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Affi N’Guessan, Président du FPI

Commencée à Agboville le lundi 29 septembre, la tournée qu’effectue actuellement le président du FPI dans les grandes localités de l’Est et qui prendra fin le 17 octobre 2014  à Dimbokro ne manque pas de susciter de vives réactions de la part de ses adversaires internes.

Pouvait-il en être autrement quand l’on sait que le bloc radical anti-Affi au sein du FPI est chaque jour à la recherche d’un nouveau motif pour durcir sa ligne? Alors que les tournées de ce genre étaient prévues bien avant la crise interne et depuis belle lurette, les anti-Affi les présentent désormais comme une campagne pour la présidence du FPI au Congrès de décembre prochain et même comme une pré-campagne pour les élections présidentielles de 2015 face à Alassane Ouattara. Certainement qu’ils souhaitaient que le président Affi demande la permission du Comité Central, ou qu’il soumette cette initiative au vote avant d’entreprendre quoi que ce soit.

Ce sont pourtant les mêmes qui hier accusaient Affi de s’éloigner de la base. Pourquoi donc se plaindre aujourd’hui à longueur de journée si Affi va à la rencontre de la base pour échanger directement avec les différents Responsables locaux et les militants? On le sait d’avance, très bientôt le journal “Le Temps”, le porte-voix de la frange anti-Affi au sein du FPI va encore entrer en action pour exploiter, décortiquer, dévoyer et dénaturer les discours prononcés par le président au cours de cette tournée. Comme à son habitude, “Le Temps” écrira qu’Affi a tout le temps parlé de lui-même au lieu de parler de la détention du président Laurent Gbagbo et de sa libération.

Développer et appliquer des stratégies de reconquête du pouvoir d’Etat

L’on en est finalement à se demander en quoi parler à tout moment de Laurent Gbagbo fait avancer la cause de celui-ci à la CPI. Un département politique a été spécialement créé et confié à la camarade Agoh Marthe et l’offensive stratégique se prépare activement. Le président du FPI devrait-il alors délaisser ses activités spécifiques pour constituer une doublure de la Responsable chargée de la coordination des actions pour la libération de Laurent Gbagbo? La haine des frondeurs contre le président Affi n’a pas de limite. Pour eux la Côte D’Ivoire n’importe pas sans Gbagbo. Alassane et sa horde de prédateurs peuvent en faire ce qu’ils veulent, Gbagbo ou rien. Affi doit dégager c’est tout.

Mais comment venir à bout du Lion de Bongouanou si en leur sein les contestataires sont conscients qu’ils ne disposent pas d’un candidat de poids au Congrès prochain? C’est pourquoi la seule stratégie de parade qu’ils ont sortie de leur besace d’un coup de baguette magique, c’est de présenter la candidature de Laurent Gbagbo contre Affi au prochain Congrès. Sont-ils conscients des risques énormes qu’ils font peser sur le dossier de Laurent Gbagbo à la CPI? Sangaré serait à la tâche pour présenter cette candidature insolite. L’idée est de jouer sur la charge émotive des congressistes pour dégager Affi et mettre en place une Direction collégiale provisoire à la tête du parti en attendant la libération de Laurent Gbagbo ou de Simone Gbagbo pour confier à l’un ou à l’autre la présidence du FPI. La mission de cette Direction provisoire? Tout rejeter en bloc, tourner le dos à la politique, emmener le FPI à se replier sur lui-même, radicaliser les positions, les idées et les actions, couper les ponts avec la Communauté internationale.

Dans la situation désastreuse où se trouvent notre pays et notre parti depuis le 11 avril 2011, le FPI a pourtant l’impérieux devoir de renforcer son incontestable leadership dans ses activités pour mieux défendre la démocratie et les libertés. Il s’agit là d’une obligation capitale et d’un devoir de leadership qui doivent être assumés pleinement par le parti pour véritablement rester digne de Laurent Gbagbo. Réaliser les activités normales d’un parti politique n’empêchent en rien le FPI de gérer tous les autres dossiers hérités la crise politico-militaire. Le FPI doit rester engagé et combatif  à l’image de son fondateur qui n’a jamais reculé devant les défis et l’adversité. Son leadership en Côte D’Ivoire et en Afrique doit être entretenu et consolidé par des idées novatrices et des actions diversifiées qui doivent constamment tenir compte des profondes mutations socio-politiques qui s’opèrent dans l’espace en mouvement. Il s’agit de décoder l’alarme sociale et d’intégrer les réalités, de rester dans le jeu politique pour y développer et appliquer nos stratégies de reconquête du pouvoir d’Etat.

Où serait donc vraiment le mal si pour Abouo N’Dori Raymond, AFFI devrait déjà lancer sa candidature pour les présidentielles de 2015? Le militant du FPI n’est-il plus libre de s’exprimer? Tout le monde sait et le président Affi surtout, que la décision d’aller ou non au scrutin présidentiel prochain incombe au Congrès du parti. Et ce débat doit être conduit sans passion et sans émotion. Dans tous les cas et quelle que soit la décision du Congrès, le FPI devra en assumer les conséquences. Un parti inactif et plongé dans une certaine léthargie peut-t-il résister et survivre à une inévitable saignée  que pourrait provoquer dans ses rangs le probable départ de certains de ses cadres et militants vers d’autres horizons et chapelles politiques? Rien n’est moins sûr. Pour éviter l’implosion et la dispersion, de quels atouts disposerait un FPI figé hors de l’arène politique nationale, sans aucun député, sans aucun maire, sans aucun président de région, sans aucune tribune pour se faire entendre? Et qui nous dit qu’Alassane Ouattara est imbattable surtout que son ami Sarkozy n’est plus là? Sommes-nous sûrs et certains que nous pourrons longtemps tenir la posture de rupture avec tout le monde au plan national et éternellement exclus des diverses relations au plan international? Il n’y a pas meilleur moyen d’affaiblir et même de tuer le parti fondé par Laurent Gbagbo.

Océane Yacé, Politologue à Monte-Carlo, Monaco