La grande erreur de la France et de ses suiveurs de la CEDEAO est de croire que ceux, qui ne veulent pas d’une intervention militaire au Niger, sont leurs ennemis. Il n’en est rien. Regardez la Somalie et la Libye sans aller à l’Irak à la Syrie et à l’Afghanistan. La démocratie par la force des armes, n’est que détruisions, sang et larmes.
Où était la CEDEAO quand la mauvaise gouvernance de Mohamed Bazoum et sa traîtrise permettait de libérer tranquillement les djihadistes capturés par armée de son propre pays ? Comment des pays qui ont du mal à boucler leur budget de fonctionnement ont-ils brusquement trouvé de l’argent pour aller faire une guerre au Niger ? Soyons sérieux qui peut avoir de la considération pour la CEDEAO, aujourd’hui ?
Puisse qu’ils prétendent avoir l’argent nécessaire pour mener une guerre injuste et indigne, des rapports de respect, de solidarité et de bon voisinage, notre devoir est de les prévenir des défis auxquels ils seront confrontés au milieu du désert sahélien.
Nous précisons ici que l’intervention occidentale en Somalie à laisser le pays exsangue. La Somalie est aujourd’hui un état zombie ou personne ne veut y mettre les pieds. L’intervention en Libye à fait exploser ce pays qui est aujourd’hui en proie à la violence et ou on ne sait même plus qui gouverne.
Aujourd’hui on veut déstabiliser le Niger pour l’occuper durablement et piller ses richesses minières, pétrolières et gazières sans en rendre compte à personne. Quel est le sens de l’engagement militaire français au Niger pour rétablir Mohamed Bazoum quand pendant dix ans l’armée française a été incapable de venir à bout des djihadistes ?
Les défis des armées africaines face au peuple nigérien
Le premier défi auquel les braves militaires de la CEDEAO seront confrontés sera l’approvisionnement en eau dans un pays désertique sous embargo par ses voisins. Un homme a besoin de 30 litres d’eau par jour dans un désert ou il fait par endroit entre 50 ou 60 degrés à l’ombre. Imaginez la consommation journalière des dix mille hommes sans compter les toilettes.
Défi pneumatique et le sable comme ennemi
Dans le désert sahélien, sous l’effet de la chaleur, les pneus des véhicules doivent entre gonflés en fonction de la charge du véhicule donc les attaquants CEDEAO, doivent savoir que la moindre crevaison les immobilises et les exposes à porter de tir de leurs adversaires.
Le sable étant le premier ennemi des troupes dans le désert, les fusils peuvent s’enrailler facilement. Les armées de la CEDEAO doivent avoir des véhicules anti mines en avant de leurs convois pour éviter les surprises désagréables qui les attendent à chaque pas qu’ils feront sur le sol nigérien. Sans parler de l’enlisement par endroit des véhicules jusqu’aux essieux.
Il faut donc changer les filtres des véhicules car un filtre normal ne résiste pas à une heure de route dans le désert. Les mécaniciens de rallye automobile ne nous démentiront pas. Il faut donc avoir des pneus et des filtres adaptés pour une durée de trois à six mois dans le désert. L’air ambiant dans un véhicule en environnement de plus de 50 degrés implique un radiateur de grande profondeur et une aération adaptée au refroidissement du moteur.
Voilà pourquoi la logistique militaire doit prévoir des véhicules citernes d’eau en avant et en arrière des convois. L’autre solution est d’avoir un camion de forage capable de faire un forage d’eau potable sur chaque 400km de l’avancée des troupes pour permettre des bivouacs carrés ou circulaires pour l’hébergement, les toilettes et la restauration des troupes. Comment conserver l’eau et les aliments dans un pays sans électricité ? Nous y reviendrons.
Le refroidissement par air à l’intérieur des véhicules militaire nécessite à défaut de climatiseurs, inévitablement des turbines et des ventilateurs. L’autre problème important sera l’approvisionnement en carburant des véhicules militaires. Il faut y prévoir dans la logistique de la CEDEAO des véhicules de ravitaillement en armements en munitions et pièces de rechanges avec des mécaniciens spécialistes en dépannages d’urgences.
Le désert nigérien étant parsemés de dunes et surtout de plateaux caillouteux qui fragilisent sur plus de 150km les équipements pneumatiques la CEDEAO doit y penser maintenant avant d’y aller. Le désert comporte des pièges qu’un béninois, un ghanéen et un ivoirien ne mesurent même pas. Nous n’avons fait que mettre quelques-uns en lumière.
Nous rappelons ici les images pitoyables de conflits ou les soldats avaient abandonnés leurs véhicules inadaptés en pannes dans le désert, hagards et hébétés demandant de l’eau à leurs adversaires et préférant se constituer prisonnier que de mourir pour des chimères.
C’est justement parce que les dirigeants politiques qui ont déclaré la guerre n’ont pas eu l’intelligence de résoudre en amont ces problèmes logistiques qui accompagnent une guerre. Il faut aussi avoir une équipe militaire de réparation et de maintenance des véhicules dans le désert.
