(Le Patriote, 8 – 9 juin 2013) – Le député Louis Abonouan dit « Empirus » a animé une conférence de presse hier au siège du PDCI-RDA. Au cours de cette rencontre avec la presse, il n’a pas manqué de répondre aux accusations proférées par le président de la JPDCI, Kouadio Konan Bertin dit « KKB » au sujet du président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA et de l’organisation du prochain Congrès de ce parti. Nous l’avons rencontré après cette conférence de presse. Et dans cette interview, le député de Brobo nous livre sa part de vérité. Entretien.
Le Patriote : Honorable, vous venez d’animer une conférence de presse au cours de laquelle vous avez fustigé la méconnaissance de certains de camarades de partis des textes qui régissent le PDCI-RDA, en l’occurrence Kouadio Konan Bertin dit « KKB », le président de la jeunesse du PDCI-RDA, votre parti. De quoi s’agit-il ?
Louis Abonouan : Il s’agit de mettre fin à cette confusion qui a cours en ce moment autour de l’organisation du 12ème Congrès du PDCI-RDA. Cette confusion est due, soit à la méconnaissance des textes, soit à la mauvaise foi. Mais connaissant ceux qui l’animent, nous savons que c’est plus par mauvaise foi que par méconnaissance. Le 12ème Congrès du PDCI-RDA a été programmé au dernier bureau politique pour octobre 2013 ici à Abidjan. Avant cette date, le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, a mis en place un comité ad-hoc qui avait pour rôle de jeter les bases de la réflexion pour ce Congrès. Et cela conformément à l’article 121 du règlement intérieur, qui permet au président de notre parti d’instituer ce genre de comité avec des mesures spécifiques. Ce comité qui était présidé par le ministre Gnamien N’Goran a rendu les conclusions de ses travaux au président Bédié pour s’en servir comme document de travail. Au Bureau politique, le président Bédié a fait une communication quant à l’organisation du prochain Congrès. Des propositions ont été faites par le Bureau politique dans le cadre de l’organisation du Congrès où le président Henri Konan Bédié a été désigné comme superviseur, le secrétaire général Djédjé Mady, superviseur délégué, Gnamien N’Goran coordinateur, le Pr Niamkey Koffi, président du Comité scientifique et le Pr Maurice Kacou Guikahué comme président de l’organisation pratique du Congrès. Au moment où l’on s’attend à l’exécution de ces propositions, nous sommes étonnés des libertés que prend le secrétaire général Alphonse Djédjé dans l’enrichissement des propositions faites par le Bureau politique. Nous savons tous au PDCI-RDA que le secrétaire général n’est rien sans le président du parti ; c’est parce que le président est élu qu’il propose son secrétaire général. Celui qui est élu par le Congrès, c’est le président du parti et non le secrétaire général qui, lui, est désigné. Djédjé Mady n’est rien sans le président Bédié qui l’a proposé comme secrétaire général au dernier Congrès. Alors nous ne comprenons pas qu’on veuille défier le président Bédié. Nous sommes venus pour siffler la fin de la récréation. Nous sommes tous jeunes. Nous avons le droit d’être idéaliste. Mais nous devons le faire dans le respect des statuts et règlement intérieur de notre parti. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à réagir sur la base des textes qui régissent le PDCI-RDA. Nous sortons d’une crise et il n’est pas bon d’entretenir une telle atmosphère que nous trouvons malsaine au sein de notre parti. L’article 40 de nos statuts fait obligation au secrétaire général d’assurer l’exécution des propositions du Bureau politique. Et l’article 33 des mêmes statuts fait obligation au président du parti de veiller à l’exécution des décisions des organes centraux. Nous nous fondons donc sur cet article pour interpeller le président Bédié et lui dire de mettre fin à ce débat puéril en veillant à l’exécution des décisions du Bureau politique. Nous demandons à nos camarades d’arrêter de mettre la charrue avant les bœufs. Nous disons clairement que notre candidat au prochain Congrès est Henri Konan Bédié. Et nous allons travailler les prochains jours à cela.
LP : Mais les « Bédéistes de 2000 », par la voix de KKB, disent que le président Henri Konan Bédié est forclos pour ce Congrès. Quel est votre avis sur la question ?
LA : En disant que le président Henri Konan Bédié est forclos, KKB se montre prétentieux. Il se substitue au Congrès. Car au cours du prochain Congrès, il y aura un toilettage des textes actuels. Notamment l’article 35 des Statuts du PDCI-RDA, qui parle de la limitation d’âge. Il est clair qu’au cours de ce Congrès, l’article 35 qui parle des critères d’éligibilité connaitra certainement des changements, compte tenu du contexte particulier dans lequel nous nous trouvons. Car il faut le rappeler, ce Congrès aurait dû se tenir en 2007. Mais pourquoi c’est cette année qu’on décide de le faire ? Ce sont donc ces nouveaux textes que l’on adoptera qui vont régir le Congrès. Alors comment dans ces conditions, on peut déclarer avant le match le président Henri Konan Bédié forclos ? C’est de la mauvaise foi. Mais nous comprenons KKB qui est dans un jeu de rôle avec Alphonse Djédjé Mady. Leur objectif est d’écarter le président Bédié. Mais cela ne passera pas. Nous allons proposer au cours de ce Congrès de mettre plutôt l’accent sur l’âge qui indique le minimum et non le plafond. Nous n’allons pas le faire seulement pour le cas du président du parti, mais aussi pour toutes les structures spécialisées.
