Myles Munroe (1954-2014), fils des Bahamas, a écrit de belles choses sur la relation maître-disciple. Parmi ces perles, 4 ont particulièrement retenu mon attention :
1) Si ce que vous apprenez, réalisez, accumulez ou accomplissez meurt avec vous, alors vous êtes un échec générationnel.
2) Une personne peu sûre d’elle ne formera jamais les gens.
3) Les personnes matures créent des personnes plus grandes qu’elles-mêmes.
4) Votre mission a une durée limitée. Vous mourrez un jour ; alors, formez votre remplaçant.
Pour Munroe, le maître qui a réussi est celui qui, de son vivant, passe le témoin à son disciple après lui avoir donné la formation nécessaire à l’accomplissement de la tâche qui l’attend. C’est ce que fit le Sénégalais Léopold Sédar Senghor en décembre 1980 avec Abdou Diouf. Cinq ans plus tard, le Tanzanien Julius Nyerere fit de même avec Ali Hassan Mwinyi. Chose plus intéressante encore, la religion des deux disciples était différente de celle des deux maîtres.
Munroe estime en outre que le bon maître se réjouit que son disciple fasse mieux ou aille plus loin que lui. Les Didas, que l’on trouve au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire, ont une formule pour traduire cela : “Zii-kôh”. Cette formule est prononcée par l’adulte quand un enfant vient d’éternuer. Elle signifie “dépasse-moi”. Le maître qui refuse d’être dépassé est non seulement égoïste mais il a lamentablement échoué.
Même si nous devons reconnaître que des hommes et femmes nous ont transmis ce qu’eux-mêmes avaient reçu de leurs devanciers (cf. Hannah Arendt, “La crise de la culture”, Paris, Gallimard, 1989), il n’est pas bon de rester dans la répétition de ce que tel ou tel maître nous a transmis. En d’autres termes, tout élève, au lieu de transformer “l’héritage en un mausolée” (Olivier Abel dans “La Croix” du 19 décembre 2017), devrait s’employer à l’enrichir. Refuser de le faire, c’est être un mauvais disciple. Le bon maître ne peut être fier d’un tel disciple.
Un jour, Emmanuel Macron déclara que les chefs d’État africains de la zone franc étaient libres de créer leur propre monnaie. Était-il sincère ? Non. Toujours est-il que jusque-là personne n’a osé relever le défi. On a ainsi le sentiment que la liberté fait peur aux satrapes de l’Afrique francophone qui ne bombent le torse que quand le peuple réclame de meilleures conditions de vie et de travail. Ces autocrates peureux et complexés sont, avec les “intellectuels” qui mangent avec eux, les premiers à vilipender les rares Africains qui demandent la fermeture des bases militaires françaises, la non-immixtion de la France dans nos affaires et le remplacement du franc CFA par une monnaie créée et gérée par les Africains.
Dr. Jean-Claude DJEREKE