Si non changer un pneu dans cet environnement hostile vous prendra une journée entière bloquant l’avancée d’un convoi de cinquante ou cent véhicules. Voilà au plan logistique ce que la CEDEAO, qui veut la guerre doit avoir dans ses bagages pour ne pas être ridicule.
Les tempêtes de sable dans le désert nigérien
La Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad, sont les pays qui ont les tempêtes de sable, les plus violentes et les plus imprévisibles dans la climatologie sahélienne. Elles peuvent durer deux à trois jours ou plus avec une visibilité nulle. Ceux qui ne sont pas habitués ; auront rendez-vous avec des infections pulmonaires, des difficultés respiratoires, des allergies, des infections pharyngites et autres infections nasales accompagnées de douleurs sévères.
Un poste médical avancé sera nécessaire sur place pour les premiers soins avant une évacuation pour les cas plus graves. Voilà pourquoi les gens de cette région ne quittent presque pas leur turban même pour dormir. Le climat est une menace pour l’adversaire qui croie y aller en villégiature. À 17H00 il fait déjà nuit dans le désert, souvenez-vous en.
Si les français avec tous leurs drones et leurs équipements n’ont pas pu venir à bout des simples djihadistes en sandalettes et à moto dans le désert comment la CEDEAO et ses supplétifs toubabs peuvent prétendre aujourd’hui aller occuper un pays pour y installer le régime de leur choix.
La CEDEAO doit équiper ses soldats de lunettes de protection contre le sable, les éclats et les particules. En cas de bataille de nuit des lunettes thermiques, seront plus que nécessaires. Les télécommunications jouent un grand rôle dans la guerre moderne. Nous connaissons des pays d’Afrique de l’Ouest qui n’ont même le WIFI sur leurs campus universitaires.
Comment assurer la coordination de l’avancée des troupes dans l’immensité désertique sans connexion internet ? En sachant que c’est une donne essentielle ? Compte-t-ils sur leur maître, la France dont-ils-sont habitués à manger les vomissures ? À l’heure du numérique les états-majors doivent être reliés aux troupes en permanence et les soldats ont le droit de communiquer d’un bataillon à l’autre et aussi avec leurs familles.
Conclusion générale
Nous condamnons tous le coup d’état au Niger. Mais Mohamed Bazoum ne mérite pas des milliers de morts pour être président du Niger. On n’envoie pas non plus dix mille personnes dans un pays pour y installer le président que l’on veut ; parce que ceux qui ont pris le pouvoir ne vous conviennent pas.
Le dernier problème à résoudre par la CEDEAO avant de mettre les pieds au Niger sera le délicat problème de l’harmonisation des armes et des munitions.
Car si un soldat ghanéen et un nigérian tous deux formés dans les académies militaires anglo-saxons, de Sandhurst en Grand Bretagne ou à West point aux USA ; peuvent échanger des munitions, car ils sont de la même formation et ont les mêmes équipements. Qu’adviendra-t-il quand un ghanéen et un sénégalais formé à Saint-Cyr, seront côte à côte et l’un à court de munitions et ayant des dotations d’armes différentes ?
Enfin quelle est la valeur des officiers supérieurs qui ont passé leur vie dans des bureaux climatisés ? Hautains et ventrus ils n’ont jamais gagné le moindre combat au corps à corps et qui doivent les faux grades qu’ils portent sur leurs épaules à la générosité du président de leur pays dont-ils-sont proches, par l’ethnie, la religion, le militantisme ou la région d’origine ?
Souvenez-vous de l’armée hutu de Juvénal Habyarimana, et de sa déconfiture au Rwanda. De l’armée ngbandi de Mobutu dans l’ancien Zaïre, pour vous rendre compte que l’ethnie et la proximité avec un dictateur ne garantit pas l’efficacité d’une armée encore moins la paix et un destin harmonieux au bénéfice de tous dans un pays. Au contraire elles peuvent être indigestes et malfaisantes pour toute une sous-région.
Le général Étienne Nzimbi, le neveu de Mobutu, fils de sa sœur aînée. Commandant de la Garde présidentielle, fut le premier à fuir pour se réfugier à Brazzaville abandonnant ainsi son oncle de président. Quant au général Kpara Baramoto, commandant de la garde nationale. L’oncle de Mobutu, il était injoignable ; ni sur son téléphone portable, ni sur toutes les lignes militaires. Il était introuvable et partout aux abonnés absents.
Tous ceux qui pensent que l’ethnie ne trahit pas. Et qu’une armée mono ethnique est la clé de la paix intérieure par la répression, la guerre contre les voisins. De l’usage de la coercition, des disparitions, les emprisonnements arbitraires ou l’entrée massif des membres de l’ethnie du président dans l’armée, la police, la gendarmerie et la fonction publique peuvent garantir la paix et la stabilité dans un pays ou dans une la sous-région se trompent d’époque.
Que Dieu bénisse le Niger et son peuple et enfin délivre ce pays de l’immense complot qui le vise, en arrêtant les bras des imposteurs.
Merci de votre aimable attention.
Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (Suisse)
Mail. nicolasnzi@bluewin.ch