Aidez-moi à comprendre cette déclaration de notre Président de l’Assemblée Nationale: “Je viens de lire avec stupéfaction cette horrible histoire de l’empoisonnement de M. SAMBA DAVID dans la prison de KORHOGO…..Dans un État de Droit le Ministre de la Justice devrait être entendu au Parlement.” et comme si cela ne suffisait pas, il avance un principe individualisé et sélectif “….Si cela était avéré. Alors il faut craindre pour la santé de Soul To Soul.” Signé, tenez-vous bien, ……BOGO (certainement pour BOGOTA, et oui…..).
Vous avez bien lu, et celui qui le dit, incarne une institution dont la mission est de contrôler l’action gouvernementale, et qui non seulement élabore les lois qui organisent la vie de la société, mais doit veiller à leur bonne application par la puissance publique. Une institution qui peut commander des missions d’observation dans les prisons, les écoles, les hôpitaux, la police, etc. , mettre en place des commissions d’enquête, demander à des experts de lui rédiger des rapports sur une question ou une situation précise pour l’éclairer. À ce titre elle dispose aussi du pouvoir constitutionnel de demander des explications à l’exécutif. Il y a eu de nombreuses affaires (Trésor Public, Cartes d’identité, Douanes, meurtres dans les universités et dans les meetings publics, déchets toxiques, inondations, etc. …). Devant toutes ces dérives, scandales et dysfonctionnements concernant la Nation. Silence total. Pour des partisans et des proches en revanche, on retrouve la voix. Ceci étant posé, quelqu’un peut-il avoir la bonté de m’expliquer dans quelle république nous vivons ? Quel est le rôle des institutions dans notre pays ? Quels sont les fondements théoriques des principes sélectifs dans un État de droit et dans une République égalitaire et impersonnelle ? J’avoue que je n’y comprends plus rien (répondeurs automatiques et partisans robotisés, prière de s’abstenir, car le sujet est sérieux et préoccupant. Prière donc d’aller amuser la galerie ailleurs).
Je précise, si besoin était, à l’endroit des petits esprits qui ne s’intéressent qu’aux personnes, que je n’en veux nullement à la personne du Président de l’Assemblée Nationale, à qui je conserve toute mon amitié. Je le défends quand j’estime le faire (immunité fonctionnelle et irresponsabilité politique, initiative voire combat pour la réconciliation), de la même manière, je le dénonce quand j’estime le faire (Découverte d’armes de guerre au domicile de l’un de ses proches collaborateurs, Boulet de la FESCI qu’il s’est attaché inutilement aux pieds. Nous avons tous des identités plurielles qu’on ne peut renier, mais il faut savoir sous laquelle l’on veut mobiliser pour une haute ambition nationale. Par exemple, l’on ne peut pas mobiliser sous l’identité rebelle en faisant son apologie pour faire la réconciliation, ou celle d’un futur bâtisseur en mobilisant des démolisseurs patentés qui n’ont fait que défigurer, déchirer la Côte d’Ivoire en lambeaux et ruiner l’école ivoirienne, ou encore afficher des contradictions flagrantes dans ses appartenances et ses positionnements). C’est ma liberté et mon indépendance.
Il en est de même pour les présidents BÉDIÉ et OUATTARA et bien d’autres leaders. Je les critique ou les soutiens au cas par cas. Rien de systématique et de figé de ma part. Ceux dont la spécialité est de classer les gens dans des catégories identitaires et de leur coller des étiquettes politiques, qui veulent qu’on fasse constamment le procès de l’histoire, que l’on ait en détestation ou en admiration ceux qu’ils tiennent en détestation ou en admiration, qui veulent tout politiser ou qui ne tolèrent aucune différence d’appréciation et d’analyse ou remise en cause, se trompent lourdement. C’est peine perdue. Je ne participe pas de la pensée unique et je ne me soumets pas à une dictature culturelle et aux effets de mode de la pensée. Je suis désolé. J’exprime ma différence et ma singularité. Tant mieux si elles se rapprochent, tant pis si elles s’éloignent. J’ai mes propres critères pour guider l’expression de mon opinion, dont la paix, la stabilité, le développement, le progrès social, la civilité, la démocratie, la justice sociale, la force et le respect des institutions et surtout de l’état de droit.
