Il y a, en France, des gens qui pensent que les Africains en veulent pour rien à la France, que celle-ci est plus victime que coupable et que la Russie ne fera rien d’autre que de soutenir les dictateurs-assassins qui ont pris nos pays en otage et d’exploiter les ressources naturelles du continent africain. Mais peut-on juger haineux des pays où des villes, camps militaires, lycées, rues, avenues et boulevards continuent de porter des noms de Français (Savorgnan de Brazza, Louis-Gustave Binger, Joseph Clozel, Gabriel-Louis Angoulvant, Joseph Gallieni, Philippe Leclerc, Faidherbe, Charles de Gaulle, Giscard d’Estaing, François Mitterrand) ? La France a-t-elle fait de même ? Combien de résistants africains a-t-elle honorés ? Plusieurs couples maliens ne donnèrent-ils pas le nom de François Hollande à leurs bébés quand l’armée française mit en déroute les terroristes et irrédentistes qui menaçaient de s’emparer de Bamako ? Non, les Africains ne sont pas en colère contre la France pour rien. Il existe des raisons et des raisons solides pour lesquelles ils rejettent le franc CFA et demandent le départ des soldats français ainsi que la fermeture des bases militaires françaises.
Pour m’être exprimé déjà sur ces questions, je n’y insisterai pas ici. Je voudrais plutôt me limiter à un seul cas, celui du Mali, pour montrer pourquoi la France est devenue indésirable dans ses ex-colonies. Le 26 février 2023, l’ancien président François Hollande était l’invité de l’émission « C politique » de France 5. Le thème de l’émission était : Comment la France a perdu la bataille de l’influence en Afrique. Participait à l’émission Aminata Niakaté, avocate franco-malienne spécialisée dans le droit des affaires. Pour elle, le divorce entre la France et le Mali est intervenu en 2013 le jour où les soldats maliens furent empêchés par l’armée française d’entrer à Kidal et de libérer le pays. C’est la même chose qui se produisit en Côte d’Ivoire en 2002 et en 2004 quand le président Laurent Gbagbo décida de mettre fin à la partition du pays. La France s’interpose quand les voyous et criminels soutenus par elle sont en difficulté. Prétendre aider l’État quand il est attaqué tout en protégeant ceux qui veulent détruire ledit État, cette incohérence est une des choses que les Africains ne supportent plus. La France n’est donc pas une victime innocente ; elle est coupable de fausseté, de duplicité, de roublardise, d’arrogance comme Macron l’a démontré dernièrement à Kinshasa face à Félix Tshisekedi. Si elle est en passe de perdre l’Afrique, elle ne doit s’en prendre qu’à elle-même. Elle gagnerait à se taire un peu et à faire son examen de conscience au lieu de se défausser sur les autres.
Dr. Jean-Claude DJEREKE