L’Ancien syndicaliste
L’Ancien chef rebelle
Il a annoncé
A cor et à cri
Et avec beaucoup d’insistance
Etre candidat à notre élection présidentielle pendante.
Cette annonce
Elle fait de lui le premier candidat déclaré
Tant il rêve depuis longtemps d’un destin de chef d’Etat
Tant il rêve de toutes ses forces de diriger un jour
ENTIÈREMENT notre pays que
Grâce aux armes
Il a
Lui “L’armurier”
Contrôlé A MOITIÉ.
Même si ses partisans le portent à bout de bras
Même si ses fidèles suiveurs l’applaudissent des deux mains
Comme étant “un leader éclairé” nanti d’une noble vision politique
Pour nous autres
Parce qu’il n’y a pas de droit plus sacré pour l’humanité que le « droit à la vie »
Parce que l’acte de tuer, d’ôter la vie à un être humain est un acte prohibé par toutes les cultures du monde
Alors,
Lui le chef-rebelle
Il devrait être depuis longtemps aux arrêts
Pour répondre de ses actes barbares et inhumains
Consignés dans nos mémoires et dans nos archives
Et que sans en être gêné
Il a reconnus et avoués
Dans ses déclarations ronflantes et parfois tonitruantes
Tant étalées dans les médias nationaux et internationaux
Ainsi que dans son livre
Qui a été écrit dans un jargon criminel
Qui est intitulé «Pourquoi je suis devenu un rebelle»
Qui est sous-titré «La Côte d’Ivoire au bord du gouffre»
Qui a été publié par les Editions Hachette à Paris en 2005.
Vous vous en souvenez sans doute
Après avoir flirté avec la poudre à canon
Et malgré ses mains imbibées du sang des Ivoiriens
Il s’est trouvé une royale voie politique
Il s’est vu offrir une pantelante carrière ministérielle, après Marcoussis
Puis ce fut la primature, après les accords de Ouagadougou,
Puis dans une irrésistible ascension ce fut la présidence de l’Assemblée nationale, en tant que vice-président du RDR.
Vous vous en souvenez sans doute
Après avoir conduit contre nous
Toutes les armes de guerre
Des plus rudimentaires aux instruments de destruction les plus sophistiqués
Et malgré ses mains détrempées du sang des Ivoiriens
Il a été
Sous la protection du Président Laurent Gbagbo
Réhabilité dans l’esprit des Ivoiriens.
Mais
Sous la houlette de ses sbires
Par une fraude jamais égalée dans toute l’histoire
Des élections dans le monde
Le voilà tourner
Notre élection présidentielle censée être la sortie de crise
Au cauchemar
En accusant Laurent Gbagbo d’être un tricheur et de se comporter en dictateur
En imposant à la magistrature suprême de notre pays
Le papa de la rébellion et des poisons
Non pas par la voie des urnes
Mais des armes
Suite à une guerre sans précédent dans notre histoire.
Que n-a-t-on pas alors vu
Bon Dieu !
Avec cette rébellion ?
Le sang a coulé, trop coulé dans notre pays
Du sang des Ivoiriens comme des étrangers
Du sang des forces de l’ordre et des populations civiles comme des rebelles
Et nous avons hélas !
Vécu et subi des horreurs immondes et des violences inouïes
De la part de ces individus en armes de toutes sortes
Pour la plupart bandits très excités
Analphabètes ou demi-lettrés,
Sans légitimité, sans pitié
Sans foi, ni loi
Manquant absolument
De bon sens et d’«esprit des lois»
Et prétendant imposer leur volonté et leurs caprices
Tels des cow-boys dans les films westerns d’antan
Lesquels cow-boys hors-la-loi
Sans civisme, ni éducation
Défient le Sheriff du District
Règnent en maîtres
Pillent et exproprient
Dictent leur loi
Par la force de leurs pistolets.
Et, des Ivoiriens sont morts !
Que de crimes !
Que de massacres !
Et pourtant,
Jusque-là
Aucune enquête judiciaire n’a jamais été
Par les autorités de notre pays
Diligentée.
Et, des Ivoiriens sont morts !
Les danseuses d’Adjanou, ressortissantes d’Assandré
Bonnes et belles dames garantes de nos traditions ancestrales
Pour avoir dansé l’Adjanou aux fins de conjurer le mauvais sort qui
Sur notre pays
S’abattait dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002
Elles ont été mitraillées, exécutées froidement le 10 décembre 2002
Sur la route de Katiola
Puis leurs corps ont été jetés dans une fosse commune.
Et, des Ivoiriens sont morts !
Une soixantaine de personnes détenues, sont mortes étouffées, par suffocation dans un conteneur placé au soleil. Un conteneur surchauffé sous un soleil caniculaire, à Korhogo
Et, des gendarmes ont été désarmés et exécutés lâchement et froidement à Bouaké,
Puis ils ont enterrés dans une fosse commune.
Et, des Ivoiriens sont morts !
Il y eut le génocide Wê
Les crimes sans nom commis à l’ouest de notre pays
Qui saura jamais dire combien exactement ils sont à avoir été massacrés à Duékoué et Petit-Duékoué, à Nahibly et autres localités dans l’ouest du pays ?
Qui saura jamais dire exactement combien de villages et de campements ont été décimés, combien de corps ont été calcinés ?
Qui saura jamais dire exactement combien de morts ou de disparus ?
Qui saura jamais dire le rôle des Dozos, ces chasseurs traditionnels aux méthodes expéditives, venus du Nord et intégrés aux rebelles, rebaptisés « Forces nouvelles » (FN), puis Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)?
Qui saura jamais dire exactement ce que les populations ivoiriennes et l’Afrique ont gagné ?
Qui saura jamais dire quelle leçon les générations actuelles et futures pourront tirer de ces méfaits et forfaits?…
Qui saura jamais dire que les rebellions africaines rabaissent les Africains au rang de barbares des temps anciens et réduisent l’Afrique à l’état de jungle, en champ de bataille bestiale?
Qui saura jamais dire de combien exactement les rebelles africains, en tuant leurs propres sœurs et frères innocents qui ne demandent qu’à vivre, enrichissent les fabricants d’armes ?
Qui saura jamais dire que, par les rebellions, les Africains se révèlent être les propres ennemis des Africains et que, ceux qui arment et financent les rebellions, s’intéressent, d’abord et avant tout, à nos ressources minières et naturelles?…
Vous vous en souvenez sans doute
Maurice Papon
Impliqué dans l’arrestation et la déportation des Juifs
Dans la région bordelaise, entre 1942 et 1944
Quoiqu’il eût occupé de très hautes fonctions
Il a été rattrapé par la justice
Comme Ferdinand Walsin Esterhazy
Dans l’affaire Dreyfus.
En effet,
Maurice Papon
Il a été inculpé, plus de 40 ans après,
Notamment en 1983
A la suite de plaintes déposées en 1981
Et Maurice Papon
Il a été jugé à partir d’octobre 1997 et condamné le 2 avril 1998.
Voyez-vous !
“L’armurier”
Il fut un chef rebelle
Et en tant que tel
Il est l’un des premiers responsables
Devant Dieu et devant les hommes
Des supplices que nous avons endurés
Depuis 2002
Dans notre pays.
Et en tant que tel
Il s’est hélas ! mis dans l’impasse
Parce qu’un chef-rebelle
Voyez-vous !
Soit, il est abattu comme Jonas Savimbi ou John Garang
Soit il termine sa vie en prison comme Charles Taylor
Soit, il finit dans un asile de fous comme Foday Sankoh…
Léandre Sahiri
(D’après un texte de Bingnégnélon Djiezion)