Depuis un certain temps, mes réactions publiques, suite aux actes posés par la Direction du Front populaire ivoirien dont répond M. Pascal Affi Nguessan en tant que président de ce parti, soulèvent des contre-réactions, légitimes sans doute, pour ceux qui par des raccourcis pensent que je m’en prends à la personne du locataire actuel de la maison bleu-blanc. Il y en a qui n’ont pas hésité à affirmer que je mène un combat de leadership ou que je travaillerais pour quelqu’un qui, tapis dans l’ombre, voudrait prendre la place du président Affi. D’autres, dans l’émotion, même s’ils partagent quelquefois mon opinion ou mes analyses, trouvent cependant déplacé l’espace des réseaux sociaux ou des journaux que j’utilise pour faire connaître mes points de vue . Pour ceux-là, les débats entre militants du parti ne doivent avoir lieu qu’uniquement en interne au niveau des structures du parti. Je ne voudrais pas débattre maintenant de cette dernière question qui touche à l’exercice démocratique et à la discipline au sein du parti. Mais je voudrais simplement indiquer que ma préoccupation est ailleurs. Mes écrits, interviews dans la presse écrite et mes posts sur les réseaux sociaux depuis le renversement du régime du Fpi, n’ont qu’un point central : faire justice au président Laurent Gbagbo à qui le peuple de Côte d’Ivoire, souverainement, a renouvelé sa confiance aux termes des élections de 2010 et confié son destin. Aussi, me suis-je dressé, sans autorisation de qui que ce soit, mais animé de mon seul esprit de défendre le président Laurent Gbagbo et l’ordre constitutionnel bafoué dans notre pays par la coalition franco-onusienne, contre tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, clairement ou par des artifices, ont cherché à tourner la page du président Laurent Gbagbo. Ainsi :
– J’ai mené le débat qui consistait à savoir si le Fpi devait reconnaitre Monsieur Alassane Ouattara comme président élu de la République de Côte d’Ivoire ou s’il ne devait le considérer que comme un chef d’Etat arrivé au pouvoir par un coup de force. Cette dernière position étant celle que j’ai défendue dans ce débat et qui continue toujours d’être la mienne.
– Je me suis dressé, le premier, et cela à travers la presse, contre le président Mamadou Koulibaly, lorsque ce dernier, assurant l’intérim du président Affi Nguessan, arrêté et détenu à Bouna, a non seulement voulu manipuler le Fpi pour le conduire à reconnaître Alassane Ouattara et à lui faire allégeance mais également tenté d’organiser un congrès aux fins de « changer le nom et l’idéologie du parti ». Suite à ma réaction, et certainement à d’autres camarades, le Comité central du Fpi a refusé de suivre le président Mamadou Koulibaly qui en a tiré les conséquences. A ce niveau, personne n’a trouvé rien à redire ni sur ma sortie ni sur le support publique utilisé.
– Lorsque la direction intérimaire conduite par le président Miaka Ouretto il entreprit elle aussi, alors que le président-fondateur du parti et la quasi-totalité de la haute direction étaient en prison et des hauts cadres du parti en exil, d’organiser un congrès extraordinaire au motif de renforcer les capacités humaines du parti et se donner les moyens pour diriger notre organisation. Je me suis élevé par une interview dans la presse, contre cette idée de congrès en dénonçant son inopportunité ainsi que son caractère cavalier qui mettrait hors-jeu le président Affi Nguessan, son président légitime et statutaire auquel le parti au contraire devait montrer sa solidarité en pareille situation. Avec l’appui de plusieurs camarades, ce congrès fut transformé en convention. Et il n’eût aucun bruit.
Depuis la libération du président Affi et de plusieurs camarades de la direction du parti, je n’ai eu de cesse d’attirer l’attention de tous sur la nécessité de mettre le président Laurent Gbagbo au centre du débat politique. Pour moi, le Fpi peut entrer dans un processus de dialogue politique avec les tenants du pouvoir actuel, mais sur la question de la réconciliation nationale, (à ne pas confondre avec le dialogue politique), j’estime que le Fpi doit poser comme préalable LA LIBERATION INCONDITIONNELLE DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO.
Or, que constate-t-on? Dans de nombreux discours officiels et actes posés du Fpi, le nom du président Laurent Gbagbo n’apparait qu’en appendice. Juste pour faire plaisir. Jamais, jusqu’ici, aucune conférence de presse spéciale, ni appel lancé en direction des tenants du pouvoir actuel, ni meetings encore moins un appel à descendre dans la rue n’ont été faits pour exiger la libération du président Laurent Gbagbo. On s’attache au contraire aux contradictions secondaires pour laisser de côté la contradiction principale. Le Fpi, semble-t-il, ne veut rien faire pour exiger la libération de son président- fondateur.
Pour se convaincre de ce que je dis, il suffit de prendre le texte de base de la dernière conférence de presse animée par le président Affi et surtout le dernier communiqué du Secrétariat général qui suspend la participation du Fpi à la réconciliation nationale décision prise selon les termes de ce communiqué « Après une analyse et un examen minutieux de la situation nationale caractérisée par … le transfèrement du ministre BLE Goudé Charles à la CPI, en contradiction avec les affirmations antérieures du Gouvernement. Ce transfèrement constitue, à nos yeux, une entrave grave à la réconciliation nationale… ;… le maintien en détention injustifiée de Simone EHIVET GBAGBO, Jean-Yves DIBOPIEU et de près de huit cents (800) prisonniers politiques civils et militaires à ce jour ».. Nulle part il n’a été mentionné le nom du président Laurent Gbagbo ni fait référence à son incarcération. Or, sur la question, la dernière convention dans une motion spéciale a recommandé que les responsables du parti doivent mettre tout en œuvre pour obtenir sa libération. Mais de toute évidence, cette recommandation ne semble pas préoccuper la direction du Fpi qui s’attache aux choses secondaires. D’où mes réactions qu’on trouve enflammées. Donc qu’on me réponde : la direction du Fpi a-t-elle un problème avec le président Laurent Gbagbo ? En d’autres termes, la question du Président Laurent Gbagbo est-elle « un sujet qui fâche » dont il faut éviter de parler comme l’avait dit en son temps Mamadou Koulibaly?
Telle est la question fondamentale qu’un militant honnête doit courageusement poser.
Aussi, ne me laisserai-je pas distraire par tous ceux qui, à l’affût, supporters invétérés du président Affi qui ne savent rien de l’histoire de la lutte du Fpi dans notre pays et dont les contre-réactions ne rendent pas toujours services à celui qu’ils défendent becs et ongles, tentent de détourner l’opinion sur cette question fondamentale tout en cherchant à m’opposer au président Affi. Pour moi, le Fpi qui a été créé comme instrument de lutte par Gbagbo et ses camarades de la première heure pour permettre à la Côte d’Ivoire d’accéder au multipartisme et favoriser l’alternance démocratique doit être également utilisé comme instrument pour les défendre au moment où, injustement, pour la souveraineté de notre pays, ils ont leur liberté confisquée. Tant que le président Gbagbo n’occupera pas, conformément à l’esprit des recommandations de la dernière convention, exclusivement l’action du Fpi en vue d’obtenir sa libération, je serai là, suivant le moyen qui est à ma disposition pour attirer l’attention et au besoin, dénoncer tout ce qui éloignerait le Fpi du dossier Gbagbo.
Lazare KOFFI KOFFI
Exilé politique