[N’ayant pas la discographie de “J.B Tapé”, nous vous proposons d’écouter « Manè manè ly » du même auteur. Et nous espérons que notre chroniqueur musical reviendra sur ce Titre (important) très prochainement.]

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Par Valen Guédé Valen_guede@yahoo.fr

Par Valen Guédé
Valen_guede@yahoo.fr

La musique nous parle aussi bien à travers le rythme que la teneur mélodique. Il faut la décoder pour faire corps et âme avec l’esprit qui guide son discours afin de la comprendre. Elle peut magnifier celles et ceux que l’on aime et à un degré élevé, l’on hisse au rang d’une architecture personnifiée. L’on désigne les personnages qui font l’objet d’une telle exaltation, sous la dénomination d’animaux réputés pour leur beauté ou alors par de la rosée matinale somnolente sur les feuilles que l’on doit tenir entre les mains avec préciosité pour ne pas qu’elle tombe au contacte des mouvements incontrôlés. Le rythme ou la musique célébrant de tels personnages à travers des éloges, les transporte sur une sorte d’île désertique virtuelle aux murmures des silences de laquelle, Ils contemplent les parcelles enchantées de l’univers aux sensations édifiées. Les traditions amoureuses sur le plan esthétique, trouvent des parades à certains de ces rythmes d’ordinaire vifs consacrés au rite funéraire, pour les rendre langoureux afin de mieux décrire les reliefs du corps au cours des cérémonies chatoyantes. Dans ce contexte, leur chorégraphie met en exergue les canons de beauté en général et ceux d’une femme en particulier désignée sous le sobriquet de Bahonnon : La plus belle des femmes au corps sculpté et aux regards estampés de la brillance des pierres précieuses dont la seule vue, fait de vous le prisonnier de son lyrisme physique. Pour soutenir la chorégraphe d’une telle femme à la beauté semblable à celle de la rare biche noire selon une mélodie dédiée à la chasse, les compositeurs impriment au mouvement métronomique vif, un rythme langoureux. Car, il ne faut pas brusquer les gestuelles chorégraphiques de Bahonnon pendant sa prestation afin de ne pas mettre à mal les traits de sa beauté. En dehors de ce rituel dédié à la beauté de la gente féminine, l’on utilise aussi ce rythme langoureux pour magnifier l’altruisme d’un homme qui aurait rendu d’énormes services aux membres de la communauté en leur ouvrant d’une certaine façon la voie du bonheur. Beauté et bonté, logées à la même enseigne, ont la même fonction sociale ici. Vu sous cet angle, la teneur mélodique se dénomme le Yaka : Eloges poétiques suprêmes décrivant les personnages à qui ils sont destinés en tant qu’incarnation de la générosité. L’artiste Beny Bezy, dans sa chanson intitulée : J.B TAPE, rend hommage à son producteur, pour l’avoir tiré du sommeil de boa dans lequel son imagination bien que fertile, s’enlisait:

Lorsque je sanglotais à grosses gouttes de larmes
Toi qui as pu essuyer mes larmes/C’est toi que je remercie/Lorsque j’étais sous le poids de la souffrance
Toi qui m’as tiré de ses griffes
C’est toi que je salue
J.B Tapé, c’est grâce à ta générosité légendaire
Que je suis en train de faire résonner les notes de la douce liane souple et souple de l’art oral
beny-bezy

Voilà le tapis sonore lyrique à faire pâlir de jalousie plus d’un que Gnizako Gogoua dit Beny Bezy déroule à son producteur dans un rythme ternaire aux allures langoureuses. Des notes décomposées de la basse, liées entre elles par série que vient interrompre le doigté futé d’un instrumentiste ayant le flair de découvrir çà et là les enharmonies de la mélodie de l’artiste. Ce n’est pas donné à tout le monde de réaliser un tel exploit qui n’est plus la simple succession des notes musicales, mais la musique humanisée. Le rythme ternaire utilisé de façon récurrente dans certaines traditions au cours des cérémonies funéraires, apparait ici pour célébrer un être qui, selon l’artiste, est l’incarnation de l’altruisme suprême. Mais n’était-ce pas aussi sous forme prémonitoire que l’artiste a écrit cette partition frémissante? C’est fort possible, étant entendu que tout artiste lit toujours au travers des murmures des temps les palpitations de l’existence pour y extraire tout événement malheureux devant étendre ses tentacules sur la communauté. Etait-ce cette pensée à relent mythologique communautaire qui a envahi l’esprit de Beny Bezy au moment où il enregistrait son phonogramme? Motus bouche cousue ! Cependant, quelques semaines après la sortie de celui-ci, son producteur part soudainement pour le souterrain pays, là où l’on s’en dort éternellement, aux rimes des trémolos de la musique au rythme ternaire dandinant sur des notes dubitatives de la basse. Hommage posthume ou simple jérémiade de la musique ? Auditrices et Auditeurs de Fréquence 2, Carrefour Weekend pris de court par la voix à la fois gaie et triste de Beny Bezy, ne saurait décoder l’armature mineure ou majeure de cette mélodie. C’est pourquoi nous vous laissons sur la partition indécise aux notes saccadées et spasmodiques de l’Autre Face de la Mélodie.

Valen_guede@yahoo.fr