Les 08 et 09 février 2023, s’est tenu à Ouagadougou, le sommet des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina-Faso et de la Guinée Conakry. Et ce, « dans le cadre du renforcement des liens historiques, d’amitié, de fraternité, de solidarité et de coopération » entre les trois pays en transition depuis la prise du pouvoir par des militaires, qui partagent en commun l’idéal « engagement panafricain des pères fondateurs » et de leurs « leaders historiques. »
Engagés pour la souveraineté de leur Etat respectif, pour la paix dans la sous-région et la région, pour la coopération et l’intégration des peuples africains, les Chefs d’Etat du Mali, du Burkina-Faso et de la Guinée Conakry, au pouvoir depuis la chute des négationnistes du développement et de la bonne gouvernance dans leur pays respectif, ont décidé de s’unir pour lutter contre l’insécurité dans la bande Sahélo-saharienne, tout en « mesurant l’ampleur des défis à l’échelle régionale et l’interconnexion des sources de déstabilisation, elles en appellent à une mise en cohérence des actions au niveau régional sur la base des efforts bilatéraux déjà mis en œuvre », a précisé le communiqué final ayant sanctionné la rencontre des trois délégations.
Exprimant leur désir de s’affranchir des forces rétrogrades et obscurantistes, les trois délégations présentent à Ouagadougou, ont une fois de plus réaffirmé leur attachement au principe de la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats et se sont encouragées à « la recherche de solutions endogènes aux défis auxquels leurs pays sont confrontés ». De quoi irriter Paris qui tente à tout prix à reprendre « les choses en mains », et pourtant, les jeunesses africaines sont déterminées à faire naître de nouveaux paradigmes de coopération économique et de relations internationales, basés sur l’égalité, l’équité et le respect de leur souveraineté.
Assimi Goïta du Mali et Ibrahim Traoré du Burkina Faso, pour ce qui concerne ces deux Chefs d’Etat, achèvent de convaincre de leur pragmatisme et de leur détermination à rappeler à l’ordre la toute « puissance » au respecter de leurs choix stratégiques de développement, inscrits dans la mise en œuvre de leur politique de « refondation », qui doit inéluctablement conduire à la libération et au développement de leur pays.
Mamadi Doumbouya de la Guinée Conakry, jusque la, peu convaincant, apparaît comme le ventre mou de la résistance contre l’omnipotence et l’omniprésence de la France dans la vie politique et économique guinéenne et, pour nombre de panafricanistes, Mamadi Doumbouya ne rassure pas et serait le pion de Paris dans le triumvirat des officiers au pouvoir en Afrique de l’ouest.
Quoi qu’il en soit, les Ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina-Faso et de la Guinée Conakry à Ouagadougou, ont déploré les sanctions de la Cédéao à leur encontre et rappelé les impacts négatifs des sanctions sur leurs populations avant d’indiquer que « les sanctions imposées de façon mécanique ne tiennent souvent pas compte des causes profondes et complexes des changements politiques ».
En d’autres termes, les changements brusques des régimes malien, burkinabé et guinéen sont dus à des concours de circonstances soutenus par les populations qui, exaspérées de la mal gouvernance, la corruption des dirigeants, le pillage des ressources et de l’insécurité entretenue par l’occident avec la complicité de leurs mandants, se sont levées et ont déposé les autorités en exercice, en faisant appel à des officiers bercés par l’hymne de la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté, léguée par des panafricanistes engagés, comme Kwame Nkruma, Thomas Sankara, Sekou Touré et Modibo Kéita.
Le combat de la liberté et de l’indépendance pleine et entière, est encore loin d’être terminée avec un système Francafricain bien installé, remodelant sa philosophie et sa stratégie à la fois dominatrice et prédatrice, contre les peuples africains de plus en plus exigeants et intransigeants quant à l‘affirmation de leur liberté et de leur développement souverain. Et la vigilance la plus accrue en pareille situation, doit être au rendez-vous de l’histoire qui a déjà enregistré dans ses anales des révolutions inachevées avec des révolutionnaires achevés par des « opérations spéciales » de la France.
Visiblement un triumvirat malien, burkinabé et guinéen, se met progressivement en place pour conjuguer les forces et les stratégies, dans le secret espoir de s’affirmer soi-même et pour parvenir à endiguer et à contenir l’offensive contre révolutionnaire des puissances occidentales, notamment la France qui entend malheureusement continuer à conquérir et à dominer les Etats africains issus de son pré carré.
Adingra OSSEI (Correspondant)