a sauvé les bases de la démocratie. C’est à partir de ce capital que vous nous laissez que nous allons relancer la lutte’’ (…). Par leurs écrits et prise de position dans un contexte totalitaire, les JV11 ont fait de Laurent Gbagbo un absent présent en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde. Avec leurs écrits et prises de position, avec la mobilisation des patriotes de tous bords et membres de la diaspora, ils ont œuvré de sorte que le président Laurent Gbagbo aujourd’hui n’appartienne plus à la Côte d’Ivoire mais à l’Afrique entière et puisque l’Afrique participe du monde, il appartient au monde, à l’Humanité. Plus qu’un homme d’Etat, il revêt la stature d’un homme pour l’éternité.
«Le Fpi a tangué, le Fpi a trébuché. … mais le Fpi n’est pas tombé »
Honneur à vous, camarade président Miaka et les membres de la haute direction en sursis du parti. Vous avez fait et bien fait votre travail votre devoir au service du Fpi et de la Côte d’Ivoire. Le président Miaka a bien compris le sens de l’histoire et refusé que ce soit sous sa direction que le Fpi disparaisse de l’échiquier politique national. Avec les camarades de la direction dont il a su se faire entourer, il a permis au Fpi de ne pas tomber. Le Fpi a tangué, le Fpi a trébuché. Quoi de plus normal devant les perversités de l’ennemi avec tous ces morts et disparitions, ces arrestations et privations de domiciles, ces départs massifs en exil de ses dirigeants et militants, mais le Fpi n’est pas tombé. Les structures existent toujours sur le territoire national et les détenus en liberté provisoire que nous demeurons ont tiré largement bénéfice de l’assistance et de la solidarité des structures du parti. Elles ont agrémenté notre séjour carcéral dans le nord de la Côte d’Ivoire et allégé notre souffrance dans une solidarité agissante. Et pour les passionnés de football ce chant de ralliement du club anglais de Liverpool intitulé «tu ne marcheras jamais seul», nous vient immédiatement à l’esprit. Oui, avec les structures du Fpi qui forment un solide maillage sur le territoire national, nos camarades détenus ne se sont jamais sentis seuls.
Grâce à vous, camarade président Miaka et membres de la haute direction du Fpi, grâce à vous également membres des instances fédérales, grâce à vous que l’on appelle communément avec affection et admiration militantes et militants de base, mais sachez que vous êtes les fondations qui tiennent solidement l’édifice et qui lui permettent de rester debout.
Dans les grands moments de l’histoire du Fpi et de l’histoire de la Côte d’Ivoire, le Fpi a toujours été fier et riche de la résistance, de la détermination, de la persévérance de ses militantes et militants. Encore une fois vous n’avez pas fait une insulte à notre histoire en démissionnant du combat pour les libertés démocratiques. C’est tout à votre honneur. Au vu de ces observations qui sont autant de satisfactions pour le président du parti, il n’est donc pas juste de dire que notre sortie de prison va donner une dynamique nouvelle à la lutte. Cela sera, je cite le président du comité d’organisation, le levain qui va nous permettre de booster le lutte pour la démocratie dans notre pays, imprimer un nouvel élan à la lutte, fin de citation. (…) mais la vérité qui est la chose la mieux partagée au Fpi nous oblige à dire que c’est vous, les sursitaires de la liberté, qui avez créé la dynamique, imprimé le nouvel élan, et nous ne ferons que nous impliquer dans cette dynamique, dans cet élan. C’est vrai, il ne faut pas le nier. Le président Laurent Gbagbo et le Fpi nous ont donné des noms floqués sur des maillots que nous portons et nous devons faire honneur au maillot en le mouillant ou mieux avec notre sueur et nos larmes pour dire avec notre sang, si nous devons à notre corps défendant en arriver au sacrifice suprême. Si par extraordinaire, l’un de nous a l’outrecuidance de transgresser les principes et idéaux qui nous rassemblent, alors les militants du Fpi comme un seul homme se détourneront de lui. Et le profanateur, privé de ses vivats et des vivats des militants, finira comme Lucky Luke, ce pauvre cow-boy solitaire.
«Il y aura bien une défaite mais pas celle du Fpi»
Me tournant maintenant vers vous, camarades détenus en liberté provisoire, je ne fais que reprendre la déclaration du Fpi qui porte la signature du docteur Kodjo Richard, alors SG par intérim et porte-parole du Fpi, je le cite : ‘‘le Fpi félicite le président Affi N’guessan, ses camarades et ses codétenus pour l’exemplarité de leur endurance et de leur poids dans l’idéal de justice et de paix, déclaration faite à Abidjan le 19 août 2013 (…). Vous êtes restés dignes et responsables, vous n’avez imploré aucune clémence de quiconque non pas par suffisance et par manque d’humilité, mais parce que vous étiez intimement convaincus que vous êtes dans le droit chemin de la justice et de la vérité. Gloire à vous hommes de conviction. C’est le lieu ici de saluer parmi nous le retour du camarade secrétaire général Laurent Akoun. Le Fpi et la Côte d’Ivoire ont besoin de sa constance, de sa persévérance, de sa détermination dans la lutte. En bon républicain, il a respecté et assumé la décision de justice qui le privait de ses droits civiques. Il a bien fait de respecter la décision du pouvoir judiciaire pour montrer son attachement aux institutions de la République. Il ne l’a pas fait parce qu’il avait peur de repartir en prison (c’est une autre habitude chez Akoun).