MON OBSERVATION ET MES REFLEXIONS SUR LE SUJET
Nous parlons ici du traitement d’une information de 4éme main (Koaci aurait appris d’un interlocuteur anonyme, le PAN aurait lu dans koaci, Connection Ivoirienne aurait lu sur la page Facebook du PAN, et moi-même j’ai lu sur le site internet : www.connectionivoirienne.net ) dont l’authenticité des sources n’est pas vérifiée et dont la véracité des faits n’est établie, ni par l’autorité médicale, ni par l’autorité judiciaire, et nous affirmons des faits comme s’ils étaient attestés (médias) et nous spéculons à vif comme s’ils ne nécessitaient pas, en raison de leur gravité, recul et précautions avant de s’exprimer (PAN). Pire, “les hyènes et les charognards” se précipitent autour de la souffrance du concerné “à l’article de la mort”, non pas pour lui apporter assistance, mais pour en faire leur fonds de commerce politique. C’est décevant pour dire le moins. Certes, les conditions de détention carcérale sont exécrables et violent les droits humanitaires les plus élémentaires des détenus, mais elles ont le plus souvent pour origine notre sous-développement, notre déficit démocratique, la sous-formation des personnels pénitenciers, l’insuffisance d’infrastructures et d’équipements adéquats et la faiblesse institutionnelle de notre justice, et non une volonté délibérée de majorer la souffrance des détenus. Nous rencontrons les mêmes problèmes sous d’autres formes dans l’administration, nos centres de soins et établissements hospitaliers publics, nos écoles et ailleurs. C’est la pénalité du sous-développement. C’est pourquoi sortir de l’état de sous-développement est un impératif qui doit mobiliser nos énergies et nous unir. C’est la véritable préoccupation qui doit nous habiter, et non les querelles politiciennes (intérêts particuliers et de personnes). Pour stigmatiser la mauvaise foi des nouveaux démocrates, on pourrait se demander aussi où étaient détenus les personnes placées sous dépôt et dans quelles conditions vivaient-ils antérieurement ? Il est constant que la gouvernance actuelle n’a pas construit de nouveaux établissements pénitenciers. Où est donc la novation dans cette situation que nous déplorons tous ? Où étaient les nouveaux moralistes pour les dénoncer ?
C’est ainsi qu’on structure un environnement malsain dans une période pré-électorale (suspicion, accusations, pressions indignes, amalgames orientés, rumeurs infondées, escroquerie à l’information, invectives) et qu’on crée des liens de cause à effet qui ne reposent sur aucun fondement sérieux (politisation extrême des faits et des évènements, absence de “judiciarisation” de la société ), comme si l’esprit des Ivoiriens n’était pas déjà assez pollué par deux décennies de crise et un débat public pauvre, partisan et parfois malsain. Nous devons tous travailler à l’amélioration de cette situation de sous-développement avec objectivité (pouvoirs publics sur qui pèse la charge de la responsabilité et société civile par une dénonciation constructive) et ne pas vouloir toujours comparer les choses à des standards existant dans des pays développés, en ignorant notre réalité d’état sous-développé. Ce n’est pas une excuse, mais nous devons comprendre que “notre seul et véritable ennemi est le sous-développement” dont la mentalité est une composante très importante à combattre. La société civile doit pousser les pouvoirs dans la direction d’une meilleure gouvernance, mais en ayant une bonne connaissance de la réalité et des possibilités.
Pour terminer mon propos deux questions me taraudent toujours l’esprit : où voulons nous en venir avec ces comportements sociaux et politiques ? Quelle idée avons-nous réellement de la Côte d’Ivoire que nous voulons construire ? Celle-ci ne sera que ce que nous en ferons. Ce qu’elle a connu dans le passé et ce qu’elle est aujourd’hui, ne sont que la résultante de nos attitudes, nos actions et de notre volonté politique. Nous sommes comme gagnés par une sorte de “folie collective” consécutive à une profonde chute des valeurs et une absence de références non clivées. Notre crise est d’abord celle-ci, avant d’être identitaire, politique et économique. Dès lors, le renouveau passe indéniablement par une révolution culturelle (restructuration des mentalités, déconstruction des stéréotypes, des imaginaires et des mythes politiques, restauration des valeurs fondamentales d’une société équilibrée et saine, émulation et compétition des compétences, culture du résultat et de la sanction, lutte contre la corruption et l’enrichissement sans cause, décloisonnement de la politique du monde des affaires, lutte contre le populisme et ses idéologies, promotion de l’état de droit et de la démocratie, optimisation de l’emploi des ressources et leur mobilisation, etc.), et une redéfinition des modèles (réussite, progrès social, développement endogène), s’incorporant dans un projet de société bien structuré et suffisamment ambitieux pour nous tirer vers l’avant et non vers le passé ou le bas.