Le mardi 27 décembre 2022, j’ai regardé une vidéo sur la visite rendue à Charles Blé Goudé par des hommes et femmes originaires du Guidiga (Guibéroua-Dignago-Galébré) et membres du Ppa-ci. J’ai aimé tous les mots prononcés au cours de cette visite car, quel que soit ce qui a pu arriver hier (malentendus, soupçons, insinuations malveillantes, insultes, déclarations malheureuses, etc.), des frères doivent le demeurer. La politique peut diviser les membres d’une même famille, les dresser les uns contre les autres, mais une telle division ne devrait jamais être définitive, sans appel. La rencontre entre quelques militants du papa-ci et le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) devrait encourager tous les partis de gauche à se retrouver. Ces retrouvailles sont d’autant plus nécessaires que d’importants rendez-vous électoraux approchent à grands pas.
Seule une gauche unie et parlant d’une même voix peut déplacer des montagnes. Je veux parler de la reconquête du pouvoir d’État pour appliquer le programme de gouvernement du Fpi adopté au congrès des 9, 10 et 11 juillet 1999, programme dont les idées phares sont la décentralisation de l’État, la répartition équitable des richesses nationales, l’égalité des chances pour l’école, la souveraineté, l’assurance maladie universelle, l’éthique.
Les Ivoiriens peuvent-ils voir les leaders du Ppa-ci, du Fpi, du Mgc, de l’Usd, du Pit, de Lider, du Cojep et de l’Aird marcher et travailler ensemble ? Ce n’est pas une utopie mais, pour que cela advienne, il faut que lesdits partis le veuillent, qu’ils rangent leurs égos au placard et qu’un individu en prenne l’initiative comme Mélenchon avant les dernières législatives françaises.
Dans l’Europe du XVIe siècle, on accusait les tyrans de dominer et d’opprimer le peuple. Étienne de La Boétie n’était pas de cet avis. Pour lui, ce sont les citoyens qui se dépossèdent eux-mêmes de leur pouvoir, qui se laissent dominer, qui se privent de leur liberté pour la donner aux tyrans (cf. “Le Discours de la servitude volontaire”). Aujourd’hui, rien ne peut se faire dans le pays sans la permission de Dramane Ouattara qui, il ne faut jamais l’oublier, fut autorisé de façon exceptionnelle par Laurent Gbagbo en avril 2005 à ne briguer qu’un mandat présidentiel. Même ceux qu’il a injustement contraint à s’exiler ont besoin d’avoir son feu vert pour revenir dans leur propre pays. On est où là ? Les Ivoiriens peuvent et doivent reprendre l’initiative à condition que la gauche se mette au-dessus de ses petites querelles.
Face à un adversaire qui contrôle à la fois les deniers publics, les forces de l’ordre, l’administration et la commission électorale qu’il refuse de réformer, faire cavalier seul serait non seulement aller au suicide mais montrer peu d’intérêt pour la souffrance et la misère des Ivoiriens.