Ils disent Paix ! Paix ! Ils ont fait du 15 novembre un jour férié où la paix doit être célébrée, ils demandent aux religions de prier pour la paix mais chaque jour ils font la guerre en rasant les maisons des petites gens à Port-Bouët et à Gonzagueville afin de faire passer un métro dont ils ont surfacturé le coût et pour lequel ils ont endetté le pays, en maintenant en prison des soldats qui en 2010 n’ont fait que leur devoir : défendre le territoire attaqué par une horde de bandits et de mercenaires, en nommant et en enrichissant uniquement les gens de leur famille, clan, région et parti, en confisquant les médias d’État.
Ils parlent de paix mais, chaque jour, ils achètent des armes et des blindés pour gazer et décapiter les gens qui voudront manifester pacifiquement contre la cherté de la vie, contre la drogue qui a envahi les écoles, contre les hôpitaux qui manquent du strict minimum.
Le mot “paix” est sans cesse sur leurs lèvres mais ils refusent de faire ce qu’il faut pour que le pays connaisse la paix : se mettre d’accord avec les autres partis sur les listes électorales, le découpage électoral et la composition de la commission électorale qui pour le moment n’est ni équilibrée ni indépendante. Des milliers d’hommes et de femmes sont rentrés d’un exil de 11 ans. Ils n’ont ni maison ni boulot ni assurance maladie et on veut leur faire croire que le pays est en paix maintenant, parce qu’on y a construit des ponts et des routes de pacotille.
Pourquoi leur paix est une fausse paix et pourquoi la vraie paix tarde à s’installer dans le pays ? Parce qu’ils n’ont pas compris que la paix ne fait pas bon ménage avec la violence et l’injustice.
Mais ceux qui souhaitent remplacer ce régime de tueurs et de truands à la tête de l’État apporteront-ils la paix au pays ? Rien n’est moins sûr car certains parmi eux ont du mal à se défaire de la méchanceté, de l’arrogance et de la suffisance qu’ils affichaient quand ils étaient au pouvoir. Ils continuent de se considérer comme les plus intelligents. Le jour, ils disent une chose, la nuit ils font autre chose. Ceux qu’ils accusaient d’avoir mis le pays à feu et à sang, ils ne sont point gênés de rigoler et de marcher avec eux. Ils disent agir de la sorte au nom de la paix mais ils oublient que la vraie paix ne s’accommode ni de la ruse ni du mensonge.
La paix a besoin de bâtisseurs car elle ne tombe pas du ciel. Nous devons la construire en nous battant pour le respect de nos droits et non en parlant à longueur de journée de tchizas, ni en écoutant des prophéties et conseils débiles de prétendus influenceurs et hommes de Dieu, ni en investissant notre temps dans la danse et le sport.
Jean Claude DJEREKE