Camarade président Affi N’guessan, honorables membres et militants du Fpi, honorables personnalités éprises de liberté, de démocratie et de paix, un dicton bien connu en Côte d’Ivoire dit qu’après la fête il y a la défaite. Oui, il y aura bien une défaite mais pas celle du Fpi et des démocrates mais celle de tous ceux qui croient que la solution pour une sortie de crise réussie en Côte d’Ivoire réside dans la dissolution du Fpi. Le Fpi est partie intégrante de la Côte d’Ivoire et nous faisons chaque jour face à l’adversité la plus violente et puisque l’on ne peut dissoudre la Côte d’Ivoire, l’on ne peut dissoudre le Fpi. Ce parti ne peut connaître que la victoire parce que si l’on peut emprisonner la chair l’on ne peut emprisonner l’esprit. Une fois les lourdes portes de la prison refermées, l’esprit du Fpi sort par la fenêtre.
Au devant du Fpi, il y a un homme, Laurent Gbagbo, au départ du Fpi il y a une grande dame, Simone Ehivet Gbagbo. A eux deux, ils ont donné des convictions et une vision au Fpi. Ce qui permet au Fpi, en tout temps et en tout lieu, de savoir marcher car il sait d’où il vient et où il va. Et parce qu’il vient de loin, il ira loin et c’est connu : il n’y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va. Et le Fpi sera toujours porté par le vent de la démocratie qui annonce et prépare le développement car les nations industrialisées sont pour la plupart des nations démocratiques. Le Fpi roule pour l’Afrique, pour la Côte d’Ivoire et pour lui-même. Il ne peut donc servir de marchepieds, de paillasson, de faire-valoir, de faiseur d’alibi à une quelconque formation, à une quelconque autorité. Et c’est sur la base de son histoire, de ses convictions les plus profondes, de sa vision et de son amour pour la Côte d’Ivoire que le Fpi a refusé d’aller aux élections locales. La direction en sursis du Fpi a fait le choix juste, le choix responsable. Elle n’a nullement opté pour la politique de la chaise vide mais elle a tout simplement refusé la politique de la chaise déjà occupée bien avant même les élections locales. Les dés étaient pipés, le ver était dans le fruit. Le Fpi refuse d’être un accompagnateur, une partie prise dans la politique ivoirienne, il se veut une partie prenante. Et tous ceux qui, n’écoutant que leurs intérêts égoïstes, ont osé pourfendre la cohésion et la discipline du parti, n’ont pas fait le bon choix. Ils ont tout le temps pour comprendre leurs erreurs d’analyse et faire acte de repentance. Tout redeviendra alors possible. Car le Fpi est ce parti qui n’a jamais exclu un militant, certains sont partis et sont revenus pour reprendre leur place dans le difficile mais exaltant combat pour les libertés démocratiques sans rencontrer, sans subir aucune animosité des militantes et des militants qui savent comprendre les défis et enjeux du moment pour aller à l’essentiel.
«Affi, le président Laurent Gbagbo sait qu’il peut te faire confiance»
Camarade président Affi N’guessan, la Côte d’Ivoire, ses populations et son peuple sont dans l’attente. Et cette attente est à l’image de l’effervescence suscitée par notre libération, même si celle-ci se veut provisoire et que tu constates dans tes différentes visites. Le président Laurent Gbagbo qui nous suit depuis La Haye, qui nous regarde, qui nous entend et qui nous écoute, qui entend et écoute les pleurs et gémissements de son peuple, qui connaît le Fpi, c’est-à-dire ce parti qu’il a modelé comme un artiste le fait avec la terre glaise, qui te connaît bien Pascal Affi N’guessan et sait qu’il peut te faire confiance. En effet directeur de cabinet du président du parti Laurent Gbagbo, directeur de campagne du candidat du Fpi Laurent Gbagbo en 2000, premier Premier ministre du président Laurent Gbagbo en 2000, porte-parole du candidat de La majorité présidentielle Laurent Gbagbo en 2010, autant de biens indéfinissables qui créent une solide amitié, une franche collaboration. Oui, président Affi, le président Laurent Gbagbo sait qu’il peut te faire confiance pour trouver les recettes qui redonneront espoir au peuple de Côte d’Ivoire et rassurer surtout face à la perte des repères, des modèles et des valeurs qui constituent le socle des sociétés démocratiques donc industrialisées. Nous demeurons persuadés que dans le discours magistral que tu vas prononcer à la cérémonie de passation des charges du 7 septembre 2013 tu sauras donner ta vision pour la Côte d’Ivoire en trouvant réponses aux interrogations suivantes : comment avancer avec l’existant ? Comment créer les rapports de force pour que les voix du Fpi et celles des démocrates soient parfaitement audibles pour qu’elles puissent porter ? Avec qui créer ce rapport de force ? Dans quelle forme et quel type d’alliance si celle-ci s’avère indispensable ? Comment faire face aux défis et enjeux actuels ? Comment amener les Ivoiriens à se réapproprier la Côte d’Ivoire ? Comment faire en sorte que la réconciliation tant prônée ne soit pas un vain mot mais un comportement ? Oui, camarade président, nous demeurons persuadés que tu sauras dire un mot pour libérer Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. Tes militants et tes militantes, eux, te contemplent. Ils savent que très bientôt tu les mettras en ordre de bataille pacifique et démocratique pour que demain, un jour nouveau se lève sur la Côte d’Ivoire. La refondation est obstinément en marche et sans complexe elle poursuit son chemin pour la libération de la Côte d’Ivoire et la restauration de son indépendance et de sa souveraineté aujourd’hui perdues.
Camarade président, telles sont les nouvelles que tu m’as permis de donner au nom des détenus en liberté provisoire. Encore une fois merci pour la confiance que tu as placée en ma modeste personne».