Les réseaux sociaux et les NTIC apportent aujourd’hui, plus à la démocratie populaire que les canaux traditionnels qui canalisaient jusque-là, l’opinion publique et contribuaient à sa formation, tels que les partis politiques et autres corps intermédiaires, comme les syndicats, Le mouvement de cette révolution technologique est à l’élimination de ces intermédiaires. Le peuple a trouvé dans ces nouveaux outils de la démocratie populaire, d’autres moyens et espaces d’expression.
En effet, ils permettent au citoyen de s’impliquer directement dans le débat national, et de participer ainsi aux choix fondamentaux de la Nation, par leur influence sur les décisions de nos gouvernants qui ne peuvent plus ignorer la force du phénomène sur les esprits, la mentalité et les attitudes. Dès lors aussi, ils ne peuvent se priver d’entendre ce qui se dit dans ces nouveaux espaces de la liberté, sous peine de se couper du corps social et des réalités du terrain. Ceux-ci deviennent aussi les juges de la pertinence de l’action gouvernementale. Privilège jadis réservé à la société savante, à l’élite et aux experts. Ils ne sont plus comme autrefois, que de simples producteurs, de simples sujets, des contributeurs fiscaux et des consommateurs, mais les bénéficiaires et les destinataires de l’action publique. Celle-ci est scrutée, analysée, comparée avec ce qui existe ailleurs, dans le cadre de la mondialisation, commentée et critiquée.
Cette nouvelle liberté numérique et technologique marque une évolution qui va énormément aider les pays sous-développés à gagner la bataille des pré-requis à leur développement, à savoir la construction d’une démocratie apaisée et participative, d’un état de droit réellement vécu, d’une gouvernance plus transparente et efficace dans la gestion des affaires et l’utilisation des ressources, un plus grand contrôle sur les comportements sociaux et politiques de l’élite, etc…..
Cette nouvelle liberté constitue une puissante impulsion pour l’orientation et la dynamique de notre développement. Elle doit pouvoir contredire les moteurs de nos périodes les plus prospères de notre histoire, à savoir : les ères Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara, marquées par un trait commun : l’autocratie, la prépondérance de l’assistance technique étrangère, un développement exogène, mais aussi des ères de stabilité, de sécurité, de paix et de progrès, voire de prospérité relative. La seconde nous a conduit aux portes de l’industrialisation et de l’émergence par sa politique énergétique, une forte relance du secteur de la formation et une croissance forte et soutenue.
Mais l’autre face, la face cachée et sombre de cette réussite (gouvernance clanique, démocratie contrariée, violence permanente faite au droit et société profondément inégalitaire où une minorité détient le grand capital ), reste à corriger de manière maîtrisée par la reforme. Souvenons-nous que le passage du parti unique au multipartisme, non seulement n’a pas résolu comme par enchantement tous les problèmes du pays, mais nous a plutôt conduit à une régression, à tous les niveaux, à cause de nos excès et de notre précipitation. Nous oublions vite et falsifions volontairement l’histoire. La méthode révolutionnaire n’a produit du progrès que dans la construction d’une nouvelle conscience des masses, en ayant permis un changement radical dans les attitudes socio-culturelles (Guinée Conakry de Sékou Touré, Burkina-Faso de Sankara, Ghana de Rawlings, Rwanda de Kagamé). Cette méthode adresse le projet de l’Ivoirien nouveau. C’est le second levier le plus important de notre progrès. Celui d’être tiré par un grand rêve, un idéal, mais la naissance d’un nouvel acteur agissant dans un cadre de références qui permet exigence, épanouissement et progrès.
Ceci appelle la Côte d’Ivoire à plus de responsabilité. Responsabilité de l’Administration dans la gestion des affaires, mais aussi responsabilité citoyenne dans la construction de notre Nation et de notre avenir. Nous devons accepter de tourner la page aux reflexes ethniques, de rejet, aux règlements de comptes avec l’histoire, à l’aventure politique et à la violence. Le degré de maturité d’une société se mesure à sa capacité de dialogue et son niveau de responsabilité dans les comportements sociaux et politiques. Dans sa capacité à faire des choix rationnels et non émotionnels dans l’intérêt général. Des lendemains difficiles nous attendent, sur le plan économique (impact de la crise sanitaire) et politique (calendrier et processus électoral). C’est toutes les strates de la société qui doivent être responsabilisées pour aborder ces moments de passion, parfois irrationnelle, de tension, de peurs et de choix politiques et économiques pour notre devenir. Les éditions antérieures de notre histoire, doivent nous enseigner la voie de la sagesse, de la modération et de l’intelligence sociale où liberté et responsabilité se conjuguent pour donner le meilleur de l’homme, produire de la vertu citoyenne, et construire une république fraternelle, stable, exemplaire, forte, égalitaire et démocratique.