De Rotterdam (Pays-Bas) où nous nous trouvons pour prendre part au 59ème Congrès de l’International Libérale, nous avons appris que Monsieur Doudou Diène, Expert «Indépendant» de l’ONU, a fait une déclaration relative au projet de loi adopté par le Gouvernement ivoirien sur la Commission Electorale Indépendante (CEI). Ce projet de loi, il faut le rappeler, fait passer le nombre de commissaires de la CEI de 31 à 13. Nous aurions pu ne pas commenter la sortie de Monsieur Doudou Diène s’il ne nous était apparu que notre cher Expert «Indépendant» cultive une tendance de plus en plus forte à s’immiscer dans les débats politiques ivoiriens. Nous avions cru que son rôle est d’être un observateur patient, prudent, donnant des avis quand il faut. Mai, l’on observe que là où le débat n’a pas encore commencé entre Ivoiriens, il fait des déclarations pour s’inviter au débat naissant. Nous faisons remarquer que le projet de loi adopté par le Gouvernement n’est qu’au stade de projet. Il n’a pas encore été débattu par les députés, représentants du peuple de Côte d’Ivoire. Alors d’où vient-il qu’il se précipite pour s’inviter dans un débat qui ne fait que commencer quand il déclare que “La CEI, qui sera en charge des élections présidentielles de 2015, a constitué dans le passé l’institution la plus sensible de la crise pré et post-électorale”. Sans remettre en cause ses généreuses ambitions pour notre pays et pour les Ivoiriens, nous lui faisons remarquer que ce n’est pas la CEI qui est à la base de la crise ivoirienne. Cette assertion est erronée. La CEI n’a pas constitué, par le passé, l’institution la plus sensible de la crise pré et post-électorale. Ce qui fut le plus sensible et le fait déclencheur de notre crise, c’est le passage en force que les ex-dirigeants ivoiriens ont voulu opérer contre la volonté clairement exprimée par les Ivoiriens lors de l’élection présidentielle. Avec le recul, nous constatons que ceux-là qui ont chanté sur tous les toits qu’ils étaient des démocrates ne l’ont jamais été. Le terme démocratie, servi à longueur de journées, était pour eux un slogan politique qui relevait du populisme et de la pure démagogie. La CEI qui a conduit l’élection présidentielle de 2010 a fait un excellent travail reconnu par tous les experts et autres observateurs présents en Côte d’Ivoire. Dire le contraire, c’est confirmer que notre Expert «Indépendant» commence de plus en plus à adopter des attitudes partisanes, surtout quand l’on sait qu’il consacre plus de 80% de ses efforts et analyses à la défense des bourreaux d’hier. Nous nous souvenons tous comment les partisans de l’ex-président ivoirien ont tenté d’empêcher la CEI de proclamer les résultats de l’élection présidentielle : destruction en direct à la télévision des feuilles de proclamation des résultats, encerclement à l’aide de chars, du siège de la CEI par la garde républicaine, menaces physiques sur les commissaires de la CEI, etc. La suite, on la connaît. Des milliers de morts dont on aurait pu faire l’économie. Alors, nous demandons à l’Expert «Indépendant » de mieux se remémorer la chronologie des événements avant et pendant la crise postélectorale, avant de mettre en cause la CEI. Pour en revenir maintenant au débat sur la réforme de la CEI, nous saluons l’adoption de ce projet de loi de réforme par le Gouvernement. Avant même la saisine de l’Assemblée nationale, la société civile ivoirienne ainsi que les partis de l’opposition ont donné leurs sentiments sur ce projet de loi. Nous sommes dans un régime démocratique. Le débat est permis. Il appartiendra aux élus du Peuple de décider, après avoir pris en compte les observations pertinentes de la société civile. C’est pourquoi nous demandons à Monsieur Doudou Diène d’attendre. Il aura tout le temps pour donner son avis d’Expert «Indépendant ».
Le Ministre Joël N’GUESSAN
Porte-parole Principal du RDR
Source: L’inter N°4768 du Samedi 26 Avril 2014