Entretien radio exclusif du président du PDCI-RDA et ancien président ivoirien Henri Konan Bédié dans sa résidence de Daoukro. Le président Bédié tenait à mettre les choses au clair après l’accord politique signé entre les six partis de la majorité présidentielle en début de semaine. Accord qui annonce la création future d’un parti unifié intitulé Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et que tous n’apprécient pas au sein du PDCI. Beaucoup craignent la disparition du parti historique fondé par Félix Houphouët-Boigny et aussi que le prochain candidat à la présidentielle de 2020 ne soit pas issu de leur rang au nom de l’alternance entre alliés politique PDCI/RDR. Henri Konan Bédié se veut rassurant. Il répond à notre correspondant permanent en Côte d’Ivoire, Frédéric Garat.
RFI : Vous avez signé et cosigné au nom du PDCI-RDA deux communiqués, les 5 et 10 avril dernier, concernant un acte politique posé pour la création du RHDP. Est-ce que cela signifie que pour les prochaines élections de 2020 ou même peut-être avant, pour les prochaines municipales, il n’y aura plus de PDCI-RDA en Côte d’Ivoire ?
Henri Konan Bédié : Pas du tout. Il y aura toujours, aujourd’hui, demain et après-demain, un PDCI-RDA, car le document que nous avons signé ne fait nullement allusion à la disparition du PDCI-RDA. Le PDCI-RDA auquel je souhaite une longue et longue vie.
Vous avez dit aujourd’hui qu’il va y avoir des négociations entre les six partis membres du RDHP pour qu’un candidat PDCI-RDA soit désigné pour l’élection de 2020. Est-ce que cela veut dire que, si vous n’obtenez pas cet accord des cinq autres partis, le PDCI-RDA se retirerait du RHDP dans la perspective de 2020 ?
Non, je n’ai pas dit cela. J’ai dit que nous sommes en discussion. Du moins le PDCI est en discussion avec ses alliés, parce qu’il présentera un candidat en 2020. Et compte tenu de ce que ce parti, par deux fois, a soutenu le candidat du RDR pour en faire le candidat unique du RHDP, nous souhaitons un soutien de leur part en 2020. J’ai dit que cela était en discussion entre nos alliés et nous. Les deux poids lourds qui conduisent la politique du pays savent toujours s’entendre.
Si les discussions n’aboutissent pas en faveur de ce que vous souhaitez qu’est-ce qui se passera ?
Nous appliquerons la démocratie. Mais chacun se présente et nous allons aux élections.
Ces discussions qu’il y a en ce moment à propos du RHDP posent beaucoup de problèmes ou de troubles au sein même de votre parti. On entend des cadres du PDCI-RDA, votre secrétaire exécutif, votre porte-parole adjoint, dire certaines choses et un autre porte-parole dire des choses un peu antagonistes. Comment expliquez-vous ces dissonances au sein même de votre parti par rapport au RHDP ?
Ce sont des opinions qu’on exprime de part et d’autre. Mais en ce qui concerne le président du PDCI-RDA, il a fixé un cap. C’est de travailler sur le terrain pour que le candidat du PDCI obtienne la majorité en 2020.
Est-ce que cela veut dire qu’il faut faire silence dans les rangs ? Que l’on doit suivre ce que dit le président ?
Mais naturellement. Dans un parti, il faut suivre la discipline et respecter ce que dit le président du parti.
Selon vous, quel est le profil d’un bon candidat PDCI-RDA pour la perspective des élections de 2020 ? Quel est le profil que vous fixeriez par rapport à un candidat PDCI-RDA pour 2020 ?
Le profil, c’est qu’il soit le meilleur de tous les candidats.
C’est-à-dire ? Quelles seraient ses qualités principales ? Est-ce qu’il faut qu’il soit ministre ou chef du gouvernement ?
Non, je crois que ça suffit. C’est clair, ce que j’ai dit. Il faut qu’il soit le meilleur de tous les candidats.
Au titre de l’alternance, vous pourriez, constitutionnellement parlant, être vous-même parfaitement candidat ? Vous pourriez imaginer un ticket Konan Bédié président candidat et Alassane Ouattara vice-président candidat ? Est-ce que c’est envisageable, une solution comme celle-là, si rien ne s’y oppose ?
Non, cette hypothèse n’est pas encore envisagée par Alassane et moi-même.
Mais c’est possible ? Ce serait une possibilité ?
Une possibilité… Je n’ai pas dit cela.
Cela permettrait, peut-être, de calmer tout le monde dans les rangs du PDCI et du RDR
Mais tout le monde sera calme…
Au titre de cette alternance, depuis quatre ans, l’opposition est inexistante dans le pays, l’opposition du FPI. Electoralement parlant, ne se présente pas ou peu, ou ils ont de mauvais résultats quand ils se présentent aux législatives. Est-ce que, de ce fait là, vous êtes obligé, vous, en tant que représentant du PDCI,de vous associer forcément avec le RDR ? Est-ce que vous ne pourriez pas, finalement, compte tenu de la faiblesse de l’opposition en face, aller seul aux présidentielles de 2020 ?
Notre alliance avec le RDR date de 2005. Ce n’est pas d’aujourd’hui. Donc, nous n’envisageons pas cette alliance au fait que l’opposition existe ou n’existe pas. Il faut s’en tenir au texte que nous venons de signer. L’accord politique et ce qu’il contient. Et rien de plus.