« Je vous pardonne. Mais je n’oublie pas. »

Mikeu Mahi, journaliste, et Soro Guillaume

J’ai demandé à prendre la pause avec vous hier à votre résidence privée après que vous ayez annoncé la création d’un comité politique qui devrait vous permettre de prendre part au débat politique national.

Je ne m’attarderai pas sur ce fait. La politique ivoirienne me file l’urticaire.

Je disais que vous n’avez pas fait grande difficulté à ma demande.

Je me suis même surprise à sourire sur cette photo et je peux vous confirmer que le temps a vraiment pansé certaines blessures. De grandes même.

Lorsque tu crois en Dieu, et lui confies ta vie, Il te soulage de bien de tourments.

Parce qu’il fut un moment de ma vie où je vous ai profondément détesté.

Un homme qui revendique une rébellion dans laquelle tes proches y ont laissé la peau, tu ne peux que le haïr.

Un homme qui revendique une rébellion dans laquelle ton père, le pilier de la famille a failli y laisser la vie, tu ne peux que le haïr.

Un homme qui revendique une rébellion dans laquelle ta famille et toi avez tout perdu, eh bien tu ne peux que le haïr.

Je me souviens qu’on a eu droit à l’appellation “deplacés de guerre”.

Oui ma famille s’est construite à Bouaké.

Mes frères et sœurs et moi sommes tous nés dans cette ville. Cette ville qui nous est désormais étrangère.

M. Guillaume Soro laissez-moi vous dire que l’appellation “deplacés de guerre” était pour mes frères et sœurs et moi ce que “Jeune homme” suscite dans votre coeur…un brin douloureux…

A la vue de votre résidence qui n’est certainement pas la seule en votre possession, je me suis intérieurement dit eh beh dis donc, ces gens-là se sont vraiment enrichi via la rébellion… enfin bref…

Vous dites de vous que vous êtes un démocrate et j’ajouterais qui ne regrette pas d’avoir pris les armes contre ce pays…

Je comprends qu’il n’est juste plus possible pour vous de faire marche arrière et de regretter profondément et sincèrement cet acte…

C’est ainsi, quand la machine est lancée bah on y va jusqu’au bout. Je peux le comprendre.

Revenons à notre pause.
J’ai demandé à immortaliser ce moment avec vous parce que je vous ai pardonné le mal que vous ignorez m’avoir causé ainsi qu’à ma famille.

Le mal que vous avez causé à tous ces jeunes d’hier, responsables ou non aujourd’hui qui ne vous crushent pas.

Je vous pardonne parce qu’en continuant de vous détester, ce sont des énergies négatives que j’emmagasine sur mon chemin de Vie.

Et ce n’est pas ce qu’il y a de salutaire pour l’équilibre d’un être vivant qui aspire au Bonheur.

Je vous pardonne. Mais je n’oublie pas. Si on devait oublier notre passé, on n’aurait pas d’histoire à raconter…

Je ne vous soutiens pas non plus parce que voilà, la vie est faite de dualité et de choix assumés. Je compte pour une fine goutte d’eau dans vos soutiens oui je le sais. Et puis de toutes les façons, on s’en fiche.

Pour la suite, que Dieu nous donne, à tous, une longue Vie.

Mikeu Mahi, Journaliste