Des diplomates et chefs d’Etat mettent la pression

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(L’inter, Jeudi 03 Avril 2014) – Si l’on devait suivre la logique de la levée des scellés sur les mandats d’arrêt émis contre les personnalités ivoiriennes indexées pour les crimes commis pendant la crise post-électorale en Côte d’ Ivoire, Simone Gbagbo devrait séjourner depuis longtemps à la prison de Scheveningen, à la Haye. Il y a plusieurs mois que la Cour pénale internationale (Cpi) réclame en effet l’ex-Première dame ivoirienne, qui finalement, reste détenue à Odienné, dans le nord ouest du pays. Contrairement à Charles Blé Goudé, contre qui les procédures de transfèrement se sont accélérées et l’ont précipité, depuis le samedi 22 mars aux côtés de son mentor Laurent Gbagbo aux Pays-Bas, on pourrait se demander pourquoi Mme Gbagbo, qui a été la première à avoir été réclamée par la Cpi, est restée au pays, où elle sera probablement jugée devant les juridictions ivoiriennes, conformément au vœu du gouvernement. Faut-il le rappeler, le pouvoir a toujours argué de sa capacité à juger sur place l’ex-Première dame pour refuser de la livrer à la justice internationale. Le même argument aurait pu plaider en faveur de Charles Blé Goudé, qui a finalement été rendu sous la pression de la Cpi. Ce qui ne semble pas encore le cas pour l’épouse de Laurent Gbagbo, inculpée comme co-auteur indirect des crimes imputés aux ex-dirigeants ivoiriens. Selon des sources très informées sur le dossier, ce n’est pas faute d’avoir des charges valables contre l’ex-députée d’Abobo que la Cpi a baissé la pression, relativement à son transfèrement. Mais, le cas Simone Gbagbo, apprennent nos sources, fait l’objet d’intenses interventions, notamment de certains diplomates et de dirigeants africains, qui plaident pour qu’elle reste en Côte d’Ivoire. Des pairs du chef de l’Etat ivoirien et des ambassadeurs lui auraient formellement décommandé de franchir le cap du transfèrement de Simone Gbagbo à la Haye, comme ce fut le cas pour son époux. Ces diplomates et dirigeants africains trouveraient ”indécente” une telle procédure, qui serait une première en Afrique. En effet, la seule femme condamnée par une juridiction internationale a été, jusqu’à ce jour, l’ancienne ministre rwandaise, Pauline Nyiramasuhuko, qui a écopé d’une peine à perpétuité en juin 2011. Mais, elle n’a pas été transférée à la Cpi comme ce devait être le cas pour l’ex-Première dame ivoirienne. Elle a plutôt été jugée par un Tribunal pénal international pour le Rwanda, sans être conduite à la Haye. De sorte que l’image d’une Simone Gbagbo, à bord un avion affrété spécialement pour être déportée loin de ses terres natales, à la prison de Scheveningen, aurait été comme un choc sur le continent. Cela est très mal perçu dans des chancelleries, surtout dans le contexte globalisant de la promotion du genre, qui incite à plus de flexibilité à l’égard des femmes. Toute chose qui bloque pour le moment le dossier du transfèrement de Simone Gbagbo. Cela dit, la Cpi n’a toujours pas abandonné sa demande de transfèrement de l’ex-présidente du groupe parlementaire du Fpi. A la suite des arguments fournis par l’Etat de Côte d’Ivoire, l’on attend la réaction de cette juridiction, qui n’a pas encore dit son dernier mot. Même si, entretemps, les juges locaux ont entamé les procédures d’audition, qui annoncent déjà le jugement sur place de l’ex-Première dame.

F.D.BONY