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Depuis quelque temps, le ciel est sombre. Il est couvert de nuages obstruant la vue de voir luire le soleil. Ce ciel nuageux de façon récurrente, se transforme en une pluie torrentielle apportant avec abondance les rigoles de lamentations. L’on est envahi par des larmes qui se déversent sans discontinuer sur nous, face aux armes destructrices du souterrain pays. Mais pourquoi, dès que s’annonce le jour, il pleut abondamment sur les parcelles de nos cœurs et que dans cette tourmente, c’est toujours à nous de sangloter? Qui donc est-il en mesure de répondre à ce questionnement qui taraude les esprits ? Finalement, nous voici livrés au cruel destin de l’existence. Et certaines traditions qui ont su avec sagesse trouver la parade à la cruauté assassine du destin disent: « Que c’est Dieu qui a donné et que c’est ce même Dieu qui a repris ». Cette assertion aussi adoucissante soit-elle, peut-elle retenir nos larmes de couler à la lisière de nos yeux ? Le sang peut-il s’arrêter un jour de gicler au travers des artères de nos cœurs, le temps de partager aussi longtemps que possible les bienfaits de notre passage sur la terre avec des êtres aimés ? S’il est vrai que tout un chacun est démuni face à la mort, pourquoi cette même mort n’arrive-t-elle pas à se donner un coup de canif dans son cœur pour laisser vivre en toute quiétude des êtres que nous portons en nos cœurs ? Encore, pas de suite espérée à ces interrogations. Alors, je me dis : Si l’on pouvait se coucher au travers des sentiers du souterrain pays pour barrer le chemin à la mort, volontiers je l’aurais fait, pour empêcher le mien de regagner le sanctuaire mortifère.
Hélas ! Nous voici face à l’un des nôtres, lui qui d’ordinaire était prolixe, a aujourd’hui la gorge tarie, sans mot dire. Le voilà couché face contre ciel, inerte ! En ce jour sombre, Dapley Stone, artiste- chateur, une des voix les plus langoureuses des scènes musicales Ivoirienne nous plonge dans une profonde affliction. Pour l’histoire, c’est en 1979 que toute la Côte d’Ivoire découvre par la magie du petit écran lumineux un jeune pétri de talent. Une voix aux cordes détendues, aux intonations claires, articulées qui ne laissait personne indifférent. Au travers de cette voix caressant les notes musicales dans leur intimité esthétique sublimée, la Côte d’Ivoire qui avait l’oreille musicale, adopte Dapley Stone. Depuis ce temps, il est resté dans la conscience populaire. Il était un grand spécialiste des slows bien rendus avec des nuances faisant voyager les esprits sur des parcelles féeriques de la chanson. Il avait le don de composer des chansons langoureuses, inscrites sur le registre des chansons d’anthologie dans les annales de la musique nationale. Sa musique était bien orchestrée par des mains de maitre. L’arrangeur et musicien feu Ngoran Jimmy Hyacinthe qui a arrangé certaines de ses mélodies, ne tarissait pas d’éloges au travers de son écriture à son endroit. L’écoute des mélodies Kouilou et Indépendance le démontre avec éloquence. Le dernier titre cité, débute sur une marche d’une section de cuivres à la résonnance nostalgique, clin d’œil à la marche de la Côte d’Ivoire. En nous conduisant sur des partitions verdoyantes à tout point de vue : Des notes de basse élargies et lourdes de rondeurs pénétrantes remuant à souhait les tiges du cœur, survolées par le timbre vocal de Stone avec élégance. Arrangement et tenue de la mélodie concertent, cohabitent dans un même corps. Après quelques rifles de cuivres balayant sur le chemin tout obstacle harmonique, Gohiansouo Etienne dit Dapley Stone fait tonner des notes rondes et remplies dans la densité de leur résonne pour annoncer l’hymne à l’Independence. Son indépendance musicale, dédiée au père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne feu Félix Houphouët Boigny. Pendant que les ouvriers posaient pierre après pierre pour construire le pays physiquement, l’artiste lui, les posait de façon incorporelle pour le bâtir à coups de notes musicales. En lui conférant une nomenclature mentale à toute épreuve. Celui qui déclamait avec verve son pays tant aimé, en ce jour au ciel parsemé de nuages, gage de profonde tristesse, vient de traverser le fleuve insensé des lamentations. Là où les oreilles des vivants n’entendent que les trémolos des vents mortuaires du chant sur l’étendue du champ aux semences de douleurs. Il se trouve loin, très loin dans le souterrain pays. Ce lieu qui engloutit sans encombre dans son ventre les génies de l’art oral. Fréquence 2, ne pouvait ne pas rendre hommage mérité à Dapley Stone ce génie, créateur des merveilles sensitives, qui a nourri de par sa verve lyrique toute la Côte d’Ivoire. Et cela, avec le concourt des Auditrices et Auditeurs au centre mouvant du Carrefour Weekend sur la page éplorée de l’Autre face de la Mélodie.