Je persiste et je signe : je ne suis pas de ceux qui diront bravo au président Ouattara pour cette amnistie. Je m’expliquerai, mais d’abord, je tiens à dire que dans la stricte forme humanitaire, elle est bienvenue, cela va soulager des familles et donner un relatif sens à la réconciliation.

Cependant dans le fond, je ne peux pas dire bravo au chef de l’Etat parce que ce n’est ni héroïque, ni démocratique. Elle intervient après une forte pression populaire (il l’a reconnu dans son message) et sans doute que l’on notera la coïncidence avec le rapport de l’Union européenne qui a lui tout seul, vaut mille meetings de l’opposition. Bref.

Je ne peux pas dire bravo pour deux raisons simples. Un : dans l’hypothèse que ces 800 prisonniers politiques (notez au passage que des gens ont déjà été condamnés dans ce pays, pour avoir employé l’expression “prisonniers politiques”) étaient responsables des 3 000 morts de la crise postélectorale, où est la justice pour les morts et les victimes ?

Deux : dans l’hypothèse où ces 800 personnes étaient innocentes, pourquoi les avoir maintenues en prison, durant plus de sept ans, pour certaines, sans jugement pour d’autres ? Ceux qui seront libérés dans ces conditions diront merci à Dieu, mais certainement pas bravo à Ouattara. Non, je ne suis pas de ceux qui se contentent de peu. Je répète donc : 2020 n’est toujours pas loin !

Avec OBSERVATEUR DEMOCRATIQUE DE LA COTE D’IVOIRE (ODECI)