LP : Ceux qui disent que le président Bédié est forclos, le soupçonnent de vouloir prendre la tête du parti pour imposer un candidat autre que celui du PDCI-RDA. En l’occurrence le président Ouattara.
LA : Posez la question au président Bédié lui-même. Pour ce qui me concerne, je sais qu’au PDCI-RDA, il y a pour chaque chose une instance de décision. Pour le moment, il s’agit du Congrès où le président du parti sera élu. Quant au choix du candidat du parti pour l’élection présidentielle, il se fera au cours d’une Convention après le Congrès. Ceux qui s’agitent actuellement veulent vicier le débat. S’ils estiment que le président Bédié ne doit plus être président du PDCI-RDA, ils n’ont qu’à venir se présenter contre lui au Congrès. Nous savons que les présidents Bédié, Ouattara, Mabri et Anaky sont dans une alliance. Ils se parlent au quotidien. Ils sont suffisamment outillés pour gérer cette alliance avec intelligence.
LP : Justement, parlant du RHDP, KKB dit qu’il a volé en éclats et que le PDCI aura un candidat en 2015.
LA : Cela n’engage que lui, qui pourtant a été élu sous la bannière du RHDP. Si le RHDP a volé en éclats, il devrait en principe en tirer les conséquences. Cela dit, nous sommes tous au gouvernement. Le RHDP travaille pour la Côte d’Ivoire au quotidien. Aux dernières élections, il y a eu 9 listes RHDP. Ce n’est pas rien pour des partis politiques qui ont tous leur autonomie à préserver et parfois à défendre, il ne faut pas l’oublier. Donc ce n’est pas facile. C’est comme dans l’Union européenne, les Etats membres cèdent une partie de leur souveraineté dans certains cas. Mais dans d’autres cas, la défendent jalousement. Il y a des extrémistes de tout bord. Nous, notre travail en tant qu’élu, c’est d’amener les uns et les autres à regarder l’essentiel qui est la Côte d’Ivoire. Au dernier Bureau politique, le président Henri Konan Bédié a salué le travail remarquable abattu à la tête du pays par son jeune frère, le président Alassane Ouattara. Beaucoup de choses sont en train de se faire en ce moment. Chaque chose en son temps. L’essentiel, c’est la Côte d’Ivoire et non les ambitions et intérêts de quelques individus.
LP : Vous êtes pour le maintien de Bédié à la tête du PDCI, malgré son âge avancé. Pourquoi ?
LA : Vous savez, c’est le contexte qui l’impose. Nous sortons d’une grave crise au cours de laquelle le PDCI n’a pas été épargné. Nous pensons que pour le moment, seul le président Bédié peut mieux préserver les acquis et les intérêts du PDCI-RDA. Le contexte que nous vivons ressemble fort à l’époque où Franklin Delano Roosevelt était président des Etats-Unis d’Amérique. Roosevelt a été le seul président américain à avoir fait quatre mandats. Alors que la Constitution américaine n’impose que deux aux présidents américains. La période particulière et le contexte de guerre ont amené les Américains à laisser le président Roosevelt aller au-delà des deux mandats. Nous sortons d’une grave crise. Notre Congrès devait se tenir depuis 2007. Vous voyez que c’est huit ans après que nous tenons un Congrès, alors que l’article 29 du statut prévoit un Congrès tous les cinq ans. Pour nous donc, il faut adapter tous les textes au contexte que nous vivons. Pour terminer sur cette question, je tiens à préciser que contrairement à ce que certaines personnes veulent faire croire, ce n’est pas le secrétaire général qui organise le Congrès. Aucun texte de nos statuts ne le dit.
LP : Vous avez décidé de vous battre pour maintenir Bédié à la tête du PDCI-RDA. Quels sont les moyens dont vous disposez pour arriver à vos fins quand on sait que l’adversité fait rage ?
LA : Je voudrais vous rassurer que nous allons nous donner les moyens pour faire triompher notre position. Nous avons mis sur place une coalition qui est la Coalition des Jeunes leaders pour la réussite du 12ième Congrès du PDCI-RDA. A travers cet instrument de combat, nous allons investir tout le pays pour siffler la fin de la récréation. KKB dit que la vérité est derrière lui. Donc, c’est le mensonge qui est devant lui. Je suis convaincu d’une chose. Les militants du PDCI-RDA se méfient des aventuriers. Ces militants ont intégré la maxime du président Félix Houphouët-Boigny qui dit que : « la politique est la saine appréciation des réalités du moment ». Le président Alassane Ouattara a dit que le président Henri Konan Bédié est notre « Julius Nyerere » en Côte d’Ivoire. C’est sous son autorité morale qu’il dirige la Côte d’Ivoire. Et nous partageons entièrement cette vision. Que ceux qui s’agitent nous disent quel est leur objectif et qu’ils nous l’expliquent. Car si c’est pour tomber encore dans ce que nous avons vécu récemment, ce n’est pas la peine. Car nous disons que ce n’est pas le moment de se battre au chevet d’une Côte d’Ivoire encore convalescente.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly