Par Dr Mathias Ouraga OBIO Analyste Économique et Sociopolitique, Côte d’Ivoire
I État des lieux
La Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest comptant 24 548 332 d’habitants en 2018, est le premier producteur mondial de fèves de cacao, avec une production moyenne annuelle de 2.000.000 tonnes, soit 41 % de l’offre mondiale. Sur le plan macro économique national, le niveau de production atteint fait que l’économie cacaoyère fournit environ 50 % de recettes d’exportation, et contribue pour 20 % au Produit Intérieur Brut (PIB). Au plan social, selon les recherches bibliographiques, ce sont environ 600.000 chefs d’exploitation qui animent l’appareil de production, faisant ainsi vivre environ 8.000.000 de personnes des revenus du cacao. Mais, pour mériter la première place mondiale et faire mieux profiter aux ivoiriens les revenus de l’or brun, la CI doit relever des défis majeurs: 1) la qualité de son Cacao ; 2) le respect des règles d’éthique éditées par l’industrie du chocolat signé le 19 Septembre 2001 sous forme d’un protocole connu sous le nom de protocole Harkin-Engel qui lutte contre la traite des enfants dans la cacao culture, 3) la convention N° S 138 et 182 de l’OIT et 4) la gestion transparente et rigoureuse de la filière gérée par le Conseil Café Cacao. Après la faillite de la Caisse de stabilisation et de soutien des prix des productions agricoles (CAISTAB) dans les années 1990 et la réforme de la filière sous le Président Laurent Gbagbo, une autre réforme a été engagée en 2011 par le président Alassane Ouattara par une Ordonnance n° 2011-481 du 28 décembre 2011 fixant les règles relatives à la Commercialisation du Café et du Cacao et à la Régulation du Conseil Café-Cacao (CCC). Mais cette troisième réforme va connaitre des scandales qui ne sont pas structurels mais qui sont dus à la mise en œuvre des missions du CCC face aux exigences de transparence et la redevabilité. Les missions du conseil Café Cacao sont très larges et elles permettent à la filière de rester stable malgré les chocs : les missions de régulation, de stabilisation et de développement. Mais 4 ans après sa création en 2012, la valeur de « l’or brun » a continuellement chuté sur le marché international, passant sous la barre de 2000 dollars la tonne (1 100 000 FCFA) d’août 2016 à 2018. La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur mondial de Cacao. Ce secteur représente les deux tiers des emplois directs et indirects et des revenus de la population (selon la Banque mondiale). Le gouvernement a décidé de fixer à 700 FCFA le kilo et le prix garanti d’achat du cacao bord champ pour la campagne intermédiaire 2016-2017 et 750 F CFA, pour la campagne 2018-2019. Ce qui est une baisse importante et un manque à gagner pour les producteurs. Après 5 ans de forte croissance (qui a fait baisser la pauvreté de 51% à 46%), l’économie ivoirienne montre ses premiers signes d’essoufflement. Si, de 2012 à 2015, cette croissance a été de plus de 9 %, elle a régulièrement connu une baisse jusqu’à atteindre 6,3 % en 2018 et 2019. La baisse des prix a fragilisé les producteurs car le prix bord champ a diminué de 1100 FCFA le kilo en 2016 à 700 FCFA en avril 2017. Les exportateurs ont aussi vu leur marge se réduire, forçant les autorités à les soutenir à travers les fonds de compensation gérés par le Conseil café-cacao (CCC) et, surtout, la suppression du droit d’enregistrement de 5 % sur la valeur des exportations de cacao. “La perte de ces recettes budgétaires est estimée autour de 45 milliards FCFA pour le reste de l’année 2017.” (Cinquième rapport de la BM sur la situation économique de la Côte d’Ivoire). Dans le pays, nous avons constaté une baisse du budget 2018, obligeant le gouvernement à emprunter une rallonge budgétaire le 15 mars 2018 à Paris d’un montant de 1.115 milliards de francs CFA et 195 milliards à mobiliser sur le marché sous régional. C’est ce qui a obligé le pays à adopter un nouveau système de vente appelé vente par anticipation d’après une source interne au Conseil Café Cacao (CCC). Depuis la mi-août 2018, 1,7 million de tonnes de cacao ont été vendu par anticipation, sur la prochaine récolte. Cette opération répond à la volonté des autorités ivoiriennes de céder 80% de la récolte du pays avant le début de la saison. L’idée est de se prémunir contre l’instabilité du marché et maintenir ainsi un prix garanti à ses paysans entre 750 et 800 francs CFA le kilogramme, contre 700 francs CFA pour la campagne qui s’achève. Concernant les passations de marchés au CCC, elles sont réalisées dans le plus grand secret. Le gré à gré est souvent le moyen utilisé pour attribuer les marchés juteux aux proches du parti au pouvoir en dehors de toute transparence. Pour la campagne 2018-2019, 51 sociétés commerciales et 26 sociétés coopératives ont été agrées le 7 septembre 2018 pour l’exportation de l’or brun toutes dirigées pour la plupart par des non nationaux et qui ne sont pas des producteurs de cacao. Sur le plan éthique, Les données mondiales de 2016, publiées par l’OIT sur la question du travail des enfants et de l’esclavage moderne, indiquent que près de 152 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans sont astreints au travail des enfants dans le monde. Plus de 72 millions d’entre eux, se trouvent en Afrique subsaharienne, ce qui signifie qu’en Afrique, un enfant sur cinq est contraint au travail des enfants. Par ailleurs, parmi ces 72 millions d’enfants astreints au travail des enfants en Afrique subsaharienne, plus de 85% travaillent dans l’agriculture. C’est dans ce contexte que le gouvernement a créé en 2011 deux comités pour lutter plus efficacement contre le travail des enfants en Côte d’Ivoire. Au travers de ces deux comités, deux plans d’actions ont été élaborés (2012-2014 et 2015-2017). Conformément à des actions dans les domaines de la prévention, de la protection et de la répression, en vue de lutter efficacement contre ce phénomène ont été menées : des campagnes de communication, de formations des intervenants de la chaine de remédiation, afin que ceux-ci puissent intervenir efficacement dans la lutte contre le travail des enfants sur le terrain, tels que les préfets, les magistrats, les inspecteurs du travail, les assistants sociaux, les journalistes et les forces de l’ordre qui ont suivi des séminaires à cet effet. Voici la situation ainsi décrite par les voix officielles. Mais, quelle est la situation en réalité ?
II. NOTRE ANALYSE
Le CCC a-t-il réalisé correctement ses missions de régulation, de stabilisation et de développement ? Non, la preuve : II.I. Concernant le cadre légal : Nous avons constaté une insuffisance et une injustice au plan institutionnel faite aux producteurs. Il est prévu une compensation financière en cas de baisse brutale des prix du Cacao sur le marché mondial. Mais, seuls les exportateurs et les transformateurs du Cacao ont été pris en compte par la compensation financière. Les producteurs qui sont la cheville ouvrière et le maillon essentiel sont laissés pour compte. C’est une injustice et une insuffisance des textes. La compensation devrait surtout prendre en compte les producteurs. II.II. Du point de vue de ses missions de développement : Le conseil café Cacao n’a pas permis la vulgarisation de la consommation du chocolat et du café ivoirien. Cela est d’autant plus évident que rares sont les enfants en milieu urbain de classe moyenne qui consomment fréquemment le chocolat qui est très bon pour leur santé car riche en fer et en vitamines. Quant aux enfants des milieux ruraux, ils n’en consomment presque jamais alors que leurs parents produisent des tonnes de fèves de Cacao et à plus forte raison les adultes. La filière n’a pas non plus réussi à équilibrer le compte de la filière et encore moins réaliser des excédents budgétaires. Bien au contraire, elle a enregistré des détournements de plusieurs milliards de FCFA après quelques années de gestion. Le conseil Café Cacao n’a pas réussi à développer le secteur. II.III. Concernant la qualité du Cacao ivoirien : Le Cacao ivoirien n’est pas de meilleure qualité. Trois grades de qualité sont normés : le grade 1, 2 et le sous grade. Le Conseil café-cacao (CCC), régulateur du secteur en Côte d’Ivoire, a fixé un plafond de 120 fèves par 100 grammes pour les cargaisons destinés à l’exportation, mais les exportateurs indiquent un décompte moyen de 125 à 160 fèves pour 100 grammes. Ce qui veut dire que la qualité n’est pas meilleure. Pour la campagne 2018, Le cacao bien séché arrive à l’usine avec un taux moyen de moisie de 3,5%, un taux moyen d’ardoisé de 4,4% et un taux moyen de défauts de 3,6%. Ces résultats donnent un classement grade 2. Le Cacao ivoirien n’est pas encore au grade 1. II.IV. Concernant la transformation du cacao : La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao transforme moins de 30% de sa production en 2018 et envisage atteindre 50% en 2020 ce qui est irréaliste en deux ans. Dans l’industrie du chocolat, nous constatons que les investisseurs nationaux sont presque inexistants. Le faible taux de transformation et l’absence d’investisseurs nationaux sont deux facteurs intimement liés à une absence totale de structures de formation spécifique aux métiers de la transformation du cacao et l’inexistence de PME nationaux. Il n’y a pas d’écoles de formation spécifique pour la production des chocolat et autres produits dérivés du cacao. La transformation du cacao en produits alimentaires, devrait être aussi vulgarisée sur toute l’étendue du territoire national comme l’on le constate avec la transformation du manioc en attiéké, l’arachide, la banane, le mil, l’anacarde, etc. Cet état de fait impacte négativement l’économie ivoirienne qui n’apporte pas assez de valeur ajoutée et par conséquent ne crée pas de richesse. Le rôle de l’état se limite à cueillir le cacao et à vendre les fèves. Il en est de même pour la plupart des produits de rente que nous transformons très peu mais l’exemple du cacao et du café sont plus édifiant. A croire qu’il y a une volonté politique d’empêcher le développement des politiques de transformation du chocolat pour protéger les intérêts de gros chocolatiers suisses. Là encore, le CCC n’a pas contribué à la transformation du Cacao. II.V. Concernant la promotion des opérateurs nationaux dans la transformation du Cacao : Dans 84% des activités de transformation du Cacao en Côte d’Ivoire, aucune compagnie nationale ou organisation de producteurs nationaux n’est impliquée selon le Président de l’Organisation Mondiale des Cultivateurs de Cacao (OMCC-WCPO), Toussaint N’guessan. Dans ce secteur, environ 12 sociétés importantes de transformation sont toutes étrangères et à capitaux étrangers (Sacco, Cargill, Olam, Cémoi, Tafi, Neskao, Sidcao, etc.). Nous constatons malheureusement, une absence totale de la promotion des opérateurs nationaux dans la transformation du Cacao ivoirien tant au niveau étatique qu’au niveau du CCC. II.VI. Concernant sa contribution au développement rural : Nous constatons la dégradation avancée des pistes villageoises pour le convoyage des produits agricoles, des difficultés d’acheminement des produits agricoles et une absence totale de mécanisation dans la chaine de production. Les paysans continuent de cueillir les cabosses de Cacao à la main et façon artisanale. Il y a une absence totale de méthode moderne de récolte. La distribution des engrais, de matériel végétal amélioré, de graines et de boutures se font très rarement ou pas du tout. Les paysans se ravitaillent en engrais, boutures et graines chacun avec ses propres moyens et selon ses réseaux. L’encadrement des paysans pour l’appui technique est presque inexistant car les frais que cela implique sont à la charge des paysans qui, à cause de leur état de pauvreté, ne peuvent pas supporter le coût induit. Seuls, les vergers de grands industriels et fermiers sont bien entretenus. En ce qui concerne les infrastructures, équipements, l’adduction d’eau et d’électricité pour développer le milieu rural, le CCC ne s’investit nullement pas. Au total, la contribution du CCC au développement rural est presqu’inexistante. II.VII. De la régulation : Compte tenu de l’augmentation de l’offre mondiale du cacao et de la chute des prix depuis 2016-2017, le CCC a décidé de procéder à un recensement des vergers de café et de cacao et à la suspension temporaire de distribution de matériel végétal amélioré, de graines, de boutures à partir de la saison 2018/2019 pour réduire la production. C’est la trouvaille que le régulateur a préféré. Le régulateur ivoirien de la filière cacao a décidé d’interrompre le programme de soutien aux cultivateurs pour faire baisser la production afin de lutter contre la surproduction. Une décision qui devrait mettre en adéquation l’offre et la demande selon lui, par ce que la production actuelle est estimée à 2 millions de tonnes. Là encore, nous pensons que c’est une erreur d’appréciation. La régulation de l’offre et la demande doit être un exercice qui anticipe sur le jeu boursier par la maitrise parfaite de la production, la commercialisation et les prix. Cette pratique ne saurait se résumer à une simple suppression temporaire de distribution de matériel végétal amélioré, de graines et de boutures. La méthode du CCC qui consiste à supprimer temporairement la distribution d’intrants stratégiques peut au contraire mettre en mal le verger durablement par faute d’entretien. II.VIII. De la stabilisation : Au regard des fluctuations des cours mondiaux du Cacao et ses implications sur l’économie ivoirienne et le pouvoir d’achat des producteurs, le CCC n’a guère réussi à stabiliser les prix et garantir le prix stable aux producteurs. La preuve, le pays a ressenti gravement la baisse du prix du Cacao sans pouvoir maintenir un prix appréciable aux producteurs. La filière gérée par le CCC n’a pas montré sa capacité de résilience aux chocs provoqués par la baisse des cours mondiaux en stabilisant le prix du cacao en Cote d’Ivoire. Le Ghana, deuxième pays producteur mondial a été confronté à la même situation mais, le mécanisme de régulation mis en place dans ce pays a permis d’éviter la réduction du prix bord champ aux paysans et ce, jusqu’à ce jour. Le CCC, n’a pas été capable de résilience face à la baisse des cours mondiaux du cacao. II.IX La commercialisation, la gestion financière et les passations de marchés : Que deviennent les 20% de la production qui est un fond de réserve vendu en “spot” dont le montant échappe complètement au public et peut-être au trésor ivoirien et dont la gestion n’est pas tracée. Ce système, conjugué aux efforts du gouvernement de renoncer en partie les taxes qu’il perçoit sur les exportations, pour un montant de 43,4 milliards de F CFA pourrait s’avérer salutaire pour réduire de façon considérable les effets des chocs des cours mondiaux et maintenir les comptes du CCC excédentaires si la filaire elle-même était gérée de façon transparente et si la passation des marchés était faite selon les règles de l’art. Tenez, à titre d’exemple : La Lettre du Continent (LC), dans sa publication du 25 avril 2018, livre le rapport d’un audit de la filière cacao, commandé à l’issue de la campagne 2016-2017 « marquée par la surproduction et la défaillance des exportateurs ». La LC mentionne dans ses colonnes que le cabinet international d’expertise-comptable d’audit et de conseil (KPMG) a remis au gouvernement, le 12 mars 2018, les conclusions de sa mission sur la situation de la filière cacaoyère. Un document qui, selon le bimensuel panafricain, évoque une « gestion approximative » du Conseil café-cacao (CCC), structure en charge de l’attribution des agréments d’exportation du cacao. Il est écrit, en effet, que nombre de ces autorisations sont qualifiées de « non justifiées », étant entendu que les entreprises bénéficiaires n’ont « ni la surface financière, ni les compétences techniques requises » pour assurer ces contrats. Des nominations aux relents politiques et tribales, les réattributions des contrats à Cargill, Touton et Cémoi et les détournements ont gangrené la filière. Ainsi, le limogeage tardif de Mme Massandje Toure Litse au poste de Directeur Général, et son remplacement par Yves Brahima Kone n’a pu mettre fin à la mauvaise gestion. Il appartient aux autorités ivoiriennes, de par leurs pouvoirs discrétionnaires, de nommer à des postes à condition que ces nominations se justifient par la compétence et qu’elles ne soient pas mêlées au favoritisme, au tribalisme et à la camaraderie politique. Tenez, le cas de SNEDAI dirigé par Adama Bictogo, militant du RDR, proche du chef de l’état rafle tous les contrats en Côte d’Ivoire et pourrait même avoir un nième contrat juteux avec Le CCC dont le directeur général Yves Brahima, militant du RDR est un proche d’Adama Bictogo, tous deux réputés pour la qualité de leur relation avec le premier ministre Amadou Gon, lui-même vice-président du RDR, parti politique du chef de l’état dont il en est le président d’honneur. Concernant la gestion financière, le Conseil café-cacao (CCC), qui organise l’ensemble du secteur et le système des ventes, enregistre un gigantesque trou de 500 milliards de FCFA (762 millions €) découvert dans la filière Cacao en 2018 selon l’audit du cabinet KPMG. Ce qui est énorme et inacceptable dans un pays de droit. Quant à la gestion du CCC, elle est rythmée par des scandales financiers qui sont encouragés par l’impunité qui caractérise le gouvernement actuel. La filière est donc mal gérée et les ivoiriens ne bénéficient pas des fruits du Cacao qui est notre patrimoine. II.X. Sur le plan éthique : Le protocole Harkin-Engel, relatif au travail des enfants dans le cacao – culture, tel qu’il est présenté en Côte d’Ivoire comme la pire forme de travail des enfants n’est pas la réalité dans le milieu rural et dans nos villages. C’est vrai que le pays a besoin de main d’œuvre pour maintenir sa production, mais le travail dans les champs de cacao n’est pas le fait des enfants en Côte d’Ivoire. Ce protocole est assez récent dans notre pays et sa mise en œuvre de façon passionnée comme constaté récemment date de l’avènement du président Ouattara au pouvoir dont son épouse porte le leadership de la lutte. De mémoire des ivoiriens, depuis 1960 jusqu’à 2011, la CI a toujours été premier producteur de cacao sans avoir été interpellée, ni indexée pour son implication dans l’utilisation des enfants dans la production cacaoyère. Alors, la question que nous nous posons est de savoir : quelle est l’ampleur du problème depuis 2011 au point que cela constitue un problème social sur lequel les autorités communiquent beaucoup ? Combien d’enfants sur les 8 millions de personnes qui vivent de la production cacaoyère sont employés dans les plantations de cacao ? Et parmi eux quels sont ceux qui sont utilisés comme esclaves? Selon les chiffres publiés le 17 juillet 2018 par La Première Dame de Côte d’Ivoire à la cérémonie d`ouverture de la 8ème réunion annuelle du Groupe de coordination des actions de lutte contre le Travail des enfants dans la culture du cacao, 83000 enfants seraient victimes du travail dans le cacao-culture, ce qui représente 0,01% ou 1/10.000 par rapport à l’ensemble de ceux qui vivent de la cacao culture en Côte d’Ivoire et c’est parmi cette population qu’il faut encore extraire les enfants qui sont victimes de la traite. En CI, nous savons que la majorité des enfants qui travaillent dans les champs de Cacao aident leurs parents ou accompagnent leurs parents au champ pour éviter que ces enfants restent seuls au village (en ce qui concerne les nationaux) et ces enfants sont ceux qui ont l’âge de fournir un travail physique. Cette thèse est corroborée par Initiative Cacao International (ICI) qui affirme et je cite : Seuls 1% des enfants travailleurs dans les champs sont issus de la traite. 99% sont les enfants des planteurs. Ce qui montre clairement que le phénomène de la traite évoquée par les autorités ivoiriennes n’est pas significatif et planifié par les producteurs selon la définition du protocole Harkin-Engel. Le phénomène tel que décrit n’est donc pas préoccupant en Côte d’Ivoire. La préoccupation des autorités ivoiriennes se trouvent ailleurs, peut-être du coté de la gestion des fonds alloués à cet effet par les bailleurs bilatéraux et multilatéraux.
III. NOS RECOMMANDATIONS :
Au regard de tout ce qui précède, nous faisons les recommandations suivantes : Compte tenu du fait que le Cacao est notre patrimoine, ce produit et sa gestion doivent être protégés afin de profiter au maximum au pays. L’état doit permettre : 1 -La suppression du CCC qui a failli à sa mission de régulation, de stabilisation des prix et de développement du secteur de la filière café cacao ; 2- la création d’une bourse administrative pour la régulation efficace basée sur l’offre et la demande du cacao ; 3-La création d’un fond de garanti et de stabilisation du prix du kilogramme à 1000 FCFA en cas de baisse des cours mondiaux et au dessus de 1000 FCFA en cas de hausse des cours. 4-La réduction du DUS et les nombreuses taxes nationales en faveur des producteurs pour financer le fond ; 5-La création de centrales d’achat et d’exportation autorisées et dirigées par des coopératives nationales de producteurs ; 6-L’amélioration de la qualité du Cacao au niveau grade 1 ; 7-La création de petites et moyennes unités de transformation locales du Cacao en chocolat et produits dérivés dirigées par les producteurs nationaux ; 8- La Création des centres de formation au métier du cacao, du chocolat et produits dérivés 9-La transparence et la traçabilité du processus de production, de l’entreposage, de la commercialisation et des ressources financières générées par la filière ; 10-En cas de préjudice du à la baisse brutale des cours mondiaux, tous les acteurs de la chaine de production doivent bénéficier des mesures de compensation financière y compris les producteurs ; 11- La mécanisation de l’agriculture cacaoyère.