L’armée française, les forces de l’ONU et les troupes maliennes ont déclenché leur première opération conjointe d’envergure.

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L’Hydre dans toute sa laideur en action 

Tanguy Berthemet

TBERTHEMET@LEFIGARO.FR

armee-francaise-au-mali(Le Figaro, 25 octobre 2013) – Les forces de l’ONU, les troupes maliennes et l’armée française ont lancé jeudi une opération pour endiguer les actions des djihadistes dans le nord du Mali. Baptisée « Hydre », la manœuvre de « grande ampleur », selon le ministère français de la Défense, met pour la première fois en coordination les Casques bleus, l’armée malienne et les hommes de «Serval». Les effectifs engagés dans cette offensive, tout comme ses objectifs, demeurent flous.« Plusieurs centaines » de Français sont présents sur le terrain pour « faire pression sur les mouvements terroristes », explique-t-on à l’état-major.

« C’est une opération comme il s’en fait régulièrement. Depuis la fin des grandes offensives militaires, nous continuons à patrouiller, à visiter et à découvrir des caches d’armes. Elles sont de moins en moins nombreuses, souvent vides, mais il ne faut pas relâcher l’effort », assure un officier. A l’état-major, on assure qu’«Hydre» n’est pas une réponse au regain d’activité des islamistes au Mali constaté depuis plusieurs semaines.

Il n’empêche, la concomitance entre cette opération et les récentes attaques est là. D’autant que la dernière en date a fait montre d’une certaine organisation. Mercredi, vers 10 heures, une voiture est parvenue à s’infiltrer près d’un barrage de l’armée tchadienne à Tessalit, dans l’extrême nord du Mali. Puis, trois kamikazes seraient sortis. Deux auraient été abattus, le dernier parvenant à se faire exploser, tuant deux soldats. Outre les deux morts, l’attentat aurait fait sept blessés dont un enfant. Un petit groupe djihadiste lié à al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’attaque. Aqmi avait déjà signé, le 28 septembre un attentat suicide contre une caserne près de l’aéroport de Tombouctou. Le 7 octobre, c’est le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un groupe très proche de l’ancien chef d’Aqmi Mokhtar Belmokhtar, qui avait déclenché des tirs de roquettes artisanales sur la ville de Gao, leur ancien fief. Entre-temps, le 1er octobre, les forces spéciales françaises, appuyées par un hélicoptère, avaient abattu une dizaine d’islamistes lors d’un combat dans un village près de Douaya au nord de Tombouctou. Cet accrochage était le premier depuis la fin des grandes opérations au printemps, et après un été très calme.

« Cette série n’a rien d’inattendu. On sait qu’un certain nombre de djihadistes sont toujours présents au Mali et qu’ils tenteront des choses. Ils ont la capacité de monter ces petites opérations, mais rien de grande ampleur car ils sont surveillés et ne peuvent pas reconstruire leur logistique », assure un bon connaisseur du dossier. Pour Paris, l’analyse n’est qu’à moitié rassurante. Car Bert Koenders, le patron de la mission de l’ONU au Mali, s’est dit à New York « inquiet de la fragilité de la situation sécuritaire ».