Soro-guillaume

Guillaumesoro.ci | Monsieur le Président, vous séjournez en ce moment à Berne en Suisse dans le cadre de la 41e Session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Parallèlement à ces assises parlementaires, on vous a également vu enchaîner les rencontres de haut niveau à Vevey, à Genève etc. Quels enseignements peut-on déjà tirer de ce grand rendez-vous des parlementaires du monde francophone ? 

Effectivement, après un séjour privé de quelques semaines à Paris et à Londres, au cours duquel j’ai eu l’occasion de rencontrer mes compatriotes et de vivre avec euxdes moments de partage et de communion fraternelle en ce mois de ramadan, j’aiconduit la délégation de parlementaires ivoiriens à Berne pour prendre part aux travaux de la 41e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Cette rencontre est placée sous le thème : « Encourager l’accès à une formation de qualité pour tous : un défi prioritaire pour la Francophonie ». Vous conviendrez avec moi que l’Education, dans nos jeunes Etats, constitue un facteur clé de succès et le pilier des nations modernes que nous nous attachons à bâtir.

A côté de ce thème central, nous avons planché sur la problématique du réchauffement climatique dont l’acuité n’échappe dorénavant plus à personne. Le continent africain est, autant que les autres, concerné par cette question. N’oublions pas que l’économie de la plupart de nos pays dépend à majorité du secteur agricole,qui subit de manière on ne peut plus visible, les effets du dérèglement climatique et ses corollaires que sont l’avancée de plus en plus rapide du désert, la perturbation des saisons, la pollution de nos grandes villes et la montée inquiétante du niveau de la mer dans les pays ayant une façade maritime. Ceci, bien entendu, pose la question éthique de savoir quelle planète voulons-nous léguer à nos enfants : une planète saine dont nous avons hérité de nos aïeux ou une planète poubelle dans laquelle vivre serait un cauchemar quotidien ?

Parallèlement à ce sommet, j’ai eu de nombreux contacts avec nos partenaires étrangers, au nom de la Côte d’Ivoire, notamment avec la direction générale de la multinationale Nestlé à son siège de Vevey. Je me suis rendu également à Genève où j’ai eu des entretiens fort enrichissants avec le Secrétaire général de l’Union Interparlementaire qui, si vous voulez, est comme l’ONU des parlements.  Ici même à Berne, j’ai reçu le Directeur général de l’Union postale universelle (UPU), avec qui nous avons évoqué l’apport de notre pays au fonctionnement et au rayonnement de ce bel outil de coopération internationale. Et j’ai eu des séances de travail avec mes collègues, Stéphane Rossini et Georges Hêche, les présidents des deux chambres du parlement suisse : le Conseil national et le Conseil des États. Avant la fin de mon séjour, j’ai l’intention de rencontrer mes compatriotes vivant en Suisse pour parler avec eux de la Côte d’Ivoire et de sa renaissance en cours.

Pendant votre absence, une vingtaine de militaires, dont certains officiers qu’on sait très proches de vous, ont été auditionnés par la justice militairepour les évènements liés à la crise post-électorale. On parle même de leur probable inculpation. Vous qui avez été leur chef durant près de 10 ans au sein des Forces nouvelles, quelle est votre réaction face à ce qui est vécu par beaucoup comme un coup de tonnerre dans un ciel calme ?


( Rires… ) Comme vous pouvez l’imaginer, mon téléphone n’a cessé de crépiter….Mais j’ai renoncé aux déclarations dans la presse . En toute circonstance, on se doit de demeurer serein. Par réflexe fraternel, j’ai appelé Chérif, Loss (ndlr : les Lieutenant-colonels Chérif Ousmane, Losseni Fofana), et les autres jeunes officiers. Je peux vous dire et ce, à ma grande satisfaction, ils ont le moral au beau fixe. Ils ont reçu beaucoup d’encouragement et de soutiens de parents, d’amis et ils sont sereins. Moi aussi. 

Récemment, le Pape François a publié un texte consacré à l’écologie, qui a été perçu comme révolutionnaire. Comment la préservation de l’environnement est aujourd’hui perçue par vous les parlementaires, comme un enjeu africain ?

Vous parlez de l’encyclique « Laudato Si » du Pape François consacré aux questions environnementales et à l’écologie humaine. Ce texte, le premier encyclique entièrement rédigé par le Pape et publié à la Pentecôte 2015, nous interpelle sur les problèmes liés à la survie de notre planète, au niveau du climat, de la pollution industrielle et automobile, de la surexploitation des ressources naturelles, de la perte de la biodiversité, de la dégradation sociale, de la baisse de la qualité de vie humaine et des inégalités planétaires de toutes sortes. Ce texte est une interpellation mondiale et une invitation à l’action.

Dans ce cadre, vous le savez sans doute, avant-hier mercredi, le Secrétaire général des Nations unies, Monsieur Ban Ki-moon, s’est rendu dans l’Arctique norvégien au pied du glacier Bloomstrandbreen pour attirer l’attention du monde sur le réchauffement climatique. Des voix de dirigeants  célèbres ont fait écho à celle du Pape pour appeler à mettre fin à l’inaction. Nous parlementaires africains, ne pouvions être en reste.  C’est pourquoi, j’ai pris l’initiative d’impulser, au cours de cette 41e session, la signature d’une Charte pour l’Environnement. Mon idée, est qu’au niveau de chacune de nos  assemblées législatives, nous mettions en place une commission dédiée aux questions du développement durable, de l’écologie et de l’éthique. Cette Charte, en attendant que les autres présidents de parlement nous rejoignent, a été signée par les présidents Moustapha Niasse du Sénégal, Haroun Kabadi du Tchad et moi-même de la Côte d’Ivoire. Nous avons aussi convenu d’une réunion annuelle des présidents de tous les parlements africains pour un sommet destiné à faire le point des progrès accomplis par chaque pays pour la défense de l’environnement commun. C’était notre réponse à cet appel historique lancé par sa sainteté le pape François. 

Interview réalisée par TOURE Moussa

Le titre est de la Rédaction